Préoccupés par les menaces contre la vente des systèmes antimissiles Patriot et de chasseurs, les Etats-unis ont sévèrement mis en garde tous ses partenaires et alliés contre l'établissement de liens militaires avec la Russie.
Suite à la signature de l’accord militaire entre l'Arabie saoudite et la Russie, le département d'État américain a mis en garde tous ses partenaires, prédisant qu’il s'agit d'une violation de l'article 231 de la loi américaine sur les ennemis, et les contrevenants seront inscrits sur la liste des sanctions, d’après Al-Quds Al-Arabi.
Nous avons connaissance des informations selon lesquelles un accord de coopération militaire a été signé entre l'Arabie saoudite et la Fédération de Russie, mais les États-Unis et l'Arabie saoudite continuent de nouer une coopération sécuritaire étroite et durable”, a déclaré le porte-parole du département d’État.
"Nous continuons d'avoir des discussions régulières avec nos partenaires saoudiens pour renforcer notre engagement à aider à défendre le royaume d'Arabie saoudite", a affirmé le responsable américain.
Le vice-ministre saoudien de la Défense, Khaled ben Salman, a récemment confirmé que Riyad et Moscou avaient signé un accord visant à développer des domaines de coopération militaire conjointe entre les deux pays.
En visite à Moscou, Khaled ben Salman a fait savoir qu'il avait discuté des moyens de renforcer la coopération militaire et de défense avec le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, sans toutefois donner de détails sur l’accord.
Riyad a depuis longtemps décidé d'établir des relations amicales avec Moscou et d'autres parties qu'il considérait autrefois ou qu’il était obligé de considérer comme des ennemis; surtout après la guerre en Afghanistan dans les années 1980 et d'autres guerres commanditées en partie par le soutien financier saoudien contre les forces soviétiques puis russes, y compris la guerre de Tchétchénie.
Les Etats-Unis s’éloignent progressivement de l’Arabie saoudite à mesure que le royaume renforce ses relations avec Moscou, lesquelles sont toutefois restées limitées et ont des objectifs spécifiques dont le plus important était de mettre en garde les Américains contre les alternatives à leur partenariat, bien que Riyad soit conscient de la nature de sa dépendance vis-à-vis des États-Unis.
Par ailleurs, Riyad s'efforce de combler la pénurie d'armes due aux politiques occidentales ayant imposé une interdiction partielle ou totale de ventes d'armes à l'Arabie saoudite en provenance des pays tels que le Canada, l'Allemagne, la Belgique et d’autres. Mais cette même compensation pour la pénurie d'armes se heurte à la ligne rouge américaine.
En effet, les préparatifs sur la signature d'un contrat d'achat de systèmes de missiles sol-air S-400 entre l'Arabie saoudite et la Russie en 2018, n’ont finalement mené à rien; en raison des conséquences dangereuses que représentent ces système de défense aérienne russes pour la vente des Patriot et des chasseurs de fabrication américaine, Washington y particulièrement sensible.
A cet égard, tout éventuel achat d'armes russes par l'Arabie saoudite ne devrait pas dépasser États-Unis, bien que les relations entre Riyad et Washington soient actuellement à l'un des niveaux les plus bas de l’histoire. S'il n'en tenait qu'aux Saoudiens, ils auraient créé dès hier des alternatives et des suppléments aux soutiens que leur portent les États-Unis. Ces derniers qui mènent les responsables saoudiens au bout de nez, ne leur permettront jamais d'aller où ils veulent, même s'ils ont l'intention de se retirer militairement de la région du golfe Persique.
Cette connexion structurelle est telle qu'il est impossible de s'en débarrasser. 80 pour cent des armes que possède l’Arabie saoudite sont importées des Etats-Unis. Tout effort sérieux que fournirait le royaume pour diversifier ses ressources en armes n’aboutiraient qu’à des acquis mineurs pour ne pas dire que c’est jouer avec le feu. Cependant, Washington reste préoccupé par les tentatives de la Russie et de la Chine d’utiliser tout échappatoire pour obtenir une plus grande part du gâteau dans la vente d'armements.