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Zoom Afrique du 3 septembre 2021

Les centrafricains manifestent devant l'ambassade de France à Bangui.

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Le comportement mensonger des ONG et les exactions de la France en Centrafrique provoque le ras-le-bol des centrafricains...

Actualité en Afrique :

  • Éthiopie : 71 centrales électriques à construire d’ici 2031
  • Le Cameroun vise une croissance de 4,4% en 2022
  • Burkina Faso: Prévention et gestion des conflits communautaires: Des acteurs outillés sur les mécanismes de résolution à Fada N’Gourma
  • La générosité des Gabonais en temps de crise sanitaire est révélatrice d’un bonheur retrouvé.

 

Analyses de la rédaction :

1. En RDC, l'arrivée des américains n’a pas tardé à faire son effet dans le Nord-Kivu.

Alors que dans l’Est, l’État de siège a de nouveau été prorogé, les américains à peine arrivés, pour soi-disant aider l’armée congolaise dans sa lutte contre le terroriste et les groupes armés, ont déjà montré leur réelle intention concernant la région de l’Est de la RDC. Ils se sont déjà emparés de la région et tentent d’en faire un Nord Mali bis.

Les exploitations américaines des mines dans la région du Nord-Kivu ont interdit l’accès aux délégations gouvernementales, et visiblement, même l’autorisation de la présidence ne suffit plus, ont relevé des journalistes. Et un autre plan qui se trame dans la tête de Washington, c’est de compromettre la présence chinoise dans l’Est.

Un documentaire accusateur contre la Chine a également été publié sur la toile faisant réagir Pékin.

Pékin « condamne toute exploitation illégale des ressources naturelles » en République démocratique du Congo, a affirmé jeudi l’ambassadeur de Chine à Kinshasa, sur fond d’accusations d’activités opaques d’entreprises chinoises en RDC. « J’ai réitéré aujourd’hui, dans un entretien téléphonique » avec la ministre des Mines congolaise « la condamnation du gouvernement chinois contre toute exploitation illégale des ressources naturelles en RDC », écrit l’ambassadeur, Zhu Jing, sur Twitter.

Dans son texte, le diplomate ajoute avoir assuré la ministre de « la disponibilité du gouvernement chinois à collaborer avec les autorités congolaises pour sanctionner les responsables. »

Juste avant, l’ambassade de Chine a également tweeté, après une sévère mise en cause des activités chinoises en RDC dans un documentaire d’un journaliste de RFI, titré « En finir avec la traite négrière en Afrique », diffusé sur YouTube et très largement commenté à Kinshasa.

« Hautement attentive » à cette vidéo, l’ambassade précise avoir « saisi les autorités congolaises pour vérifier la réalité » des accusations portées. Le gouvernement chinois, assure l’ambassade, « demande toujours aux entreprises et ressortissants chinois de respecter strictement les lois et réglementations congolaises. »

Dans son message, l’ambassadeur ajoute de son côté être d’accord sur le fait que « les enquêtes doivent être menées en respectant les faits'' mais aussi « qu’il faut résister à la diffamation, à la xénophobie et aux incitations à la haine. »

Dans ce contexte, une lettre de la ministre des Mines diffusée jeudi sur les réseaux sociaux a ajouté à la confusion. Alors que les autorités du Sud-Kivu, région minière de l’est du pays, avaient décidé le 20 août de suspendre les activités d’entreprises chinoises soupçonnées « d’abus » manifestes et « multiples » dans l’exploitation de sites aurifères dans le territoire de Mwenga, la ministre des Mines a fait savoir qu’elle s’oppose à cette décision.

Washington veut maintenant pousser la Chine en dehors de la RDC.

Ceci montre encore une fois que les intentions de Washington ne sont pas du tout celles affirmées auparavant, à savoir la lutte contre le terrorisme dans l’Est de la RDC. Ils veulent bel et bien coloniser cette partie du pays. Le fait que même les représentants de l’État ne puissent plus accéder à la région, ressemble trait pour trait à ce que la France a fait au Nord du Mali. Les Autorités maliennes n’ont pas non plus le droit de se rendre dans le nord du pays. Le but de ces deux puissances coloniales c’est bel et bien de démembrer le Nord du Mali et l’Est de la RDC.

Le fait que la ministre congolaise des Mines s’oppose aux décisions prise afin de mettre hors-jeu la Chine, montre qu’il y a encore des congolais qui ne sont pas prêts à suivre à la lettre les diktats des Américains. Ce qui prouve également que la population est également sur le qui-vive, et aucun congolais n’est prêt à laisser le territoire se faire coloniser de la sorte.

 

2. RCA: France-Minusca dehors !

En Centrafrique, les ONG, pourtant critiquées pour leur partialité, continuent leur processus de dénigrement et de déstabilisation.

Outre le fait de montrer la Centrafrique comme étant un pays en guerre et complètement instable, un rapport de l’ONU de la Minusca est apparu, montrant une volonté de redorer le blason face à une population centrafricaine qui demande continuellement le départ de cet organisme.

Selon eux, l’organisme occidental aurait observé une baisse du nombre d’incidents et de victimes comparativement à la semaine précédente, où 18 incidents ont touché 42 victimes », a indiqué la MINUSCA, et ce, deux semaines après avoir publié un rapport de l’ONU sur la situation alarmante des Droits de l’homme en Centrafrique.

Les ONG rajoutent leur grain de sel.

En RCA, le comité de coordination des organisations non gouvernementales internationales (CCO), qui regroupe plus de 30 entités, se dit gravement préoccupé par la crise humanitaire. Depuis la mi-décembre, des affrontements armés ont de nouveau éclaté dans le pays et perdurent jusqu'à ce jour, souligne le communiqué.

Selon leur calcul, ils disent qu’un Centrafricain sur deux serait en situation d'insécurité alimentaire. Les patients, le personnel médical et les infrastructures font régulièrement l'objet d'attaques. L'insécurité perturbe l'accès aux soins, mais aussi l'accès des enfants aux écoles. Le constat fait par les ONG serait alarmant.

Pourtant, les mêmes constats avaient été faits en Éthiopie, pour le conflit contre les rebelles terroristes dans la région du Tigré. Addis Abeba envoyait régulièrement de l’aide humanitaire, mais les médias mainstream oubliaient de mentionner ces faits.

Les ONG sont en pleine offensive contre les pays africains qui sont « gênant » pour les occidentaux. Mais là où se trouvent les troupes d’occupation étrangère, pourtant fortement en conflit, ni l’ONU ni les ONG établissent de rapport concernant les conditions humanitaires dans lesquelles se trouvent les civils ou les déplacés, comme au Mali ou encore dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les rapports établis sur les civils ne touchent que les pays qui ont décidé de se passer de l’aide militaire occidentale.

En Centrafrique, les rebelles du CPC n’ont pas encore totalement arrêté leurs exactions contre les civils centrafricains, et il serait temps de voir l’ombre d’une condamnation de la Communauté internationale à l’encontre des groupes armés. Et d’ailleurs, les exactions de ces groupes sont même imputés à tort au soldats de l’armée centrafricaine ou aux alliés russes.

La population centrafricaine en a vraiment marre de ces comportements néocolonialistes, et tous les centrafricains savent pertinemment qui sont ceux qui financent et arment ces rebelles, et qui font en sorte que les ONG ou l’ONU établissent des rapports fallacieux contre le pays.

Ils dénoncent « un complot », à la lumière du dernier rapport de l’ONG américaine The Sentry qui a pointé le financement de Sucaf à la rébellion de l’UPC.

Une association des jeunes dénommée « Jeunesse debout » a organisé lundi 1er septembre une manifestation devant l’ambassade de France à Bangui, pour dénoncer « un complot », à la lumière du dernier rapport de l’ONG américaine The Sentry qui a pointé le financement de Sucaf à la rébellion de l’UPC d’Ali Darass.

Les avancées sécuritaires et la prise de contrôle du territoire centrafricain mettent en lumière les auteurs des déstabilisations. Le récent rapport que l’ONG international américaine The Sentry qui a publié sur un groupe français et le financement des rebelles a bien mis en avant les tentatives de tiers internationaux pour enliser la crise dans le pays.

Pour les manifestants, si aucune solution n’est trouvée, les Centrafricains ne doivent plus consommer les produits venant de la part de cette société. « Car c’est l’argent du sang du peuple Centrafricain que nous consommons », disent les manifestants.

Sous l’anonymat, l’un des responsables de cette manifestation déclare: « Ce n’est pas la première fois que la France est indexée dans les multiples crises en RCA. D’ailleurs elle est connue pour sa duplicité, son coup-bas dans l’organisation et le financement des groupes rebelles en RCA. Aujourd’hui, nous sommes venus protester devant l’ambassade de France pour que les autorités françaises se prononcent sur ces accusations mettant en cause les filières de la France en RCA».

« Si jusqu’à ce jour, rien n’est fait, rien n’est dit, c’est que les responsabilités sont établies et que le rapport de l’ONG The Sentry est avéré », a ajouté la même source.

Sur les pancartes que tenaient les manifestants, on peut lire « trop c’est trop », « I yé siriri », « UPC=Mocaf, France= Mocaf-Castel » ou encore « Wa Beafrika, lè ti mo azi na ndo ti Mocaf »…

Pour l’heure, aucune réaction officielle des autorités françaises en Centrafrique n’est enregistrée. Cependant, à en croire certaines sources à l’Ambassade de France à Bangui, des enquêtes sont déjà en cours et les conclusions permettront aux autorités françaises de réagir.

Bref, les centrafricains ne comptent plus laisser faire les choses. Le pays se redresse et la population commence à profiter de la paix qui s’y installe, et pour rien au monde, les centrafricains sont prêts à laisser les pays occidentaux à réduire le pays à feu et à sang dans le but d’assouvir leurs propres intérêts.

 

3. Les puissances africaines sous pression

Le continent africain n’est pas en reste des changements majeurs observés sur la scène géopolitique internationale dans le cadre du concept multipolaire mondial. Et plus certains États affirment leur puissance continentale dans un cadre souverain et panafricain, plus ils se retrouvent sous la pression des nostalgiques de l’unipolarité. Retour sur la question.

La tendance observée de plus en plus sur le continent africain mérite l’attention à bien des égards. Au-delà des tentatives occidentales à punir les pays ayant choisi une voie souveraine de développement et un libre choix de leurs partenaires extérieurs, il est aujourd’hui clairement possible de voir que les poids-lourds de la scène continentale, y compris ceux qui il y a encore récemment semblaient se trouver dans l’orbite de l’influence occidentale, se retrouvent à devoir faire face à de plus en plus de défis les visant.

Parmi ces exemples, on peut citer le Nigeria ou encore l’Éthiopie. Le premier, étant tout simplement la première puissance économique continentale africaine en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (PIB-PPA), classé  25ème au rang mondial, par ailleurs la première population d’Afrique avec plus de 219 millions d’habitants (7ème population du monde).

Depuis que les ambitions d’Abuja sur la scène régionale et continentale aient commencé à s’afficher de plus en plus ouvertement, le pays a dû observer une recrudescence de défis intérieurs, notamment sécuritaires. Si la lutte contre les terroristes de Boko Haram date depuis déjà de longues années, de nouveaux foyers de tensions se réactivent, et ce avec une complicité assez peu voilée en provenance des intérêts occidentaux, notamment en lien avec les séparatistes du Mouvement indépendantiste pour les Peuples indigènes du Biafra (IPOB).

Cette pression supplémentaire sur l’État nigérian est liée à plusieurs aspects. Tout d’abord, et plus le pays prend du poids dans les affaires régionales et continentales, le tout dans un cadre panafricain, cela représente l’un des éléments de réponse aux tentatives de déstabilisation extérieure, qu’elles soient d’ordre terroriste ou séparatiste. L’autre raison à noter est que plus un État s’affirme dans un cadre panafricain et plus il a tendance à forger des relations stratégiques avec les États partisans de la souveraineté et de l’ordre multipolaire international.

Les relations économiques grandissantes avec la Chine, y compris en favorisant le yuan chinois au détriment du dollar américain dans les transactions bilatérales, ou encore le récent accord militaro-sécuritaire avec la Russie, en représentent les quelques exemples. D’autant plus que le Nigeria fut longtemps considéré comme un pays se trouvant sous l’orbite des intérêts occidentaux, plus particulièrement des USA.

L’Éthiopie représente un autre exemple intéressant. Deuxième plus large population du continent, 7ème puissance militaire d’Afrique, abritant le siège de l’Union africaine (UA) sur son territoire, le seul pays africain à n’avoir jamais été colonisé et ayant été l’un des principaux alliés continentaux de l’URSS durant la période de la Guerre froide, le tout allié à un taux de croissance du PIB aux alentours de 10% par an durant plusieurs années – représentent des éléments qui confirment les ambitions d’Addis-Abeba. Cela sans oublier une industrialisation rapide du pays, avec le concours de la Chine.

Si à la chute de l’URSS, l’Éthiopie était considérée comme un pays s’étant beaucoup rapproché de Washington, et ce dans de nombreux secteurs, la période récente au vue du rapprochement sans précédent avec Pékin, ainsi que le renouvellement actif des relations avec Moscou, semble avoir placé le pays dans le viseur des déstabilisations occidentales. Des tentatives de déstabilisation, qui à la différence de ce qu’avaient vraisemblablement espéré ses instigateurs, semblent au contraire pousser de plus en plus le leadership éthiopien dans le cadre souverainiste panafricain et celui de l’alliance sino-russe.

Mais l’exemple de l’Éthiopie est intéressant également sur un autre aspect. Si la propagande occidentale avait souvent tenté à présenter la Chine comme la Russie comme des soutiens aux régimes prétendument « autoritaires », les événements récents cassent de plus en plus ce cliché ayant peu de choses à avoir avec la réalité. Déjà en République Centrafricaine, Moscou s’est imposé comme un allié fiable et sincère d’un leadership élu démocratiquement et disposant d’une large popularité nationale. Le cas éthiopien est également fort révélateur car au-delà de jouir d’une popularité intérieure indéniable, le chef d’État du pays Abiy Ahmed peut se vanter d’être également lauréat du Prix Nobel de la paix 2019.

Évidemment et à cette époque, l’Occident pensait voir en l’Éthiopie un partenaire de poids pour ses intérêts, à ce titre les médias mainstream occidentaux ne manquaient pas de faire l’éloge au premier ministre Ahmed. Tout semble désormais bouleversé et l’exemple si souvent cité de notes positives par l’establishment politico-médiatique occidental, est devenu une cible à abattre. Une hypocrisie qui ne manque pas de révolter aussi bien la société civile éthiopienne, que les médias étatiques du pays. Le tout au moment même où Addis-Abeba renforce non seulement son interaction avec la Chine, mais mise de nouveau sur l’alliance militaro-sécuritaire avec la Russie.

Cette nouvelle donne est effectivement particulièrement intéressante car elle barre d’un revers de la main toutes les belles paroles occidentales quant au fait d’être des alliés de gouvernements démocratiques à divers endroits du globe. Plus que cela, l’approche hypocrite de l’establishment occidental, y compris washingtonien, peine de plus en plus à voiler cette posture révoltante à l’égard des différents peuples du monde, y compris africains. Enfin, et face aux déstabilisations que ce cercle maintient comme instrument majeur de sa politique visant les États souverains, la résistance s’organise sur deux volets : la mobilisation populaire (véritable) à l’intérieur et le soutien extérieur de la part des grandes puissances non-occidentales pro-multipolaires.

Ceci étant dit, ce n’est pas tout. Au vu des échecs répétés de faire tomber des gouvernements pleinement souverains à divers endroits de la planète, y compris en raison des deux facteurs cités ci-haut, l’Occident politique risque de s’acharner désormais sur un certain nombre de ses alliés et sous-traitants, ne pouvant par ailleurs pas être considérés comme des puissances régionales ou continentales. Car au moment d’une perte d’influence à l’échelle internationale, des échecs à appliquer avec le même « succès » les méthodes de déstabilisation habituelle, ce même establishment cherche à avoir des partenaires complètement soumis (même le taux de 75-80% ne suffit plus). Y compris pour éviter le risque que ces derniers sortent de l’orbite géopolitique occidentale.

 

par Mikhail Gamandiy-Egorov.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV