TV

Rivalité turco-sioniste de drones ; une tentative de suprématie dans les nouveaux conflits régionaux

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Drones, principal objet de rivalité entre Ankara et Tel-Aviv. (Illustration)

Les échanges d'armes israéliennes dans l’arrière-cour de la Turquie ont provoqué la colère d’Ankara qui s’est fixé l’objectif de remplacer le régime sioniste dans le commerce des armes contre Bakou et d'autres gouvernements de la région.

La course aux drones est entrée dans une nouvelle phase : tout porte à croire que désormais c’est la supériorité dans la bataille des UAV pour le changement des règles du jeu qui déterminera le sort des futures équations régionales et même mondiales, peut-on lire dans les colonnes de Fars News dans son édition du 12 juillet.

En référence aux hypothèses de Francis Fukuyama, politologue américain d’origine japonaise, l'agence de presse iranienne indique que la diffusion généralisée de la technologie des drones et la nature changeante des conflits intergouvernementaux sont inévitables : depuis les crises syrienne et irakienne aux guerres en Libye et au Yémen, les drones jouent un rôle clé dans l'équilibre des forces stratégiques.

Au niveau régional, l’Iran impose sa puissance en développant une technologie indigène en matière de drones, qui est l'une des plus puissantes. Et ce, alors que d’autres riverains du golfe Persique à savoir, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont fait l’acquisition de drones chinois, Winglang, pour mener la guerre au Yémen et prendre part au conflit libyen.

La Turquie et le régime sioniste sont quant à eux parmi les pionniers dans la conception, la construction et l'utilisation de drones.

Lire aussi : Israël paniqué par les capacités militaires iraniennes

Ankara a commandé, en 2006, dix drones Heron non armés au régime sioniste. Les États-Unis ayant refusé à la mi-2010 de vendre des drones Predator et Reaper à la Turquie, cette dernière s’est mise à concevoir et à construire des drones domestiques. Les drones turcs Bayraktar TB2 sont aujourd’hui l'épine dorsale des opérations aériennes turques. De plus, la Pologne, l'Ukraine et l’Albanie sont parmi les clients des drones de fabrication turque.

Selon les données, il existe au moins neuf bases de drones en Turquie dont les plus importantes sont situées dans le sud-est du pays, le long de la frontière syrienne, sur les rives de la mer Égée et de la Méditerranée. Suite au retrait de la Turquie du projet de chasseur américain F-35, Ankara a également mis à l'ordre du jour la conception et la construction des drones TB3 dans le but de les utiliser sur des porte-avions.

Malgré les progrès réalisés, Ankara n’est qu’un acteur émergent et peu important sur le marché de l'armement par rapport aux autres concurrents, dont la Chine et la Russie ; les rivalités entre Ankara et Tel-Aviv dans le domaine d’UAV portent donc sur l'acquisition des marchés d'armements en Asie de l’Ouest et en Europe, mais aussi sur le contrôle des zones géopolitiques dans la région, telles que la Méditerranée orientale.

Lire aussi : Kowsar, Saeqeh, Shafaq... l'Iran se prépare aux combats aériens contre l'US Air Force (The National Interest)

A cet égard, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, entend forcer la République d'Azerbaïdjan à choisir entre la Turquie et le régime sioniste et se ranger du côté d'Ankara au détriment de Tel-Aviv. En 2011, convient-il de rappeler, l’ambassadeur de Turquie à Bakou a déclaré que le pays devrait reconsidérer ses relations avec le régime sioniste. 

La Méditerranée orientale

Le drone TB2 est important pour sécuriser le forage gazier turc et faire pression sur Chypre et la Grèce, qui ont des différends avec Ankara sur les champs gaziers de la Méditerranée orientale. L'intérêt direct du régime sioniste dans les développements de la région méditerranéenne et le différend sur la délimitation de l'eau et l'exploitation des ressources fossiles des fonds marins constituent de sérieux défis dans le système de sécurité d’Ankara.

Le 16 décembre 2019, Ismail Demir, chef de l'Organisation des industries de défense turques, a annoncé qu'Ankara avait fait s’envoler son premier drone sur la base aérienne Geçitkale qui est aussi connu sous le nom de Lefkoniko.

Lire aussi : L'armée de l'air la plus puissante du Moyen-Orient saura faire face aux pilotes iraniens? Réponse d'un expert israélien

Plus tard, l'ancien ministre turc des Transports a décrit le déploiement comme une réaction à l'achat de drones israéliens par Chypre : en octobre 2019, Nicosie a acheté pour le prix de 13 millions d’euros quatre drones Aerostar à la société israélienne Aeronautics pour surveiller sa zone de monopole. Le régime sioniste a également fourni des drones IAI Heron à la Grèce en 2020 sous prétexte de défense des frontières.

Crise du Haut-Karabakh

L'Azerbaïdjan est respectivement le deuxième et le quatrième plus gros importateur d'équipements militaires du régime sioniste et de la Turquie. Bakou a acheté le drone Harop en 2011, les drones Hermes 900 et Sky Striker en 2018 au régime sioniste. Ces derniers s’ajoutent aux drones TB2 turcs que l'armée de la République d'Azerbaïdjan a utilisés lors de la récente bataille du Haut-Karabakh avec l’Arménie. Erdogan en veut vivement au régime sioniste pour le trafic d'armes qu’il gère dans son arrière-cour tandis que Tel-Aviv ne sent pas la flexibilité dont fait preuve la partie turque dans l'exportation de drones offensifs et la considère comme un défi majeur pour sa part dans le marché d’armement : l'objectif principal d'Ankara est d’éliminer le régime sioniste dans le commerce des armes avec Bakou et d'autres États dans la région.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV