Le conseil des gouverneurs de l'AIEA vient de commencer sa réunion consacrée au nucléaire iranien sur fond d'une sévère mise en garde : à la moindre incartade, l'Iran va rompre son accord provisoire de trois mois qu'il a conclu lors de sa toute récente visite de Grossi à Téhéran. C'est un accord qui tout en signant le retrait de l'Iran du protocole additionnel promet de remettre au bout de trois mois à l'Agence les données recueilles par les caméras de cette instance sur les sites nucléaires iraniens en échange d'une levée complète et vérifiable des sanctions US contre l'Iran. Plutôt dans la journée le porte-parole de la diplomatie iranienne a rejeté d'emblée l'idée d'une réunion informelle sur l’accord nucléaire avec les parties américaine et européenne. L’Iran marche sur la bonne voie. L’Occident n’aura qu’à se plier. Le chef de l'Organisation de l'énergie atomique d’Iran (AEOI), Ali Akbar Salehi, a mis en garde le Conseil des gouverneurs de l'Organisation internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'éviter d'adopter une résolution contre l'Iran en raison de la suspension du Protocole additionnel [TNP], sous la pression et l'influence des États-Unis. Une telle action hostile amènera Téhéran à répondre, a-t-il averti.
Faisant référence à une récente déclaration conjointe entre l'AEOI et l'AIEA sur l'arrêt volontaire par l'Iran du Protocole additionnel au Traité de garanties, il a indiqué que l'annexe à cette déclaration était confidentielle. Aucune condition particulière n’a été posée à cet égard, et selon les informations détaillées sur la liste des installations et des caméras de surveillance mentionnées dans cette annexe, ainsi que pour des raisons de sécurité et la nécessité de masquer l’emplacement des principales installations en Iran, cette annexe restera confidentiel, a noté Ali Akbar Salehi. L'Iran a rejeté ce dimanche 28 février toute idée de réunion informelle avec les États-Unis et l'Union européenne pour discuter de la relance l'accord nucléaire de 2015, insistant sur une levée par Washington de toutes ses sanctions unilatérales.
« Compte tenu des récentes actions et déclarations des États-Unis et de trois puissances européennes, l'Iran ne considère pas que le moment est venu de tenir une réunion informelle avec ces pays, ce qui a été proposé par le chef de la politique étrangère de l'UE », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. A quoi joue l'Iran?
"Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Biden a essayé de sauvegarder surnoisement et sous les apparences dialogiques, les « acquis » de son prédécesseur et d’exploiter au maximum les sanctions économiques et leurs effets négatifs sur l’économie iranienne. La stratégie du nouveau gouvernement US consiste d’une part à maintenir le mécanisme des sanctions pour faire pression sur les éléments de pouvoir de l’Iran entre autres la technologie des missiles balistiques et procéder de l’autre à des "aumônes" au compte-gouttes à destination de l’Iran pour pouvoir ainsi poursuivre des efforts « diplomatiques » et atteindre son but à savoir priver l’Iran à la fois de son nucléaire et de ses missiles. Or l'Amérique n'est pas en position d'imposer quoi que ce soit : sur le plan militaire, comme l'a affirmé le commandant en chef des forces armées iraniennes, dimanche au micro des journaliste, le bilan US est fort mitigé :" Fin décembre-mi janvier, l'Iran a organisé et accompli 10 exercices en moins de 15 jours. Une méga manœuvre de drone au centre de l'Iran puis une manœuvre navale avec le dévoilement du navire logistique Makran, puis un exercice terrestre hybride sur la cote du sud et dans le sud est du pays et enfin un exercice naval conjoint avec la Russie. L'US Navy n'a pas bronché tout simplement parce qu'elle en a été incapable"; Sur le plan diplomatique, l’Iran a aussi remporté la bataille puisque il est bel et bien sorti gagnant du conflit de la politique de pression maximale de Trump. Et de ce fait iln’accepterait jamais de renoncer à son programme nucléaire et ce, pour le peu de concessions que pourraient lui accorder Washington.
Surtout que les problèmes et les sanctions économiques US n’auraient plus d’influence sur son économie, les Iraniens maitrisant désormais et royalement les méthodes de stérilisation des sanctions US. Pour une Amérique, dépassée par les événements internes, et en guerre ouverte contre la Chine et la Russie, difficile d'en rajouter. Confrontés à de problèmes majeurs, les Américains sont conscients qu’ils ne sont pas, dans les circonstances actuelles, en mesure de s’engager en même temps dans plusieurs fronts, en l’occurrence l’Iran et la Chine. Cela fait d'ailleurs longtemps que « l'option militaire » anti-Iran a quitté la table des Américains qui n’osent même plus répéter que toutes les options sont sur la table. Tout ce qu'on entend c'est une insistance pathétique sur des solutions diplomatiques. D'ailleurs la toute première démonstration de force de Biden contre l'Iran et ses alliés à Abou Kamal en Syrie a été une "déconfiture" révélant au grand jour l'ampleur des limites auquel Washington fait face face à l'axe de la Résistance.
Il ne leur reste donc que deux voies aux USA : faire de promesses - bien sûr fausses - pour pouvoir stopper les activités nucléaires iraniennes ou bien annuler immédiatement toutes les sanctions. La première méthode, la même utilisée par Obama, n’a plus d’utilité - elle n'en avait d’ailleurs jamais. Quant à la deuxième option, les États-Unis ne la souhaitent aucunement mais elle serait pourtant moins coûteuse qu’une guerre déjà échouée, l’Iran ayant prouvé sa puissance militaire. L’Iran marche sur la bonne voie. Le "Grand Satan" Occident n’aura qu’à se plier.