"Qui veut vous aider en cas de guerre, Forces libanaises ? Israël qui se tient encore sur un seul pied sur les frontières du sud, ou les Américains en débandade en Afghanistan, ou les Saoud enlisés au Yémen ? Les Libanais ne peuvent que compter sur les Libanais." Dans un discours ce lundi 18 août, le secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, a évoqué plusieurs importantes questions régionales et internationales.
Seyyed Hassan Nasrallah a tenu à présenter ses condoléances aux familles des victimes du récent attentat terroriste de Kandahar en Afghanistan, et du crime survenu jeudi dernier dans le quartier de Tayouné à Beyrouth.
À ce sujet, Nasrallah a dénoncé « le parti qui cherche en permanence à faire passer les habitants [chiites] du sud de Beyrouth pour les ennemis des chrétiens de Liban ». « Les Forces libanaises [Quwat al-lubnania de Samir Geagea] veulent inventer un ennemi fictif, pour ainsi se faire passer pour l’unique défenseur des chrétiens libanais », a noté le secrétaire général du Hezbollah avant de poursuivre que ce parti, à travers ces slogans, cherche à réaliser des objectifs qui sont dans l’intérêt de certaines puissances étrangères ainsi qu' à assurer les intérêts de ces mêmes pays à l’intérieur du Liban.
D’après le secrétaire général du Hezbollah, ce parti (FL) est même prêt à se lancer dans une guerre civile en bonne et due forme au Liban, tant que cela assure ses intérêts sur le plan international. Ainsi, a-t-il averti contre le vrai plan du parti FL de Geagea : "Lancer la guerre civile pour modifier le tissu démographique du Liban". Pour rafraîchir la mémoire des Libanais, Nasrallah a rappelé qu’en 2017, c’était ce même parti FL qui a annoncé sa disponibilité à lancer une guerre civile, à l’ancien ministre délégué des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, Thamer al-Sabhan. "Le FL a même abandonné son allié Saad Hariri lorsqu’il était détenu en Arabie saoudite", a fait remarquer Nasrallah. "Le parti FL est une couverture pour [les terroristes] du Front al-Nosra et des takfiristes au Liban et en Syrie", a souligné Seyyed Hassan Nasrallah.
Il a également rappelé que le Hezbollah a protégé auparavant les chrétiens et les musulmans face à la menace de Daech et d’al-Nosra, "alors que le FL représente lui-même la plus grande menace pour les chrétiens".
"Nous n’avons jamais auparavant mentionné ou riposté à ce parti (les Forces Libanaises) malgré les insultes qui nous ont été adressées. Ce parti a tant tenté de créer un ennemi pour faire passer son projet, il a choisi le Hezbollah vu qu’il est visé par les pays étrangers. Bien que les martyres tombés jeudi appartiennent au Hezbollah et au mouvement Amal, le chef des FL s’est concentré sur le Hezbollah."
Nasrallah a rappelé qu’en 2017, les FL ont affiché leur disponibilité à l’ancien ministre saoudien Thamer El-Sabhane pour entrer en guerre civile, que les «FL» ont assuré la couverture au Front al-Nosra et aux takfiristes au Liban et en Syrie, que le chef des FL a trahi son allié Saad Hariri lors de son arrestation en Arabie Saoudite. Le chef des FL a aussi incité certains anciens alliés quelques mois avant pour confronter le Hezbollah. Les responsables des FL ont avoué dans leurs déclarations être une milice armée. Les déclarations des FL et de leur chef sur les événements de jeudi, parlant d’un «mini 7 mai» constituent une revendication complète du massacre.
Et d'interloquer le chef des Forces libanaises : "Si tu veux vraiment la guerre, écoute-moi bien donc et fais ensuite tes calcules. Je ne veux pas révéler tout ce que possède le Hezbollah, ne veux pas tout dire de ses capacités, de ses partisans, mais je te dis une chose et c'est la première fois que je le dis pour éviter justement la guerre civile : tout le monde me connaît et tout le monde sait que je ne mens jamais. Le Hezbollah à lui seul ( sans compter ses partisans, NDLR) compte plus de 100 000 combattants. Où tu veux mener le pays ? 100 mille combattants équipés de toute sorte d'armes. Ces armes on ne les a pas préparées pour la guerre civile, mais pour protéger le Liban face aux ennemis, pour défendre le pétrole, le gaz et les ressources naturelles libanaises. Ces armes on les a préparées pour protéger les chrétiens, les musulmans et non pas déclencher une guerre inter libanaise. Jamais on les a utilisées à cette fin et jamais, on les utilisera en ce sens. On a tué nos combattants à Khalda, mais le Hezbollah a choisi le silence. Nous avons été ciblés jeudi dernier, mais nous avons avalé les couleuvres puisque le Hezbollah ne veut pas de guerre civile. Je dis au chef des FL de se comporter sagement, de revoir ses calculs, de ne pas commettre d'erreur, de nous parler poliment, de tirer les leçons de toutes les guerres qu'il a déclenchées et de tirer aussi les leçons de toutes les guerres que nous avons menées."
Et ces tirs ont poussé nos jeunes à s'armer et à se défendre ensuite et là il faut absolument une enquête. Une enquête rapide immédiate qui ne dure pas des semaines ou des mois. On veut que les auteurs du crime de Tayouné comparaissent devant la justice et qu'ils soient jugés et condamnés. Un autre point c'est cette vidéo qui met visiblement en scène un soldat libanais tirant sur la foule de manifestants. Le commandement de l'armée a aussitôt réagi et a affirmé dans son communiqué avoir arrêté ce soldat. Et bien que la lumière soit faite sur cette affaire : il faut voir si ce soldat a agi seul ou s'il a pris des ordres ailleurs. Le communiqué de l'armée dit qu'il a été interrogé. Nous nous en réjouissons, car il faut une armée au Liban. Il faut une armée forte qui préserve les intérêts du Liban. Car l'armée libanaise est le garant de la sécurité libanaise. J'appelle tous les Libanais à éviter de conduire à ce que les Américains veulent depuis des années. Ils veulent une guerre entre le Hezbollah et l'armée, propre à déclencher une guerre civile. C'est le plan des USA et d'Israël. On veut le procès de ce soldat de façon à ce qu'il n'y ait aucune tension entre l'armée et le Hezbollah. Car l'armée libanaise est un des trois piliers de la sécurité libanaise.
Et de mettre en garde : "Ceci dit le Hezbollah ne renoncera jamais au sang de ses martyres et si la justice se met à se jouer de notre patience, nous allons réagir."
La dernière partie du discours a été l'occasion pour Nasrallah d'évoquer les ingérences étrangères dans ce dossier : "Concernant le dossier de l'explosion au port de Beyrouth, ma question est la suivante : pourquoi plus d'un an après cet incident, le rapport technique des enquêteurs n'est toujours pas publié ? La chaîne MTV nous a sorti un témoin, que Dieu le soigne comme quoi le Hezbollah n’aurait pas eu d’entrepôt pour stocker le nitrate d'ammonium. Mais est-ce vraiment rationnel de sortir ce genre de balivernes, sans preuve ni document ? ... Un Hezbollah qu'on dit être en possession de 250 000 missiles ne pourrait pas se procurer des entrepôts pour déposer du nitrate? Une chose est sûre, Américains et Français font de la pression pour que le juge de ce dossier ne change pas."
Et de conclure: "Ceux qui ont péri à Tayouné sont eux aussi des martyres de la Résistance, car ils ont été tués pour rendre service à la nation comme ces milliers d'autres de nos martyres qui ont été tués pour que la foi et la justice divine règnent, pour que le peuple libanais recouvre ses droits. Le Hezbollah accepte sa responsabilité nationale et rallie sa voix à celle des familles des martyres et patiente pour la paix et la sécurité au Liban. Ces martyrs-là sont exactement comme ceux de nos martyrs qui ont péri dans la guerre contre les Sionistes et les Takfiristes, car notre vrai objectif ne devrait pas se perdre. L'ennemi veut la guerre civile. Non pas seulement au Liban, mais aussi ailleurs. Israël sait que la guerre contre le Hezbollah est infiniment coûteuse, plus de 2 000 missiles par jour s'abattront sur Israël et là je cite l'ennemi. Nos partisans devront bien écouter ces propos. C'est mon devoir de secrétaire général du Hezbollah et celui de nos Frères d'Amal que de patienter, mais il faut aussi que ce terrain du conflit Chrétiens-Musulmans miné par Israël soit déminé et au plus vite.
