La perspective de la coopération militaire Iran-Russie a soulevé des craintes chez les responsables américains dans la mesure où cette coopération pourrait finir par expulser les États-Unis du golfe Persique.
Après l’extension considérable des relations militaires irano-russes qui s’est manifestée via non seulement des manœuvres conjointes dans la mer Caspienne et le golfe Persique, mais aussi de la proposition de Téhéran à Moscou d'utiliser trois bases dans ses eaux territoriales, de nombreux analystes iraniens et russes parlent de la formation d’une alliance militaire entre les deux pays. Une coalition qui pourrait faire obstacle à la présence américaine dans le golfe Persique.
Il est vrai que la Russie et l'Iran cherchent depuis longtemps à élargir les relations militaires, qui ont d’ailleurs connu, ces dernières semaines et plus que jamais, une promotion. Et cela surtout en raison de l’embargo sur l'achat d'armes iraniennes à des pays étrangers, et qui doit expirer à la mi-octobre. Une fois expiré cet embargo, la Russie pourrait vendre plus de systèmes militaires à l'Iran.
Pour rappel, les discussions sur la coopération militaire entre les deux pays ont commencé en été 2019 où les deux parties ont signé des accords pour promouvoir leurs relations. Puis en août 2020, une importante délégation militaire s'est rendue à Moscou pour préparer le terrain à la participation de l'Iran à la manœuvre militaire du Caucase et pour discuter des prochaines étapes de la formation d'une alliance militaire. Selon Konstantin Dushenov, analyste militaire indépendant russe, les deux parties ont accepté d'organiser régulièrement des exercices navals, non seulement dans la mer Caspienne, mais aussi dans le golfe Persique et le détroit d'Hormuz.
Aux inquiétudes américaines de l’achat par l’Iran des systèmes militaires à la Russie, s’ajoutent aussi celles pour une acceptation russe de la proposition iranienne concernant l’utilisation par la Russie de trois bases maritimes à Chabahar, Bandar Abbas et Bouchehr.
Les responsables russes n’ont encore rien dit sur cette proposition iranienne, cependant l’analyste indépendant des affaires sécuritaires Sergey Ishchenko est sûr que la force navale russe l’acceptera : « La Russie utilisera des moyens combinés et augmentera sa présence sur les bases. Nous verrons donc de nouvelles bases navales russes, comme celles que la Russie a déjà construites en Syrie ».
La perspective de la coopération Iran-Russie a soulevé des craintes parmi les responsables de Washington dans la mesure où cette coopération expulsera les États-Unis du golfe Persique. Et tout cela se produit à un moment où le conflit Azerbaïdjan-Arménie est à son apogée et il semble qu’il n'est peut-être pas sans rapport avec le récent renforcement des relations russo-iraniennes. Alors que Téhéran cherche à renforcer ses liens militaires avec la Russie, Moscou pourrait exhorter Téhéran à faire preuve de retenue face à ses deux voisins du nord. Cela pourrait aider à apaiser les tensions entre Erevan et Bakou, mais au prix de préparer le terrain à une augmentation significative de la présence militaire de la Russie au-delà de ses frontières et cela contre l'Occident.
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