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Le pari perdu d'une Arabie "israélisée" ou comment Biden va sacrifier Ben Salmane

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Mohammed ben Salmane, le prince héritier de l'Arabie saoudite. (Photo d'archives)

L’aéroport international d’Abha a été de nouveau frappé par les forces yéménites. 
Le porte-parole des forces armées yéménites, le général Yahya Saree, a déclaré dimanche 14 février que les combattants yéménites avaient attaqué l’aéroport international d’Abha en Arabie saoudite en réponse aux raids aériens saoudiens et au blocus du Yémen par la coalition d’agression dirigée par Riyad. 
L’aéroport saoudien a été frappé par deux drones de type Sammad-2 et Sammad-3.
Six ans après son déclenchement, la guerre du Yémen est porteuse de nombreuses leçons stratégiques, militaires et politiques, indique le site web Al-Quds al-Arabi

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« La guerre du Yémen semble vivre ses dernières phases en raison des capacités accrues des Yéménites de prendre pour cible le territoire saoudien ainsi qu’à la décision de Washington de mettre un terme sur son soutien à la coalition d’agression saoudienne, mais avant qu’elle ne prenne fin, il convient d’en tirer des leçons. Comment un pays riche aux immenses ressources militaires s’est vu incapable non seulement de remporter la guerre, mais de protéger son espace aérien et sa terre ? », indique l’article. 

Al-Quds al-Arabi continue : « Les résultats de la guerre du Yémen sont à l’inverse de ce que les Saoudiens souhaitaient, d’autant plus qu’ils ont été discrédités aux yeux de la population mondiale pour avoir attaqué son voisin du sud. Mais ce qui préoccupe Riyad est la puissance en pleine croissance des Houthis yéménites. Le budget militaire de l’Arabie saoudite est passé à 70 milliards de dollars en 2019, ce qui plaçait ce pays au troisième rang après les États-Unis et la Chine. Autrement dit, l’Arabie saoudite dépense près de 10% de ses revenus pour le secteur militaire alors qu’un pays comme la France n’en dépense que moins de 2%.

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Or, la guerre du Yémen a prouvé que même un budget de 70 milliards de dollars peut ne pas fonctionner et c’est une chose sans précédent dans l’histoire du militarisme du monde ».
Comment un budget aussi faramineux peut-il se montrer inefficace ?

Al-Quds al-Arabi répond : « Les achats d’armes de Riyad se font beaucoup entendre sur les médias. Cependant, les équipements militaires dont disposent les Saoudiens restent bien limités et ne reflètent pas leur remarquable budget militaire. L’Arabie saoudite est dépourvue d’un système de défense antiaérienne efficace et elle a du mal à subvenir à ses besoins en armements après le refus de l’Union européenne et ensuite des États-Unis de lui vendre des armes. Alors que le budget militaire de l’Arabie saoudite est supérieur à celui de tous les pays arabes et africains, ses capacités militaires sont pourtant inférieures par rapport au Maroc, à l’Algérie ou à l’Égypte ». 

Et d’ajouter : « Pour se protéger face aux attaques au missile et au drone des Yéménites, Riyad a fait appel aux experts américains, britanniques et français. Le Pentagone est allé plus loin en envoyant des experts en Arabie saoudite pour identifier les endroits où les missiles doivent être tirés, mais aucun succès n’a été réalisé. Pire encore, les Saoudiens ne savaient pas comment utiliser les batteries de Patriot et les États-Unis ont été obligés d’y envoyer une autre équipe d’experts militaires ». 

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Selon Al-Quds al-Arabi, « l’inefficacité des Patriot, considérés comme l’un des systèmes de défense antiaérienne les plus sophistiqués du monde, face aux missiles balistiques yéménites reste une grande surprise dans l’histoire militaire du monde ». 
Dans la foulée, le quotidien américain The New York Times a publié un article le 5 décembre 2017 sur l’échec des batteries de Patriot : « Le fait que Patriot n’a pas réussi à empêcher les missiles yéménites d’atteindre l’aéroport militaire Khaled est un événement préoccupant pour la sécurité nationale des États-Unis. Pour détruire un simple missile yéménite, il faut sept missiles Patriot. Qu’est-ce qui se passera en cas du déclenchement d’une guerre opposant l’Iran à l’Arabie saoudite ou aux États-Unis ? »

Al-Quds al-Arabi s’est ensuite attardé sur les quatre leçons à tirer de la guerre du Yémen :
Premièrement, Mohammed ben Salmane n’a pas pu s’imposer comme leader sunnite du monde arabe, car sa guerre a semé le chaos chez la communauté sunnite.    
Deuxièmement, la guerre a révélé la vulnérabilité du secteur militaire saoudien et prouvé que l’Arabie saoudite n’était pas aussi puissante que l’Iran et le Pakistan, voire l’Égypte. Elle a toujours besoin des Américains, des Britanniques ou des Français pour pouvoir se défendre
Troisièmement, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont reconnus par le monde entier comme étant des pays qui ont commis des crimes contre l’humanité. 
Et quatrièmement, les missiles ont prouvé, une fois de plus, qu’ils étaient en mesure de modifier les équations dans une quelconque guerre et que le rôle des avions de combat avait été déjà restreint. C’est pourquoi la plupart des pays du monde cherchent à développer leurs capacités balistiques afin de renforcer leur puissance de dissuasion. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV