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Du pétrole iranien aux portes du Liban, panique à Washington, Casus belli au Hezbollah

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Atwan : «Tant que l’arsenal du Hezbollah comprendra 150 000 missiles, le régime sioniste et les États-Unis continueront leurs complots à l’encontre du Liban.» (Photo d'archives).

Réaction enragée d'une Amérique qui a tout fait pour mettre au pas les Libanais quitte à les pousser à lacher le Hezbollah, mais qui a échoué ? Le président américain Joe Biden a décidé, mardi 20 juillet, de prolonger pour un an, ce qui est présenté comme « l’état d’urgence nationale par rapport au Liban », décrété par les États-Unis depuis 2007. Plus d'un analyste voit à travers cette décision la panique d'une administration Biden,, inquiète à l'idée de voir un de ces quatre le carburant iranien couler dans les pompes à essence au Liban. 

La même mesure avait été prise à la même époque en 2020. Il s’agit d’un document qui évoque « une menace extraordinaire et exceptionnelle contre la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis ».

Dans une référence au Hezbollah, le communiqué cite « certaines activités en cours, comme le transfert continu d’armes iraniennes au Hezbollah –comprenant des systèmes d’armements sophistiqués– qui, selon la Maison-Blanche, « servent à affaiblir la souveraineté libanaise, contribuent à l’instabilité politique et économique dans la région et continuent de représenter une menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis ».

Plus d'un analyste verrait à travers cette menace directe qui exige un Liban sans arme et sous tutelle, une exigence totale israélienne renforcée depuis la défaite militaire historique d'Israël face à Gaza.

Le journal Rai al Youm revient sur cet aspect dans un article récent. L’éditorialiste de Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, évoque que le président libanais Michel Aoun a présidé, mardi 20 juillet, le Conseil suprême de la défense qui comprend de hauts responsables militaires et de sécurité, et a discuté avec eux de plusieurs questions, notamment la volonté des forces militaires et de sécurité de maintenir la sécurité et la stabilité.

Les membres du Conseil sont tombés d’accord pour augmenter de 80 dollars le salaire mensuel des officiers de l’armée libanaise. Au cours de cette réunion, les hauts commandants de l’armée ont demandé plus d’aides de la part des États-Unis, de la France et de l’Arabie saoudite. « Ce qui se passe aujourd’hui au Liban est inouï et ne s’est produit nulle part ailleurs dans le monde », estime Abdel Bari Atwan.

L’éditorialiste de Rai al-Youm ajoute que Saad Hariri a été chargé, il y a neuf mois, de former le gouvernement, mais qu’il a passé son temps à voyager entre la France, l’Amérique et les capitales arabes. « Et quand il est soudain retourné au Liban, ce n’est pas pour résoudre les crises, mais pour accuser Michel Aoun et ses alliés de mener à l’échec la formation du gouvernement », ajoute Abdel Bari Atwan.

L’éditorialiste de Rai al-Youm écrit : « Le Liban est un pays dans lequel les ambassadeurs de France et d’Amérique se rendent à Riyad pour consulter les dirigeants saoudiens sur la manière de sortir le Liban de la crise politique et de former un gouvernement. Ces deux ambassadeurs et leurs États respectifs sont les véritables dirigeants du Liban, et malheureusement l’élite politique et la plupart des partis supposent qu’un tel mécanisme peut assurer les intérêts du Liban. »

Abdel Bari ATwan souligne qu’il y a effectivement une impasse politique au Liban, mais rappelle que c’est une impasse que l’Amérique, la France et Israël ont créée avec des outils internes et une couverture régionale arabe. Selon ce scénario, il y a une seule issue pour le Liban : le Hezbollah doit être désarmé pour que le régime d’occupation d’Israël se rassure et que les frontières maritimes entre le Liban et la Palestine occupée soient tracées de sorte qu’Israël possède la plus grande part des réserves du pétrole et du gaz qui n’appartient qu’au Liban.

Le bombardement israélien du port de Beyrouth a été le premier avertissement qui a ouvert la voie à la grande explosion qui a eu lieu ensuite dans la capitale libanaise. Ensuite, les ennemis du peuple libanais ont mis en marche un processus de famine et de crise économique afin de dégrader les conditions de vie des Libanais pour que 80% de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Abdel Bari Atwan évoque ensuite la situation de la Syrie :

« La Syrie vit depuis dix ans une guerre dans laquelle plus de 65 pays dirigés par l’Amérique ont soutenu directement ou indirectement les terroristes. Près de 30% du territoire et d’importantes réserves de gaz et de pétrole du pays restent encore sous le contrôle des terroristes et les mercenaires des puissances étrangères. Pourtant la monnaie nationale de la Syrie a résisté et s'est stabilisée sous 3000 livres pour un dollar. Cependant, au Liban, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur en quelques mois. »

L’éditorialiste de Rai al-Youm souligne que les Américains n’ont pas réussi à faire tomber le gouvernement syrien par la guerre, bien qu’ils aient dépensé 150 milliards de dollars pour réaliser ce complot. Or, « l’Amérique a fait tomber le gouvernement au Liban sans tirer une balle ni dépenser un dollar », ajoute Abdel Bari Atwan.

D’après l’éditorialiste de Rai al-Youm, ce n’est pas une coïncidence si les commandants militaires israéliens mènent une série de manœuvres à proximité de la frontière sud du Liban et dans les eaux libanaises de la Méditerranée, et que le nouveau Premier ministre israélien menace les Libanais d'une invasion terrestre similaire à celle de 1982.

Atwan ajoute que la classe politique libanaise, discréditée totalement en raison de la corruption et l’incompétence, ne quittera volontairement le pouvoir, ce qui risque de préparer le terrain à l’aggravation du chaos et de la crise, permettant aux sectes et aux partis soutenus par les États-Unis d’installer un conflit permanent au Liban.

En conclusion, l’éditorialiste de Rai al-Youm estime que les consultations parlementaires pourraient continuer pour trouver une alternative à Saad Hariri afin de faciliter la formation d’un gouvernement de sauvetage.

Atwan ajoute : « Tant que l’arsenal du Hezbollah comprendra 150 000 missiles, dont un très grand nombre de missiles de très haute précision, le régime sioniste et les États-Unis continueront leurs complots à l’encontre du Liban. Dans ce cas, que peut faire un nouveau Premier ministre de plus que ce que fait actuellement Hassan Diab ? »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV