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Maarib tombé, la Résistance cherche-t-elle à changer le destin énergétique du Moyen-Orient?

Capture d'écran, le nouveau missile de la Résistance yéménite exposé le 11 mars 2021.

Cette pseudo-offre de paix que les États-Unis viennent de médiatiser et qui n'inclut ni une levée de l'embargo ni une reprise d'aide à l'encontre des civils yéménites mais qui est servie à outrance par les médias mainstream pour accuser la Résistance yéménite de bellicisme, et d'inverser les rôles du bourreau et de la victime, en dit long sur l'état dans lequel se trouve désormais le camp US/Golfiens à l'approche de la libération de Maarib encercle désormais de trois côtés, est, nord et sud d'une distance de 3 à 10 kilomètres. 

En effet, cette province qui réunit à elle seule une grosse partie de la population yéménite, bien qu'elle ne représente qu'un tiers du territoire, a tout en soit, du pétrole, du gaz, des ressources hydrauliques, de l'électricité, des terrains fertiles et cultivables et un barrage on ne peut plus stratégique. De surcroit, elle est la porte d'entrée de l'Arabie vers le sud du Yémen, sa seule voie terrestre vers Aden et les ports méridionaux et disons-le clairement, là où l'Arabie saoudite pourrait espérer pouvoir un jour exporter ses 10 millions de barils par jour sans avoir à traverser le « périlleux » détroit d'Hormuz. Un pipeline qui transiterait Shebwa en provenance de Maarib pourrait bien faire l'affaire si la grande guerre éclate dans le golfe Persique.  

À cet égard, ce qui vient de se passer le 7 mars contre la côte est saoudienne avec ce méga parc pétrolier de Ras Tanoura et de Khobar où chargent et déchargent quotidiennement 7 millions de barils dans des supertanker de Halliburton, de BP..., est plus qu'une « opération militaire réussie » que la Résistance yéménite a faite d'une main de maître à coup de huit missiles et 14 drones Samad -3 et Qassef K2 qui ont superbement percé le bouclier antimissile US/Cie étalé à travers toute la rive sud du golfe Persique. Le ministre yéménite de l'Information, Fahmi Zahran, vient de le dire ce dimanche : « notre opération Dissuasion 6 a été douloureuse pour les États-Unis... Cette opération a eu plusieurs message dont l'un directement adressé aux USA qui dirigent de facto Aramco bien que c'est une entreprise saoudienne.  Aramco, les profits qu'ellle accumule vont droit aux Américains, aux Israéliens et aux Otaniens qui ne laissent que des miettes pour les peuples des régions pétrolifères saoudiennes. Depuis 40 ans Aramco a généré de l'argent qui n'a servi qu'à remplir les arsenaux d'armes du royaume et là encore au grand bénéfice des Occidentaux. Ce géant pseudo-saoudien couvre les marchés de consommation des pays de l'OTAN entre autres. Le fait de la viser, revient à viser les USA et l'OTAN au coeur. Surtout que Ras Tanoura et Khobar tout comme Dharan et Dammam abritent quelques 20. 000 employés américains et britanniques et que cette côte est un épicentre énergétique pour l'économie néolibérale. »

Et le ministre yéménite d'ajouter : Maarib et côte est saoudienne relèvent donc d'une bataille fatidique qui a pour le contexte le pétrole, nerf des politiques colonialistes, et impérialistes des architectes du Moyen Orient élargi. Avec Dissuasion 6, les forces yéménites ont tenté d'envoyer un double message aux Américains : Que les USA cessent vraiment de vendre des armes aux Saoudiens. Que les Saoudiens cessent leurs crimes. 

Le message a-t-il été entendu par les Américains?  De retour d'une visite de plusieurs jours dans la région, l’envoyé spécial des États-Unis pour le Yémen, Timothy Lenderking, a annoncé que le plan américain du cessez-le-feu avait été proposé au leader des comités populaires (Ansarallah) du Yémen . Un plan « boiteux » puisque ne contenant rien qui puisse ressembler de près ou de loin à une levée du blocus. En réponse aux allégations du représentant américain et au contenu du plan de Washington, une source proche de la diplomatie yéménite a déclaré que le plan américain pour le Yémen dicte des conditions dures au gouvernement de Sanaa. Les clauses les plus fondamentales du plan avancent un cessez-le-feu et la reprise des pourparlers diplomatiques. Et c'est tout. C'est comme l'a dit, le porte-parole du Mouvement populaire d’Ansarallah, Mohammad Abdessalam un « complot » visant à exacerber la crise yéménite et surtout à stopper la bataille de Maarib sur fond du déploiement rapide des forces US/Israël qui est en train de se faire sur les îles occupées du Sud à savoir Mayyun (Périm) et Socotra, tout près du détroit de Bab el-Mandeb et alors même que la bataille navale s'est déplacée du golfe Persique vers la Méditerranée et la mer Rouge. 

« Ce que l'envoyé américain a, précise le responsable d’Ansarallah, mis en avant au nom du rétablissement de la trêve, n'a rien de nouveau et va dans le prolongement des politiques saoudiennes et onusiennes envers le dossier yéménite. Dans ce plan, il n'y a aucun signe de cessez-le-feu, mais seules quelques modifications formelles menant au retour du siège sous la forme diplomatique. Figurent parmi les conditions avancées dans ce plan, la détermination des destinations des vols en provenance de l’aéroport international de Sanaa et la délivrance des permis nécessaires par la Coalition d'agression, conduite par l’Arabie saoudite. S'ils avaient vraiment souhaité voir l'agression et le blocus du Yémen prendre fin, ils auraient officiellement annoncé la fin de la guerre et du siège du pays déchiré par la guerre, et nous nous en serions félicités. En mettant sur la table leurs propres conditions pour la paix du Yémen, les Américains ont prouvé une fois de plus qu'ils soutiennent en catimini les agresseurs au sein de la coalition arabe, et qu'il n'y a pas de réel changement dans le plan de la paix du Yémen. »

À vrai dire l'empressement US renvoie à une double préoccupation : la perte de Maarib revient à soumettre définitivement le transit du pétrole saoudien au bon vouloir de l'axe de la Résistance qui, par Iran interposé, pourrait bloquer le détroit d'Hormuz en cas de guerre. Ce levier de pression potentiel vient de se combiner à un autre, celui-ci effectif et qui est la capacité balistique à longue portée d'Ansarallah qui vient de montrer à Ras Tanoura et à Khobar sa puissance paralysante. Le vendredi 12 mars, Ansarallah a dévoilé une collection d'armes qui promettent une amplification significative de la guerre des voies de transit énergétique d'ici les semaines à venir : drones, missiles, mines marines, entre autres. 

Les combattants d’Ansarallah ont pris le contrôle des régions stratégiques de Hama al-Seyyed et certaines autres zones, et ont eu de nouvelles avancées dans le nord et l'ouest de Maarib. En dépit du soutien des chasseurs appartenant à la coalition saoudienne, les mercenaires de Mansour Hadi ont subi d'importantes pertes. Le préfet de la province de Maarib, l’un des proches du président fugitif, Mansour Hadi, a récemment reconnu que 18 000 personnes avaient été tuées et des milliers d'autres blessées, et que les forces de Sanaa avançaient sur trois axes.

Les pays puissants du monde qui préféraient jusque-là garder le silence sur la poursuite de la guerre et le siège du Yémen, plaident maintenant pour un cessez-le-feu dans la province pour « préserver les ressources pétrolières » et la position stratégique de Maarib, et ce en dépit de l'appui désormais totalement inefficace des hordes d'Al-Qaïda et de Daech. Signe que l'armée de l'air de la coalition a elle aussi perdu la bataille. L'axe de la Résistance est-il en train de changer l'avenir « énergétique » du Moyen-Orient de déposséder les puissances pétrolivores de leur assise séculaire dans la région, bref de fonder le noyau d'une vraie OPEP? 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV