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Ansarallah au Sud, les Hachd au Nord, l'Arabie des Salmane encerclée?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Ansarallah a revendiqué des attaques aux drones et missiles sur des installations de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco et sur des cibles militaires dans des villes saoudiennes, le 7 mars 2021. ©Reuters

En Irak, une nouvelle opération militaire a été lancée pour sécuriser les régions désertiques de la province de Nadjaf à la frontière de l’Arabie saoudite. 

Ce dimanche 28 mars, les combattants de la Brigade Imam Ali des Hachd al-Chaabi, opérant dans la province de Nadjaf, et des unités de l’armée irakienne ont lancé une nouvelle opération militaire destinée à sécuriser les régions désertiques de cette province à la frontière de l’Arabie saoudite.
Selon le communiqué de la Brigade Imam Ali, publié sur le site web Nina News, « l’opération est soutenue par le Commandement des Opérations de Karbala et son lancement a été ordonné par la Force terrestre de l’armée irakienne et le Commandement des Opérations conjointes ». 
Ailleurs dans la province de Diyala (est), les combattants de la 23e Brigade des Hachd al-Chaabi, opérant dans cette province, ont réussi à identifier un repaire de terroristes de Daech dans la localité de Zor al-Islah.  
Une importante quantité d’équipements militaires dont des armes, des munitions et des obus de mortier de 81 mm ont été découverts et saisis. 

Le lieutenant-colonel Mordechai Kedar, chercheur associé principal au Centre d’études stratégiques Begin-Sadat, qui a servi pendant 25 ans dans le renseignement militaire de l’armée israélienne, a rédigé un article avec pour titre « les conséquences de la dernière attaque iranienne contre les installations pétrolières saoudiennes » qui a été publié, le 16 mars 2021, sur le site web de Begin-Sadat. 
« Au début du mois, des missiles balistiques et des drones ont frappé les plus grandes installations de chargement d’hydrocarbures de l’Arabie saoudite - la plus grande du monde - à Ras Tanura, au nord du port de Dammam sur le golfe Persique. Les Houthis ont revendiqué les tirs de missiles et de drones contre Ras Tanura, tout comme ils ont revendiqué une autre frappe importante sur les installations d’Aramco en septembre 2019, ce qui a paralysé environ la moitié des capacités d’exportation de pétrole de l’Arabie saoudite pendant des semaines. Peu après cette attaque, des rapports ont divulgué que le tir de missiles n’avait pas été effectué depuis le Yémen, mais depuis l’Irak, et peut-être même depuis le territoire iranien. La récente attaque ressemblait beaucoup à celle de septembre 2019. Premièrement, ce fut un coup dur pour les installations pétrolières les plus importantes, les plus sensibles et les plus vulnérables de l’Arabie saoudite et deuxièmement, elle a été menée par des missiles et des drones iraniens. Par conséquent de cette attaque, les prix mondiaux du pétrole ont grimpé à environ 70 dollars le baril. »

Sans faire aucune allusion à l’inefficacité des systèmes de défense antiaérienne de l’Arabie saoudite, le lieutenant-colonel israélien a écrit : « Ras Tanura est à environ 1000 kilomètres du Yémen, ce qui augmente la probabilité que les missiles et les drones auraient été détectés et interceptés par les systèmes de défense aérienne du royaume. Un attaquant cherche toujours à raccourcir les distances, ce qui diminue à la fois le temps de vol et les chances d’interception. D’où ça semble que cette fois aussi, le lancement provenait d’Irak, et peut-être même directement de l’Iran, son voisin de l’autre côté du golfe Persique. Il est fort probable que les services de renseignement du monde connaissent exactement lieu du lancement, mais qu’ils gardent le silence. »

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Considérant comme « réalité » l’hypothèse d’une attaque iranienne contre l’Arabie saoudite et sans fournir aucun appui à cette allégation, Mordechai Kedar s’est permis de présenter trois raisons pour le silence observé par les services de renseignements du monde : « Il est fort probable que les services de renseignement du monde connaissent exactement lieu du lancement, mais qu’ils gardent le silence pour a) ne pas révéler qu’ils connaissent les détails que les Iraniens essaient de cacher ; b) compromettre leurs sources ; ou c) embarrasser l’administration américaine, qui cherche à revenir aux négociations avec l’Iran et alléger le fardeau des sanctions. »

L’ancien employé d’Aman a continué : « Riyad, pour sa part, a tenté de minimiser l’attaque avec une annonce faite par son ministère de l’Énergie sur une attaque contre Ras Tanura “par un avion venu depuis la mer”. Là, il y a trois points à souligner : premièrement, le ministère de l’Énergie et non le ministère de la Défense était celui qui a publié la déclaration, ce qui implique qu’il s’agit d’un problème pour l’industrie de l’énergie et pas un problème de sécurité. Deuxièmement, l’avion est décrit comme venant depuis la mer - c’est-à-dire de l’Iran, qui s’étend de l’autre côté du golfe Persique, ou des navires qui circulaient dans le golfe Persique. Et troisièmement, l’Arabie saoudite ne croit pas le fait que les Houthis ont revendiqué l’attaque, car ils sont situés à 1 000 kilomètres au sud-ouest de Ras Tanura tandis que “la mer” est à l’est de cette région. »

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« Il est probable que les services de renseignement saoudiens savent parfaitement qui a attaqué le royaume et d’où, mais qu’ils choisissent de ne pas révéler cette information », indique Mordechai Kedar avant d’ajouter : « Le fait que l’Arabie saoudite n’attaque pas l’Iran en réponse aux frappes contre des cibles stratégiques saoudiennes découle de l’équilibre des pouvoirs entre les deux pays. D’un point de vue militaire, le royaume est substantiellement plus faible que l’Iran. En outre, le fait que la position de la diplomatie saoudienne [chez les pays occidentaux, NDLR] est meilleure que celle de l’Iran n’a pas amené les pays du monde – non même les États-Unis pendant le mandat de Trump - pour lui offrir une assistance active.

Le monde est prêt à doter le royaume de systèmes antimissiles et antiaériens, mais ne dépêchera apparemment pas de forces aériennes, navales ou terrestres pour le sauver. Les Saoudiens comprennent très bien l’équilibre des forces vis-à-vis de l’Iran, et ils continuent donc d’absorber tranquillement les coups iraniens. Ils sont bien conscients du prix énorme qu’ils paieraient dans une guerre directe avec l’Iran, et n’ont donc pas ouvertement blâmé l’Iran pour les attaques. »
L’article continue : « Israël doit prendre au sérieux l’attaque contre l’Arabie saoudite, puisque ceux qui attaquent des sites sensibles en Arabie saoudite par des missiles et des drones peuvent également frapper des installations stratégiques israéliennes et si personne n’assume la responsabilité d’une telle attaque, ce sera difficile pour Israël d’y riposter. »
Mordechai Kedar a conclu : « La conclusion la plus importante qu’Israël devrait tirer des frappes sur les installations pétrolières saoudiennes, c’est que Riyad est incapable de se défendre efficacement, et tout progrès diplomatique avec l’Arabie saoudite doit être basé sur cette réalité. Si, un jour, l’établissement de liens israélo-saoudiens est déclaré, on espère qu’ils comprendront une annexe secrète qui garantit qu’Israël n’est en aucun cas obligé de défendre l’Arabie saoudite contre “tout ennemi qui se trouve dans la mer”. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV