Les développements et les révolutions arabes de 2011 ont ouvert la voie à des changements fondamentaux dans de nombreux pays arabes. En Égypte, en Tunisie, au Yémen et à Bahreïn, les gens ont appelé à des changements fondamentaux au niveau de l’ordre au pouvoir. Ces révolutions, bien qu’elles n’aient pas abouti à des résultats conformes à la volonté des nations, ont balisé le terrain à la mise en œuvre de certains projets dans le monde musulman. Plus de détails, avec l’analyste iranien Mohammad Reza Moradi qui évoque le sujet dans un article publié par Mehr News.
La Syrie et l’Irak étaient parmi les pays à avoir connu le plus d’instabilité et d’insécurité en raison de la présence de groupes terroristes. Plus d’une fois, plus d’un média a rapporté que sans l’appui des pays occidentaux, le groupe terroriste Daech n’aurait pas pu émerger en Syrie et en Irak.
L’occupation de diverses parties de la Syrie par le groupe terroriste Daech a conduit à la création de la soi-disant coalition anti-Daech dirigée par les États-Unis. La coalition a ouvert la voie à une présence militaire américaine dans le nord et l’est de la Syrie.
Quel est le vrai objectif que les Américains comptent atteindre à travers leurs multiples bases militaires sur le territoire syrien ?
Les États-Unis disposent actuellement de 28 bases dont 24 bases militaires en Syrie. Selon les médias, plus de 2 000 soldats américains sont stationnés dans ces bases sous prétexte de soutenir les soi-disant Forces démocratiques syriennes (FDS) et d’empêcher le retour de Daech. Ces forces sont réparties entre les provinces de Deir ez-Zor et de Hassaké. Les bases militaires américaines sont répandues le long de la rive Est de l’Euphrate, depuis le sud-est de la Syrie près du poste-frontière d’al-Tanf, en direction du nord-est et les zones situées près des champs pétrolifères de Ramilan, et généralement dans les provinces de Hassaké et de Deir ez-Zor.
Ces 28 bases sont les centres les plus importants de la présence américaine en Syrie. À travers ces bases, Washington cherche à bloquer les puits de pétrole et de gaz de la Syrie et à empêcher les forces de résistance syriennes d’unir leurs forces. Il va sans dire que les États-Unis poursuivent en Syrie une approche dont ils espèrent qu’elle permette de stabiliser leur présence dans ce pays, notamment dans la région du nord-est, où se trouvent les bases américaines les plus importantes.
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Les États-Unis ont annoncé avoir l’intention de combattre Daech et de soutenir les forces kurdes syriennes, mais dans le contexte actuel de la fin de la souveraineté territoriale de Daech en Syrie, rien ne justifie le maintien de la présence américaine en Syrie ; ce qui veut dire que l’objectif des États-Unis en Syrie n’est pas de combattre Daech, mais de mettre en œuvre un autre plan.
De nombreux médias ont rapporté que les États-Unis avaient installé ces bases dans le but de piller les ressources pétrolières de la Syrie. Bien que cette analyse soit vraisemblable, la stratégie majeure de Washington en Syrie ne doit pas être négligée. Il est simpliste de croire que les Américains sont en Syrie uniquement pour maintenir une mainmise sur les ressources d’hydrocarbure.
Pour faire perdurer leur rôle en Syrie de l’après-Daech, les États-Unis ont besoin de forces en qui ils puissent faire confiance. Dans le contexte actuel, la stratégie américaine consistant à soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS) a donc pour but de garantir un rôle pour les Américains dans le sens de retracer l’avenir de la Syrie.
L’ancienne administration américaine pensait que la Syrie et les zones sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes seraient la dernière zone sûre et fiable pour les forces américaines étant sous pression pour quitter le pays. La province de Hassaké est en réalité la base militaire américaine la plus importante en Syrie, et la plupart des bases militaires sont situées dans les zones qui recèlent les gisements de pétrole et de gaz et les positions des FDS.
C’est pourquoi les raisons de l'existence de 28 bases américaines en Syrie ne devraient pas être réduites à l’existence des ressources pétrolières, qui reste pourtant une raison suffisamment motivante notamment dans la région du nord-est.
Les États-Unis recherchent une présence à long terme en Syrie ; ils ne tolèrent pas facilement que l’avenir de la Syrie se retrace sans leur rôle et influence. C’est d’ailleurs la quintessence de la stratégie américaine dans la région. L’Irak n'est plus un endroit sûr et fiable pour les États-Unis, car avec l’assassinat du général Soleimani et Abou Mahdi al-Mohandes et l’intensification des pressions pour retirer les troupes américaines d’Irak, un autre endroit sûr doit être créé pour les forces américaines. Le nord et l’est de la Syrie sont le lieu sûr que les États-Unis tentent de transformer en un bastion idéal d’où ils comptent poursuivre leurs projets régionaux, notamment en Irak et en Syrie.