Le silence de Biden sur l'assassinat terroriste de Fakhrizadeh le 27 novembre à Abssard commence à inquiéter à Tel-Aviv : l'analyste de Haaretz, Rogel Alpher se demandait dimanche si Netanyahu, comble de folie, n'irait pas "charger le Mossad de liquider Biden" pendant les quelques semaines restant de mandat de Trump, "puisque ce dernier serait favorable à un retour à l'accord de Vienne"... En effet, cette méga mèche que l'axe US-Israël vient d'allumer en plein cœur du Moyen-Orient, pourrait avoir des répercussions bien plus vastes que ne le croit le régime de Tel-Aviv dans l'environnement immédiat de l'Entité. Comment?
Un récent article de Brookings Institut, officine animé par les sionistes américains qui rappelons-le, ont voté à 77% contre Trump plaide toute bonnement le retrait des forces US d'al-Tanf. En faisant référence aux forces "pro-régime", attribut utilisé par les milieux américains et israéliens pour qualifier ces milliers de jeunes issus des tribus de l'est de l'Euphrate et placés sous le drapeau de l'armée tribale, l'article commence à peser le pour et le contre d'un maintien de cap US à al-Tanf, ce point de passage stratégique placé au cœur des pourparlers des émissaires de Trump avec le conseiller suprême du président Assad pour la Sécurité, le puissant Mamlouk.
Pourquoi? Le maintien de la présence américaine à al-Tanf entraîne des coûts tangibles et intangibles... Sécuriser al-Tanf nécessite plus qu'un petit nombre de soldats comme c'est le cas aujourd'hui. Premièrement, les troupes doivent être capables de se protéger face aux menaces croissantes, et ce, grâce à une force de réaction rapide, un soutien d'artillerie, une capacité médicale et un effort de renseignement robuste pour détecter les menaces puis les contrer. Or rien de tout cela n'existe à al-Tanf. Deuxièmement, les troupes US doivent avoir une puissance de feu à proximité ou sur appel pour dissuader, et si nécessaire, répondre à l'agression. On sait que les groupes pro-iraniens détiennent dans cette localité des bases solides et qu'ils disposent des drones armés, des roquettes voire des cartouches à missiles et qui rongent les freins pour en découdre avec les forces US. Déjà les convois militaires américains opérant sur l'est de l'Euphrate ne sont plus trop en sécurité vu des attaques dont ils font l'objet. La perspective que la puissance aérienne de la coalition soit utilisée pour défendre le drapeau américain au-dessus d'al-Tanf est l'élément dissuasif décisif mais a l'heur qu'il est, on parle de la DCA syrienne élargie à l'est du pays, des missiles sol-air made in Iran qui pourraient mettre en danger des vols militaires. Le périmètre de sécurité de 55 kilomètres déjà annoncé n'est plus que l'ombre de lui-même et si on veut maintenir la pression aérienne, cela nécessite que les cellules soient en vol, ravitaillées et prêtes à se battre à tout moment.
Mais le coût n'est que la pointe de l’iceberg : il y aura des risques d'escalade avec la présence militaire américaine étendue à al-Tanf. La Russie a déjà agi de manière provocante contre les forces de la coalition à al-Tanf dans au moins deux cas, en juin 2016 et en septembre 2018. Le régime syrien et ses mandataires soutenus par l'Iran ont réussi à déblayer le terrain juste à l'extérieur de la zone de déconfliction de 55 kilomètres qui isolait les forces d'al-Tanf et ils continuent à resserrer l’étau dans des actes de légitime défense, les forces de la coalition ont frappé les forces dirigées par l'Iran à au moins trois reprises et abattu un drone iranien. Les États-Unis seraient-ils capables de contrôler l'escalade si un Américain était tué? Déjà dans l'ouest de l'Irak la situation paraît de plus ne plus incontrôlable. En cas de clash l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak pourraient faire front contre les troupes US. »
Les États-Unis ont un rôle à jouer pour garantir que leurs partenaires soient en sécurité mais pas au prix de leurs propres intérêts. Une petite empreinte américaine dans le nord-est de la Syrie pourrait maintenir la pression et rassurer les forces démocratiques syriennes... le président Biden devra décider d'un désengagement d'al-Tanf surtout s'il veut s'intéresser aux autres parties du monde. »
Pour un Israël qui mâche encore la défaite de sa campagne dite guerre dans la guerre contre une Syrie qui a barricadé son ciel du sud, ayant poussé l'aviation israélienne à user du ciel d'al-Tanf pour lancer ses raids au missile contre la Syrie, les arguments avancés par Brooking ne sont pas une bonne nouvelle surtout que ce sont des arguments qui font leur chemin au sein des milieux militaires, craintifs à l'idée des raids balistiques imminents de l'armée syrienne et de ses alliés contre les bases US en Syrie. Début novembre, un raid au drone armé a tué quatre Américains à Chaddadeh à Hassaké et l'US Army n'a osé broncher. Pour la petite histoire, les terroristes de "Maghawir al-Thura" que les forces US continuent à entraîner à al-Tanf continuent à être éliminés sous les bombes syro-russes.
Selon le site web libanais Al-Masdar News, les forces aériennes russes et syriennes ont lancé des frappes aériennes contre le désert de Syrie et l'est de Hama où les daechistes ont été déployés.
Le rapport indique que ces frappes aériennes ont principalement visé les repaires des terroristes de Daech qui envisageaient de marcher sur la ville d’al-San, située dans le district de Salamiyah de Hama. La ville d’al-San est l'une des zones d’où les terroristes lancent des attaques sporadiques sans succès notable puisque leur défaite à Raqqa et Tabqa a coupé définitivement leur principale ligne d’approvisionnement, si bien que l’armée syrienne est parvenue à repousser le groupe terroriste des villes d’al-San et Uqayribat. La problématique revient d'ailleurs dans l'article de Brooking :