Malgré les réactions négatives à l’idée de la mise en place d’un centre militaire conjoint turco-russe au Haut-Karabakh, le ministère turc de la Défense a fait part, dans un communiqué, de la signature d’un accord avec Moscou, prévoyant la création d’un tel centre, destiné à contrôler le respect du cessez-le-feu.
« Les responsables d’Ankara et de Moscou sont tombés d’accord sur les principes des activités du centre militaire conjoint qui devra superviser le cessez-le-feu dans la région du Haut-Karabakh », indique le communiqué du ministère de la Défense.
Lire aussi: Caucase embrasé : Axe US/Israël/Sultan réussira à piéger Poutine.... et l’Iran ?
La Turquie exagère sa présence militaire au Haut-Karabakh :
Le ministère turc de la Défense fait part de la signature d’un accord avec la Russie, alors que Moscou a, à plusieurs reprises, souligné que les seules forces russes qui seraient déployées au Haut-Karabakh étaient les forces de maintien de la paix.
Lire aussi: Et si Poutine passe à l’offensive pour couper l’afflux des terroristes vers la Caucase...
En plus, l’accord en dix plans, qui a été conclu le 9 novembre, entre la République d’Azerbaïdjan et l’Arménie, sous la médiation de la Russie, n’autorise pas une présence militaire turque dans la région du Haut-Karabakh.
Il va de soi que le soutien d’Ankara à la République d’Azerbaïdjan, lors du conflit du Karabakh, a rendu le terrain propice à une coopération plus étroite entre ces deux pays. Or, les récents commentaires d’un haut responsable turc, selon lesquels l’Azerbaïdjan a fait une grande concession à la Turquie, semblent marqués d’exagération. Idem pour le déploiement des forces militaires turques au Haut-Karabakh.
Plus tôt, le ministère turc de la Défense avait annoncé que l’armée s’était déployée dans la région du Karabakh afin d’y neutraliser les explosifs.
Le ministère a également ajouté que les forces turques allaient fournir les formations nécessaires aux soldats azerbaïdjanais sur les opérations de déminage.
La Turquie a besoin des acquis exagérés :
Le fait que de petits groupes de militaires turcs se sont rendus sur place pour déminer et sécuriser les terres qu’a récupérées la République d’Azerbaïdjan et former les soldats azerbaïdjanais n’équivaut pas la signature d’un accord entre Ankara et Moscou pour légitimer la présence turque au Haut-Karabakh. Cependant, les dirigeants turcs, qui ont subi des échecs dans d’autres coins du monde, semblent très contents de la présence de l’armée turque au Haut-Karabakh et tentent d’exagérer cette réalité aux yeux de l’opinion publique turque.
Lire aussi: Shousha-Lachin : les drones russes activés, les colonnes terroristes pulvérisées
Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan aura besoin des votes de l’électorat turc en 2023 ; faire l’étalage de ses acquis au Haut-Karabakh pourra aider Erdogan à vaincre ses rivaux.
Une présence militaire étrangère, interdite par la Constitution azerbaïdjanaise
Il est à noter que la Constitution de la République d’Azerbaïdjan interdit la présence des troupes étrangères sur le sol du pays.
Bien qu’il ne soit pas très difficile de soumettre à des amendements la Constitution d’une République qui a proclamé son indépendance de l’Union soviétique, il est peu probable que le gouvernement d’Ilham Aliev s’intéresse à un déploiement militaire étranger dans son pays, d’autant plus que la présence des forces turques en République d’Azerbaïdjan ne bénéficiera nullement à Bakou.