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L'Iran reprend l'enrichissement à Fordo: réaction de Washington?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'Iran reprend l'enrichissement dans les installations nucléaires de Fordo. © FARS

Dans une interview accordée à l’agence de presse iranienne ILNA, Hassan Beheshtipour, spécialiste des questions internationales, a évoqué les récentes actions de l’armée américaine dans la région et la possibilité d’un conflit militaire entre l’Iran et les États-Unis :

« Le ballet des navires et des armements US au Moyen-Orient n’est qu’un stratagème pour intimider l’Iran en cette période où nous célébrons le premier anniversaire du martyre du général Qassem Soleimani et s’ils tentent quoi que ce soit, notre riposte sera irréversible », a-t-il averti.

« Il semble tout de même que les États-Unis ne cherchent pas le conflit », a-t-il indiqué.

Sur fond de la crise sanitaire mondiale due à la Covid-19 et une passation du pouvoir mouvementé, les États-Unis font face à d’innombrables et sérieux défis.

En outre, le Congrès américain a infligé vendredi 1er janvier une humiliation inédite à Donald Trump en contournant, à une très large majorité, son veto à l’énorme budget de la défense. La majorité des élus républicains ont joint leur voix aux démocrates, défiant leur chef au crépuscule de son mandat, pour adopter ce budget de 740 milliards de dollars.

Donald Trump vit définitivement une fin de mandat compliquée. Pour la première fois, son droit de veto a été outrepassé par le Congrès.

« Dans ces circonstances, la probabilité d’une attaque américaine, même limitée, contre l’Iran est très faible, étant donné les conséquences que cette attaque pourrait avoir pour la région et les États-Unis », explique Hassan Beheshtipour. Trump, en revanche, s’est prononcé contre la guerre et s’interroge sur les milliards de dollars dépensés par les États-Unis en Irak et en Afghanistan sans avoir atteint leurs objectifs.

« Par conséquent, sur la base d’une analyse raisonnée, nous pouvons prédire qu’il y a 5 % de chances que Trump se lance dans une telle aventure. M. Zarif a également averti sur Twitter que les forces cherchant à provoquer un conflit, comme l’Arabie saoudite ou Israël, pourraient imputer à l’Iran des actions malencontreuses menées à l’intérieur de l’Irak, incitant les États-Unis à lancer une nouvelle offensive contre l’Iran. Israël et l’Arabie saoudite cherchent vraiment à créer un conflit entre l’Iran et les États-Unis, mais le contexte actuel n’y est pas propice. »

Lire aussi : Qaani : la riposte à l’assassinat du général Soleimani pourrait avoir lieu en territoire américain

D’un autre côté, M. Beheshtipour a fait allusion à tout ce que Trump pourrait faire pour bloquer les pourparlers entre Joe Biden et Téhéran :

« Dès le début, lorsque les résultats des élections américaines sont tombés, on a pensé que Trump pouvait mettre des bâtons dans les roues de Biden pour l’empêcher de démarrer le processus de normalisation des relations avec l’Iran. C’est une hypothèse qui ne peut pas être considérée comme un réel tournant. Il est peu probable que Trump prenne un risque aussi grand pour défier le prochain président des États-Unis… »

L’autre point est que la Maison-Blanche ne peut prédire aucune perspective de guerre. Le plan de Trump était d’exercer une « pression maximale » contre l’Iran et de provoquer ainsi sa désintégration interne. Il voulait atteindre leur objectif avec le moins de dépense et sans guerre, mais il n’a pas réussi. Mais ça ne peut pas être exclu de manière générale et absolue.

Au sujet de la possibilité pour Biden de renouveler l’adhésion de son pays au PGAC sans condition préalable, malgré l’extrémisme et le sentiment anti-iranien qui règne sur son équipe, l’expert iranien a fait savoir que la définition de l’extrémisme était différente d’un pays à l’autre :

« Si notre indicateur est uniquement l’Iran, nous pouvons présenter les choses de cette façon. Mais si nous sommes réalistes, la définition du radicalisme et du conservatisme dans le monde est différente, et si nous comparons les définitions, le conseiller à la sécurité nationale et le secrétaire d’État désignés par Biden ne sont pas des extrémistes. Mais si Biden veut agir sagement et rationnellement, il doit revenir dans le PGAC sans condition préalable. Ce sera à la fois dans l’intérêt des États-Unis et de l’Iran. »

« Nous pensons que les États-Unis sont une variante indépendante et l’Iran est une variante dépendante ; autrement dit, les États-Unis agissent et l’Iran les regarde faire. Mais nous devons considérer les deux côtés, c’est-à-dire les comportements de part et d’autre sont efficaces. Que Biden revienne au PGAC au mois de février signifie que cette équation a deux côtés et nous devons faire attention aux deux côtés. »

Par ailleurs, l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (OEAI) a annoncé, samedi, qu’elle entamera bientôt l’enrichissement de l’uranium à 20 % dans ses installations atomiques souterraines de Fordo.

Et d’ajouter : « Lorsque nous envoyons ce message, cela signifie que nous ne voulons pas négocier, et c’est très clair, explique M. Beheshtipour. Nous pensons que nous pouvons avoir le dessus dans les négociations en agissant ainsi, mais l’autre partie aussi veut avoir le dessus. Étant donné que nous avons commencé l’enrichissement à 20 %, vont-ils se résoudre à lever les sanctions ? L’histoire se déroulera-t-elle ainsi ?

Si dans le passé, ces actions les ont amenés à nous faire des concessions, elles le font toujours. À cette époque, lorsque nous avons repris l’enrichissement et brisé les sceaux des installations de UCF Isfahan et de Natanz, quel a été le résultat ? Nous ont-ils proposé de régler la question par le dialogue ? Ont-ils porté l’affaire au Conseil de sécurité de l’ONU et émis six résolutions contre l’Iran ? Il faut voir et analyser les faits dans leur ensemble. »

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV