Les répercussions de la guerre en Ukraine sur le secteur énergétique mondial ont remis au premier plan le dossier du pétrole et du gaz liquéfié au Yémen, après plusieurs signes de l'intérêt des Etats-Unis et de l'Europe à relancer les exportations du pays, suspendues depuis près de huit ans en raison des conflits. La guerre au Yémen a stoppé l'exportation de pétrole et de gaz liquéfié, qui est considéré comme l'épine dorsale de l'économie. Elle a déclenché des crises économiques et humaines successives qui ont conduit à la plus grande crise humanitaire au monde, selon le classement des Nations unies.
Des sources yéménites ont confié à Al-Arabi Al-Jadeed que le gouvernement démissionnaire de Mansour Hadi porte une attention particulière aux messages des pays occidentaux concernant le dossier du pétrole, car sur fond de crise économique, il a un besoin urgent de ressources financières et doit fournir des réserves de charge à la banque centrale du pays et achever la rédaction du budget de cette année, qui fait face à de nombreuses difficultés en raison de la crise financière.
Wajeeh al-Salahi, expert du Centre national de recherche pétrolière, a déclaré à Al-Arabi Al-Jadeed : « Le gouvernement yéménite démissionnaire prend au sérieux la question de la relance des exportations de pétrole et de gaz, sans regarder les politiques internationales actuelles, la polarisation et les conflits qui ont résulté de la guerre en cours en Ukraine, et la réticence des pays influents sur le marché mondial de l'énergie à augmenter leur production de pétrole pour couvrir le déficit subi par les marchés internationaux après de strictes sanctions occidentales contre la Russie, y compris l'embargo de Washington sur le pétrole russe. »
En effet, la visite de Tim Linder King, envoyé spécial des Etats-Unis pour le Yémen, et de Cathy Westley, chargée d’affaires de l’ambassade américaine au Yémen, en mars dernier dans les trois provinces pétrolifères de l’Hadramaout à l’est, Shabwa et al-Mahra au sud, a soulevé des questions sur l’objectif principal de ces derniers.
A la suite de cette visite, le département d’Etat américain a annoncé dans un communiqué que dans le cadre de ce voyage, les besoins de ces provinces et les efforts destinés à renforcer les services de base et les opportunités économiques, sur fond de défis dus au terrorisme et à la contrebande, ont été examinés.
Selon des rapports économiques, le Yémen possède d'importantes réserves de pétrole qui représentent 34 % des réserves mondiales de pétrole. En outre, le plus grand gisement de pétrole du monde est situé à la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite, de sorte qu'une partie de ce gisement se trouve à une profondeur de 1 800 mètres de l’Arabie saoudite.
Xavier Dupret, économiste et analyste politique, et Pierre Dortiguier, politologue, s'expriment sur le sujet.