C'est curieux : à quelques heures d'intervalle, les États-Unis post-troubles électoraux ont sanctionné vendredi 6 novembre le chef du parti libanais allié du Hezbollah, Jabran Bassil et dé-blacklisté les terroristes qaïdistes du parti al-Turkistani qui à l'heure qu'il est fuient Idlib sud, sous l'ombrelle protectrice du Sultan d'Ankara pour aller alimenter les hordes terroristes, non loin des frontières iraniennes, russes et chinoises dans le Caucase du Sud. Pour une Chine qui suit avec délectation l'écroulement du mythe de la démocratie US et ce, au bout de quatre ans de "guerre totale" contre Washington, ce geste que l'administration Trump-Pompeo revient à attiser le feu du séparatisme à Xinjiang, à créer un foyer d'instabilité permanente sur la frontière ouest.
En effet Mike Pompeo, qui a annoncé le jour même du scrutin présidentiel le 3 novembre la vente à Taïwan de quatre drones tueurs MQ-9 « Reaper » pour 600 millions de dollars, pour "renforcer la défense de l’île, en pleine montée des tensions avec Pékin", le geste relève de la même tentative de déstabilisation, d'atteinte à la sécurité nationale chinoise surtout que ce dé-blacklistage, Pompeo l'a revendiqué comme pour faire comprendre à Pékin qu'il y a là une "constance de la politique US" quel que soit celui qui diriger la Maison Blanche " Après 18 ans, le Parti d'al Turkistani (PT) ne devrait plus être considéré comme un groupe terroriste, a lancé Pompeo mettant visiblement à profit la "mascarade électorale en cours" qui ressemble de plus en plus à un "cache-sexe" pour masquer les dessins guerriers d'une Amérique en déliquescence.
Le PT avait été répertorié comme organisation terroriste par les États-Unis pendant 18 ans, ainsi que sur la liste noire du Conseil de sécurité des Nations unies pour ses liens avec Al-Qaïda, les talibans et le groupe terroriste Daech. Le fait qu'il soit déblacklisté, en dépit de nombreuses attaques terroristes au Xinjiang, de sa présence assidue sous le drapeau d'Ankara à Idlib, à Hama, à Lattaquié où il se bat contre l'armée syrienne, ses alliés, lui procureraient, à lui et son sponsor turc, de nombreuses facilités surtout en termes de déplacement de fonds nécessaires à son action terroriste ainsi que de transfert de ses membres depuis l'ouest de la Chine vers la Turquie puis vers la Syrie et ou encore le Caucase-sud. La perspective étant ni plus ni moins d'aider Ankara à mettre de l'ordre dans son "vivier terroriste" maintenant que celui ci, ne cesse d'être pris pour cible à Idlib par l'aviation syrienne et russe.
Il y a une dizaine de jour, la Russie a pris pour cible de l'un de ses missiles Iskandar le principal camp d'entrainement des terroristes pro-Turquie dans le sud d'Idlib, alors que les miliciens effectuaient une parade. La frappe a rendu totalement groggy le Sultan qui a accusé Moscou d'avoir touchés les militaires "turcs" et a menacé de riposter. Peu de temps avant, l'armée turque et encore ses mercenaires ont été forcés à faire place net à Morek non loin de Hama, sous le tir des missiles de l'armée syrienne et de la Résistance et à l'heure qu'il est, la Syrie a rétabli la liaison ferroviaire Hama-Alep que pour accélérer la "dé-turquisation"des localités syriennes. Or tout ceci représente un manque numérique de mercenaire à gagner et Pompeo a tenté de rendre les choses plus facile pour Erdogan. D'ailleurs quelques heures après ce dé-blacklisatge, les terroristes à la solde de la Turquie ont lancé vendredi des attaques à l’artillerie et des missiles sur les positions de l’armée syrienne dans la région de Jabal al-Zawiya à Idlib.
Il y avait eu menu, ,les membres de Jaych al-Izzah, qui ont tiré copieusement sur les positions de l’armée syrienne près de la ville d’al-Bara, dans la périphérie sud du gouvernorat d’Idlib et contre qui l'armée syrienne a tiré une belle salve de missiles et pilonné les bastions des mercenaires pro-turcs. Des combats se poursuivent toujours sans que les terroristes puissent s'imposer, vu que la saignée made in Russie dans le sud d'Idlib a coûté la vie à plus de 100 terroristes de Faylaq al-Cham dont des chefs militaires, ce qui est loin d'être facile à rattraper, en ces temps d'accélération géostratégique où l'Amérique a besoin de faire du Haut-Karabakh, une base grandeur nature avec la capacité de gérer un triple front anti-Iran, anti-Russie, anti-Chine.
Jeudi, le CGRI iranien a envoyé de nouvelles unités blindés sur les frontières avec l’Azerbaïdjan en plus de celles déjà déployée qui comptent des dizaines de chars T-72, de missiles et de drones. La plus haute instance décisionnelle du pays, le Leader de la Révolution islamique et commandant en chef des forces armées a affirmé que l'Iran ne tolérerait pas un couloir terroriste à sa porte. Quant à la Russie, la mollesse des premiers jours a cédé la place à une plus grande vigueur puisque la bataille des drones dont Ankara revendique déjà la victoire, semble avoir connu un arrêt avec 9 drones abattus ces deux derniers jours, Moscou ayant visiblement activé ses dispositifs de guerre électronique
Et la Chine? Le dé-blacklistage du parti d'al Turkistani a fait aussitôt réagir Pékin : « Les États-Unis doivent immédiatement corriger leur erreur et s'abstenir de" blanchir "les organisations terroristes, ou de faire marche arrière dans la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme », a souligné vendredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin lors d’une conférence de presse hebdomadaire.
Mais au moment où tous les indices des services secrets orientaux multiplient les alertes, il faudrait peut-être plus que de simple appels à la raison lancé sans suite à Washington. Vendredi, le directeur du service de renseignement extérieur russe a fait part des signes montrant que le renseignement turc "était impliqué dans le conflit du Haut-Karabakh" et que le corridor transitant les terroristes depuis l'ouest de la Chine vers Idlib, puis d'Idlib au Caucase sud tourne à plein régime : « Nous sommes témoins de l'activité des services de renseignements turcs dans le Haut-Karabakh et il y a des signes montrant que cet organe y mène des activités », a-t-il précisé en allusion aux propos du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui avait récemment déclaré que le nombre de terroristes étrangers du Moyen-Orient impliqués dans la région du Haut-Karabakh atteignait plus de 2 000.
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Que faire? Certains observateurs politiques n'écartent pas la possibilité pour la Chine de faire dépasser le simple cadre de l'assistance humanitaire à Damas et de passer au stade concrètement commerciale et militaire. Au moment où le président Assad affirme que les banques libanaises et l'argent syrien qui y est en dépôt sont à l'origine de la fragilité économique en Syrie, Pékin pourrait peut-être penser à débloquer des fonds à l'intention de Damas, estime un expert qui ajoute : " Mais il y a peut-être autre façon de voir les choses. Au lieu d'attendre combattre les terroristes en Chine occidentale, c'est peut-être à Idlib qu'il faut les éliminer. Le J-20 chinois est évidemment le bienvenu en Syrie tout comme le missile Iskandar "nord-coréen" qui a fait parler de lui en mai 2019 lors de la visite d'une délégation nord-coréenne à Damas sans qu'on en voit dans l'arsenal syrien.