Dans son édition du 28 septembre, la revue américaine Foreign Policy a fait paraître une analyse qui conclut que la politique de pression maximale des États-Unis n’a pas eu l’effet escompté sur l’Iran.
Les États-Unis et Israël craignent que « l’effet Afghanistan » ne permette à Téhéran de poursuivre secrètement sa capacité nucléaire.
« Les Iraniens n’ont clairement plus peur de nous », a déclaré Dennis Ross, ancien conseiller spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient. « Cela signifie en soi que nous n’avons vraiment pas le niveau de dissuasion dont nous avons besoin, que ce soit sur la question nucléaire ou dans la région. »
Ross et d’autres anciens responsables de l’administration américaine ont décrit ce phénomène comme un renversement ironique de la campagne de pression internationale sur l’Iran qui a prévalu avant que l’ancien président américain Donald Trump ne se retire de l’accord nucléaire de 2015.
En vertu de cet accord, Téhéran a accepté de freiner l’enrichissement d’uranium et de se soumettre aux inspections de l’ONU en échange d’un allègement des sanctions.
« L’Iran a maintenant adopté une sorte d’approche de pression maximale sur les États-Unis. C’est [adopter] une approche trumpienne envers nous, dans l’espoir que nous céderons », a déclaré Ross.
La revue rappelle qu’en 2018, avec le « soutien enthousiaste » du Premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu, Donald Trump s’est retiré de ce qu’il a qualifié d’« horrible » accord – le Plan d’action global conjoint (JCPOA) ou l’accord nucléaire. Il a ensuite instauré une « pression maximale » comprenant une série de nouvelles sanctions, pour ramener Téhéran à la table des négociations. Cet effort a complètement échoué et Netanyahu s’est trompé en pariant que l’Iran s’effondrerait sous la pression des sanctions ou que Trump serait contraint d’attaquer militairement l’Iran.
Pour en savoir plus : Échec de la pression maximale
Ingérence des États-Unis en Asie de l’Ouest
Lundi 27 septembre, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan s’est rendu en Arabie saoudite pour aborder la guerre en cours au Yémen, signalant que Washington avait l’intention de rester engagé dans la région.
Que Téhéran parvienne ou non à fabriquer une arme nucléaire, le plus grand souci est que, un peu comme le Japon, il disposera du savoir-faire et de l’uranium enrichi pour en fabriquer une très rapidement, note Foreign Policy. Même ce résultat, connu sous le nom de « statut de seuil », modifierait considérablement l’équilibre des forces dans la région.
Malgré les déclarations régulières du Leader iranien Ali Khamenei selon lesquelles l’Iran ne cherche pas à se doter d’une arme nucléaire, de nombreux experts pensent que le statut de seuil est le moins qu’il puisse accepter.
L’Iran n’est pas la priorité des États-Unis
Mais les Israéliens, comme les Saoudiens et d’autres alliés des États-Unis comme les Émirats arabes unis, sont profondément inquiets de ne pas obtenir beaucoup plus que des paroles d’assurance de Washington. « Il y a beaucoup d’inquiétude sur ce qui s’est passé en Afghanistan, et il est assez clair pour les Israéliens que les priorités de l’Amérique sont désormais la Chine, le COVID et le climat. L’Iran ne fait pas partie des trois premiers », a déclaré Amos Harel, chroniqueur sur la sécurité nationale au journal israélien Haaretz.
« Et malgré la rhétorique dure de Netanyahu, il n’a pas complètement préparé l’armée israélienne à une attaque contre l’Iran », a-t-il poursuivi. En conséquence, les experts israéliens en sécurité discutent à la hâte de nouvelles options, y compris des efforts de sabotage supplémentaires comme l’assassinat de scientifiques nucléaires iraniens. Dans une chronique publiée plus tôt ce mois-ci dans un autre journal israélien, Yedioth Ahronoth, l’ancien Premier ministre israélien et ministre de la Défense Ehud Barak a déclaré qu’Israël doit tenir compte de la réalité stratégique selon laquelle l’Iran est peut-être déjà un « État seuil ».
La confiance retrouvée de l’Iran
La confiance retrouvée de l’Iran est également renforcée par le sentiment que de grandes nations qui ont rejoint l’alliance dirigée par les États-Unis s’en retirent. C’est notamment le cas de la Chine, qui a indiqué qu’elle était prête à renouer avec Téhéran, après avoir repris ses achats de pétrole iranien. Téhéran a également recommencé à envoyer du carburant à ses alliés du Hezbollah au Liban via la Syrie déchirée par la guerre. Et au cours des derniers jours seulement, Pékin a accédé à la demande de Téhéran de rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une alliance eurasienne dominée par la Chine et la Russie qui comprend également l’Inde, le Pakistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.