Vu la précipitation avec laquelle Mike Pompeo s'est rendu cette semaine et en compagnie de son successeur et rival Blinken en Israël pour se payer une tournée dans l'ombre de l'administration démocrate, il devrait y avoir quelque chose de bien grave, plus grave encore que la perspective de la "disparition d'Israël" brandi cette semaine sous le nez des USA au terme de 11 jours de bataille balistique Israël/Gaza.
En effet, le deal siècle, les Accords d'Abraham qui valent ces jours-ci les pires diatribes anti US en Israël sont sur le point de se retourner non seulement contre l'entité, mais bien contre les États-Unis. Largement éprouvé par les échecs militaires de Tel-Aviv face à la Résistance, les EAU qui croyaient il y encore très peu à leurs larges investissements à Tamar, à la possibilité d'une exportation de leur pétrole et gaz par Eilat interposés vers l'Europe, à ce que Fujarah au large duquel le super navire logistique sioniste Hypérion Ray pourrait devenir un hub international, fait marche arrière ou ce qui revient au même, la Chine, ce redoutable adversaire des USA commence à bien pêcher en eaux troubles.
Ainsi c'est par la porte des Émirats que Pékin semble avoir fait sa première "descente" militaire au Moyen-Orient, sous les yeux ahuris d'une Amérique qui dit avoir entendu Pékin "être intéressé par l'idée de construire une base militaire" aux Émirats!
Une publication américaine a rapporté que Washington se préoccupe par la vente des armes de pointe aux EAU sous peine de fuites d'informations sensibles et confidentielles vers la Chine. L'embelli des relations bilatérales entre la Chine et les Émirats arabes unis terrorisent les autorités américaines rien que sur cette clause bien embarrassante de la normalisation qui prévoit la vente d'avions de combat F-35 aux Émirats arabes unis. Washington a repéré deux avions militaires chinois ces derniers jours déchargeant des cargaisons aux EAU », a rapporté le Wall Street Journal.
"Les vols ont soulevé des doutes sur l'avenir de l'accord d'armements américains avec les Émirats arabes unis et l’administration américaine avertit dans ce sens que la poursuite de tels échanges entre Abou Dhabi et Pékin signifierait une fin à l'accord américain avec les EAU sur les armes. Après l’annonce des résultats d’une évaluation en avril, l'administration Biden a déclaré qu'elle pourrait donner le feu vert à la vente d'avions de combat F-35 et 18 drones Ripper d’une valeur de 50 milliards de dollars aux EAU. Mais est-ce vraiment possible? ", poursuit le journal
Le journal fait référence aux commentaires des responsables américains sur les relations croissantes Pékin/Abou Dhabi et poursuit que les signes de liens croissants entre Pékin et Abu Dhabi ont assombri l'avenir des ventes d'armes, même si l'ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Youssef Atiba, a juré ses bons dieux que le pays défendrait bec et ongle le savoir-faire chnique de l'armée américaine et que l'armée émiratie se rangerait toujours du côté de l'armée américaine". Sauf que l'antécédent turc et tout ce qu'Ankara a pu faire au sujet des S-400 russes est là et inquiète Washington.
« L'armée chinoise a entre temps avancé des plans visant à approfondir et élargir les relations et la coopération avec les EAU. Le rapport 2020 du Pentagone sur les aspirations militaires de la Chine indique que Pékin envisage de déployer des installations logistiques militaires supplémentaires à l'étranger. Dans cet ordre d’idée, Pékin envisagerait d’établir une base navale militaire aux EAU », selon le WSJ.
La vente du F-35 aux Émirats Arabes Unis fait dans le cadre de «Pacte Ibrahim» n'a été en effet qu’un pot de vin octroyé aux responsables émiratis en raison de la normalisation des relations avec Israël, une relation qui devrait servir les intérêts des Émirats, Abou Dhabi ayant misé sur des investissements à Tamar et surtout une "protection militaire" que l'entité aurait dû lui fournir en cas de "nécessité". Mais par les temps qui courent, "Israël paraît aux yeux des Emirats la partie qui a le plus besoin d'assistance". Alors, pourquoi ne pas ramer dans le sens inverse et ne pas s'allier à la Chine?
Après tout, une telle perspective serait bien plus logique par le fait qu'il permettrait en partie aux Émirats de se faire protéger par la Chine elle-même signataire d'un pacte stratégique de 25 ans avec l'Iran. Mais Pékin sera sans doute le vrai gagnant de cette histoire, lui, que Pompeo avait justement réussi en 2020 à mettre à porte d'Israël. Une coopération militaire Pékin-Abou Dhabi pourrait marquer une double défaite de Biden face aux USA dans la mesure où elle signifierait l'émergence du facteur militaire chinois en plein golfe Persique. Une région où Pékin a des intérêts vitaux et où la politique de tension recherchée volontairement par les USA a comme l'objectif le fait de rendre les matières fossiles beaucoup trop chères au géant économique croissant qu'est la Chine.