Après que les diplomates iraniens eurent insisté sur les revendications légitimes du pays en rejetant le paquet d’offres déraisonnable des Occidentaux, le président français Emmanuel Macron, dont le pays assume actuellement la présidence par rotation du Conseil de l’Union européenne, a eu en entretien téléphonique avec son homologue iranien Ibrahim Raïssi, manière de demander à la partie iranienne de mettre un bémol dans ses revendications d’ailleurs raisonnables lors des négociations. Le site Web de l’Élysée a écrit que M. Macron a demandé à son homologue iranien d’agir dans le sens d’accélérer le processus des pourparlers à Vienne.
La réponse du président Raïssi à l’étrange demande du « Mauvais flic » des négociations a été négative. C’est avec une fermeté impressionnante qu’Ebrahim Raïssi, au cours de ce long entretien téléphonique, a reproché à l’Occident son approche politique maximaliste au cours des vingt dernières années, mettant en garde contre les complots du régime sioniste, mais aussi contre les conséquences d’un suivisme aveugle aux politiques israéliennes.
Cette réponse a évidemment déplu au M. Macron, à tel point que le ministère français des Affaires étrangères a préféré ne pas publier des informations complémentaires sur les détails de la conversation téléphonique des deux chefs d’État.
Le Non de Raïssi à Macron est le signe que les Américains vont devoir parcourir un plus long chemin afin de pouvoir revenir à la table des négociations sur l’accord nucléaire. « Les Occidentaux ont beau essayer de “formater” comme ils veulent les négociations en évoquant des questions telles que l’échange des prisonniers ou divers dossiers régionaux, dans l’espoir d’en faire sortir des résultats escomptés ; le “format” des négociations est notre dernier souci en Iran », écrit le site d’information et d’analyse politique Mashregh News.
Peu importe que le président Biden des États-Unis ait besoin, pour embellir son bilan politique, de se faire une jolie vitrine basée à la fois sur ce qui sort de la salle des négociations à Vienne et la façon dont sont formatés les pourparlers ; l’approche de la RII concernant le marathon de négociations repose uniquement sur leur issue. Pour les Occidentaux, c’est la forme des pourparlers qui compte ; pour les Iraniens, c’est absolument l’objectif des pourparlers qui compte.
M. Macron est censé connaître entièrement les points de vue de Téhéran. Il suffit que la partie iranienne réalise à n’importe quel moment des négociations que les pourparlers de Vienne ne correspondent pas aux objectifs envisagés ; elle annoncera au camp d’en face la fin des négociations sans aucun compliment diplomatique !
Toujours est-il que lors de l’entretien avec Raïssi, Macron a essayé de pêcher en eau trouble, en demandant la remise à la liberté de quelques espions européens en Iran. Or, Paris ne serait pas pour l’instant bien placé pour imposer des préalables à un document à l’horizon toujours assez ambigu. De la même manière que le règlement de certaines questions d’ordre politique liées à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) compte pour les négociateurs occidentaux à Vienne, l’Iran aussi insiste à dire que certaines « impasses politiques » liées au Groupe d’action financière (GAFI) [FATF en anglais] doivent être réglées. La déclaration finale de la future réunion du Gafi à Paris devra retirer le nom de l’Iran de la soi-disant liste « à haut risque » ; sinon, aucun accord à l’avenir ne garantira que l’Iran puisse pleinement profiter des avantages prévus l’article 29 de l’accord de 2015.