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La Turquie ne quittera la Syrie que de force

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats turcs en Syrie. ©Reuters/Archives

Malgré tous les développements importants survenus sur la scène régionale et les changements apparus dans la politique extérieure de la Turquie, les événements en cours disent que l’approche du président turc vis-à-vis de la Syrie reste la même.

On ne sait pas encore ce qui s’est passé entre les diplomates russes et turcs lors de la récente réunion de l’initiative d’Astana, mais ce qui est évident, c’est que la politique interventionniste du gouvernement turc reste la même en ce qui concerne le dossier syrien. On sait pourtant qu’après cette réunion tenue à Nur-Sultan, capitale du Kazakhstan, le représentant spécial du chef d’État russe, Alexander Lavrentiev, a dit aux journalistes que « les diplomates turcs nous ont informés du retrait bientôt de leurs forces militaires du territoire syrien ».

Notons qu’au 17e round des négociations de paix à Nur-Sultan, Lavrentiev, représentant spécial de la Russie pour les affaires syriennes, n’était pas quiconque, mais le chef de la délégation russe au Kazakhstan.  24 heures après les déclarations du représentant russe, Ankara a réagi d’une manière assez étrange : la diplomatie turque n’a publié aucun communiqué officiel pour démentir les propos du représentant russe. Elle n’a même pas confié la tâche à un porte-parole du ministère et qui plus est le chef de la délégation turque à Nur-Sultan n’a rien prononcé à ce sujet. Seul le journal Hürriyet, proche d’Erdogan, a dit qu’un « responsable du ministère des Affaires étrangères » l’a contacté pour démentir les déclarations de Lavrentiev.

Mais pourquoi ? Pour ces deux raisons  :

  • La Turquie préfère de se mettre, en apparence, du côté de l’Iran et de la Russie en ce qui concerne le dossier syrien et jouer, dans les coulisses, son rôle interventionniste.
  • Le gouvernement d’Erdogan qui sait bien qu’insister sur ses anciens objectifs et politiques vis-à-vis de la Syrie lui coûtera cher, aurait décidé donc de tuer le temps au lieu de prendre une position ferme et claire.

Quoi qu’il en soit, « ce responsable du ministère des Affaires étrangères » a dit à Hürriyet qu’il n’était pas question d’un retrait des militaires de la Syrie à moins que de nouveaux développements aient lieu pour concrétiser ces quatre conditions :   

  • Toutes les parties concernées en Syrie s’accordent sur la nouvelle Constitution syrienne et que tous leurs droits soient garantis ;
  • Un ordre électoral est formé auquel toutes les couches confondues de la Syrie peuvent participer ;
  • Un gouvernement légal est formé après les élections ;
  • Toutes les organisations terroristes anti intégrité territoriale de la Turquie, soient éradiquées par le gouvernement légal syrien.

Or, toutes ces conditions ne sont que des prétextes dans la mesure où elles ne sont pas réalisables.

On voit bien qu’en dépit de tous les développements survenus sur la scène régionale et les changements de position constatés dans la politique extérieure de la Turquie, l’approche d’Erdogan vis-à-vis de la Syrie n’est absolument pas changée.

La Turquie a pris cette année de nombreuses mesures pour redorer son blason sur la scène régionale. La plupart de ces mesures témoignent d’un changement de cap, voire d’un recul intégral de la part d’Erdogan, en dépit de vives critiques de la part des opposants :

  • Des efforts pour normaliser avec le régime sioniste ;
  • Interrompre le soutien aux Frères musulmans en Égypte et essayer de normaliser avec Le Caire ;
  • Inviter le prince héritier d’Abou Dhabi à visiter la Turquie ;
  • Essayer de normaliser avec l’Arabie saoudite d’une part et avec l’Arménie de l’autre.

Nombreux sont les diplomates et analystes turcs qui sont convaincus que les décisions « erronées » d’Erdogan ont coûté très cher au peuple turc : des dizaines de milliards de dollars ont été dépensés pour armer et organiser de plus de 10 000 miliciens anti-Assad et pour intervenir dans les affaires intérieures syriennes sans rien apporter à la Turquie que problèmes sociaux et économiques, compliquant en même temps et de plus en plus la crise en Syrie.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV