Sur fond des pressions américaines visant à empêcher Bagdad d’acquérir le système de défense antiaérienne russe S-400, le chef de la diplomatie irakienne fait part d’une visite inopinée à Moscou, Washington craignant que le S-400 menace son hégémonie aérienne et surtout celle de son allié israélien dans la région.
Ce lundi 23 novembre, Mohammed al-Baldawi, membre de l’Alliance Fatah en Irak, a expliqué les raisons du veto américain pour empêcher l'Irak d'acheter le système de défense aérienne russe « S-400 », indiquant que Washington estime que doter l'Irak de ce système de missiles est au détriment de celui-ci et du régime sioniste, d’après l’agence de presse irakienne Al-Maalomah.
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Pour Al-Baldawi, également vice-président de la Commission parlementaire de planification stratégique, il existe plusieurs raisons à cette décision US : « Les États-Unis tentent en premier lieu d'empêcher la partie russe de commercialiser ses systèmes de défense dans la région, que ce soit en Irak ou dans la région du golfe persique, en Iran et dans d'autres pays de la région du Moyen-Orient. Ils craignent la perte de l'hégémonie aérienne américaine et israélienne dans le ciel des pays de la région, mais aussi la restriction de leur liberté de mouvement pour cibler les sites qui s'opposent à Tel-Aviv ».
L’autre raison est d'ordre économique, précise-t-il : « Les États-Unis dépendent fortement des ventes d’armes, ils font la guerre ici et là pour en vendre. C'est pourquoi toute tentative de l'Irak ou de tout autre pays d'acheter des systèmes de missiles russes est confrontée aux sanctions économiques américaines. »
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Les propos du parlementaire irakien tombent alors que Fouad Hossein, le ministre irakien des Affaires étrangères vient inopinément d’annoncer sa visite prochaine à Moscou, prévue pour le mercredi 25 novembre, et qui sera axée sur le renforcement des coopérations avec la Russie dans les domaines économique, culturel et politique ainsi que sur l’équilibre des relations internationales de son pays.
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Fouad Hussein a annoncé sa visite imminente à Moscou lors d'une réunion de coordination avec des représentants des ministères en charge du Comité mixte irako-russe qui s'est tenue au siège du ministère irakien des Affaires étrangères.
Le sous-secrétaire du ministère irakien des Affaires étrangères Abdul-Karim Hashim Mostafa, l'ambassadeur Abdul Karim Toama Mahdi, Chef du Département Europe, le directeur général du Département des relations économiques extérieures au ministère du Commerce, Adel Khudair Abbas ainsi qu’un nombre de représentants des ministères de l’Électricité, l’Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique, l’Éducation, l’Industrie, la Culture et des Transports ont assisté à la réunion au cours de laquelle Fouad Hussein a mis l’accent sur l'importance de sa prochaine visite à Moscou sur invitation officielle de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie irakienne a souligné les intérêts de la tenue de réunions régulières par la partie irakienne du Comité mixte pour donner suite aux recommandations précédentes, mettre à jour les informations sur les nouveaux domaines de coopération, faire progresser les relations économiques entre les deux pays et trouver des solutions communes visant à surmonter les défis de la coopération entre l’Irak et la Russie.
Mais, la question de l'achat par l'Irak de nouvelles défenses aériennes a vu le jour, lorsque les positions des Hachd al-Chaabi dans diverses régions de l'Irak ont été prises pour cible à plusieurs reprises ; les attaques impliquant le régime sioniste, les États-Unis et les milices kurdes connues sous le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS).
La démarche américaine n’a rien de nouveau ; suite à la décision de Bagdad de faire l’acquisition du système de défense antiaérienne russe S-400 sous le Premier ministre Adel Abdel-Mahdi, membre de la Commission de la sécurité et de la défense du Parlement irakien, Karim Alawi, a fait part des pressions exercées par l'ambassade américaine avec pour objectif de maintenir la dépendance irakienne envers les États-Unis en matière d’armements. C'est pourquoi Washington est loin de permettre au gouvernement irakien d'acquérir le système de défense russe S-400.