Le carnage anti-chiite commis à deux reprises ces deux derniers vendredis a Kunduz et à Kandahar avec un horrible bilan des dizaines voire des centaines de morts puisque la mosquée d’al Fatemiya comptait au moment de l’attaque près de 5000 fidèles pose d’emblée une double question : que cherchent-ils à atteindre les tireurs de ficelles de Daech-k (de Khorassan) soit les Américains qui viennent tout juste de rencontrer à Doha les talibans ?
L’Afghanistan était épargné des guerres et des conflits à caractère sectaire et entre chiites et sunnites en particulier, pendant plus de vingt ans, sauf rarement. Il est clair que la double tuerie de Kunduz et de Kandhar vise à définitivement changer la donne.
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Dans quel sens ? La première cible est évidemment l’Iran qui ne peut par principe rester les bras croisés à assister au massacre des chiites afghans et que les USA tentent d’impliquer par tous les moyens possibles et imaginables dans un conflit à l’issu incertain et potentiellement dévastateur, car l’Iran partage une frontière de 900 km avec l’Afghanistan et que cette vague de massacre anti-chiite provoquera à coup sûr un exode à caractère confessionnel vers les frontières iraniennes. Mais l’Iran n’est qu’une des trois cibles de ce scénario particulièrement diabolique signé CIA et comparses. Lors d’une conférence avec les membres de la CEI le président Poutine a averti contre ces milliers de terroristes venus d’Irak et de Syrie et qui massés dans le nord du pays cherchent à forcer les frontières de l’Asie centrale. Et bien la Russie n’a pas tort.
En effet, l’administration Biden projette de mettre en œuvre le modèle syrien de chaos et de division en Afghanistan afin d’en faire une rampe de lancement pour déstabiliser autant l’Iran que la Russie ou encore la Chine, Daech-k comptant des Ouïghours dans leurs rangs Ouïghours qui vivent d’ailleurs en Chine à la frontalière de l’Afghanistan.
Disons que le groupe Daech-Khorasan vient de s’installer dans la région montagneuse de Tora Bora, près de la frontière afghano-chinoise ce qui tire la sonnette d’alarme à l’adresse de Pékin.
Mais ce projet américain de sédition en Afghanistan a-t-il une quelconque chance de réussir ? Vu l’antécédent syrien et irakien plus d’un analyste en prévoit l’échec dans la mesure où en Syrie le coup américain a fini par donner naissance à un duo Russie-Resistance. En Afghanistan ce duo se fera rallier par la Chine. D’ailleurs l’adhésion de l’Iran comme membre à part entière à l’OCS en facilite le procédé. Disons que l’OSC a depuis toujours souffert de ses divisions dues à son aspect uniquement économique. Une cause militaire comme celle de la lutte contre Daech-K en Afghanistan pourrait en changer totalement la face pour lui donner une dimension militaire. Et ce sera là le grand apport de la Résistance à cette organisation qui se posera en alternative contre l’OTAN. Cela coûtera ce qu’il en coûtera, mais le prix d’une désamericanisation de l’Asie de l’Ouest et partant de l’Asie centrale.
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D’ailleurs d’ores et déjà l’idée dune réorganisation des chiites non pas contre, mais aux côtés des talibans effleurent certains esprits au sein de la Resistance : le mouvement des Brigades de Seyyed al-Shuhada, affilié aux Hachd al-Chaabi d’Irak, a proposé la reproduction de l’expérience des Hachd en Afghanistan.
Abou Ala al-Welaï, secrétaire général des Brigades de Seyyed al-Shuhada, a écrit sur son compte Twitter : « Le terrorisme a visé, une fois de plus, les chiites du sud de l’Afghanistan (…). Il sera inutile d’émettre des communiqués, l’un après l’autre, pour dénoncer ce bain de sang. Là, nous avons une expérience réussie ; nous conseillons aux Afghans de se réorganiser, d’élever leur niveau de vigilance et de reproduire cette expérience des Hachd al-Chaabi. ».