Sur fond de pronostics sur un retour américain à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien au grand dam d’Israël, l’éditorialiste du journal arabophone londonien Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, établit sa synthèse en s’appuyant sur les récentes publications des médias israéliens et américains, ce qui n’empêche de conclure qu’Israël sera le grand perdant, peu importe que les États-Unis reviennent à l’accord sur le nucléaire iranien, ou que le régime israélien s’implique dans une confrontation militaire à proprement parler avec l’Iran. Les lignes qui suivent résument l’article du journaliste arabe Abdel Bari Atwan.
« Le journal israélien Jerusalem Post a récemment publié un rapport d’après lequel le régime de Benjamin Netanyahu a reçu un nouveau lot d’avions furtifs F-35, et qu’il s’emploie à les développer, afin de les rendre capables de transporter des missiles nucléaires. À cela s’ajoute, selon JPost, des avions de transport KG46A capables de ravitailler les F-35 et autres aéronefs pour en augmenter la durée de vol afin de pouvoir atteindre le territoire iranien, sans oublier les missiles anti-balistiques à longue portée Arrow et d’énormes quantités de munitions destinées au fameux Dôme de fer.
À ces informations, l’Iran a réagi par le dévoilement du système radar avancé Bahman que le commandant de la Force de DCA de la RII, le général de brigade Alireza Sabahifard, a décrit comme “unique au monde”, capable de détecter toute sorte de drones ou micro-drones volant à basse altitude.
Israël dispose certainement d’avions furtifs américains F-35 ainsi que de cinq sous-marins allemands Dolphin ; mais de point de vue technologique, la majeure partie de l'armement israélien pourrait s’avérer inefficace et incompatible avec les conditions géographiques des zones désertiques ou urbaines du Moyen-Orient. De plus, personne ne sait avec certitude quelles armes “secrètes” iraniennes apparaîtront au moment opportun.
Il faudrait par ailleurs se rappeler que le front intérieur israélien sera l’arène principale de toute prochaine guerre ; le général israélien, Yitzhak Brick, avait peut-être raison lorsqu’il disait dans une interview à Channel Seven : “Le Hezbollah possède quelques centaines de missiles de haute précision (sur un total de 150 000 en sa possession), suffisant pour plonger Israël dans les ténèbres pendant de longues années.”
Le haut gradé militaire israélien a poursuivi, en disant : “Trois ou quatre missiles de précision suffisent à détruire complètement une centrale électrique, idem pour les installations d’eau potable ou autres infrastructures israéliennes.”
Par ailleurs, la profondeur stratégique de l’Iran rendra stérile toute frappe au missile ou nucléaire israélienne qu’on puisse imaginer. En effet, le largage de deux bombes sur Hiroshima et Nagasaki au cours de la Seconde Guerre mondiale n’a pas détruit tout le Japon, et le pays a réussi sa reprise et son retour à sa position économique d’avant la guerre. Or, la superficie d’Israël ne dépasse pas celle des plus petites provinces iraniennes. Et contrairement à la situation du Japon à l’époque de ce crime américain, les armements avancés dont dispose actuellement la RII lui assurent une capacité de riposte à tout éventuel élan aventuriste israélien, d’au moins de trois côtés.
On sait que des missiles “expérimentaux” et moins avancés de fabrication iranienne ont vaincu toutes les défenses antimissiles de fabrication américaine et atteint leurs cibles dans les profondeurs saoudiennes ; alors que se passerait-il si l'Iran décide de recourir aux missiles de haute précision qui n’ont pas encore été dévoilés afin d'en préserver le secret ?
Si l’appareil militaire américain avait su que l’Iran possédait des missiles capables d’abattre son “drone” très avancé Global Hawk et de l’atteindre à une altitude de 20 kilomètres au-dessus du détroit d’Hormuz, il ne se serait jamais aventuré dans l’espace aérien du golfe [Persique]. »
Atwan fait ensuite allusion à un récent article de la revue américaine The National Interest qui a prédit le déclenchement d’une guerre entre Israël et l'Iran. L’éditorialiste du journal américain a prétendu que le spectre d’une frappe militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes planait désormais dans le ciel de la région, compte tenu de la course aux armements et sur fond d’inquiétudes israéliennes liées à un éventuel retour des États-Unis à l’accord nucléaire, connu sous le nom du Plan global d’action conjoint (PGAC ou JCPOA selon le sigle anglais). L’annonce par l’armée israélienne de la formation, dans un proche avenir, d’un nouvel organe chargé de planifier une confrontation avec l’Iran aurait également été un signe précurseur à cet égard, selon le journaliste arabe, qui achève en ces termes son éditorial pour Rai al-Youm :
« Toujours est-il qu’Israël serait le plus grand perdant, que l’Amérique revienne ou non à l’accord nucléaire ; un retour des États-Unis au PGAC signifiera la levée des sanctions imposées à l’Iran, permettant à ce pays de reprendre ses exportations de pétrole et récupérer des dizaines de milliards de fonds gelés. Ces évolutions permettront aux Iraniens de développer leur arsenal militaire et investir dans les armements offensifs. »
Et si les États-Unis ne reviennent pas à l’accord nucléaire ? Abdel Bari Atwan conclut que dans ce cas là, l’Iran procédera à des taux d’enrichissement encore plus élevés, ce qui pourra exacerber davantage les tensions entre l’Iran et le régime israélien et renforcera le risque d’une confrontation militaire. « Dans ce cas-là, Israël sera la première cible sur la liste de la vengeance iranienne », conclut l’article.