Jeudi 1er octobre, le président du Parlement libanais, Nabi Berry a annoncé le début des négociations sur le tracé des frontières maritimes du Liban avec Israël, pourparler qui aura lieu mi-octobre, à Naqoura, dans le sud du Liban soit au quartier général de la FINUL. L'Américaino-sioniste Schenker qui n'a cessé ces deux derniers jours de menacer le Hezbollah tout comme des banques et des institutions libanaises de sanction peut afficher ses plus larges sourires et présenter comme l'a fait Pompeo ce début de négociation comme un acquis, n'empêche que cette délimitation concerne les frontières de la zone économique exclusive bordant le nord de l'entité sioniste et le sud du Liban. Or c'est cette caractéristique qui fait de cette zone une carte stratégique. Il s'agit d'une aire de 860 km², au large de Tyr, qui est potentiellement riche en gaz et où outre l'Italien Eni et le Français Total, le Russe Novak à investir. Pour bon nombre d'analystes, cette négociation Liban/Israël que les USA veulent faire passer pour un acquis ne serait in fine qu'une lame à double tranchant.
Mardi dernier et dans son dernier discours, le secrétaire généra du Hezbollah a évoqué en termes à peine voilé un "complot sécuritaire de larges dimensions" que l'armée libanaise a déjoué dans le nord du Liban. Nasrallah s'est contenté de promettre d'y revenir avec plus de détails à l’occasion d'un prochain discours. Or ce complot n'irait pas sans rapport avec les évolutions énergétiques en cours : Depuis la double déflagration qui a dévasté le port de Beyrouth le 4 août, l'axe US/OTAN a commencé un sale jeu : parallèlement au déploiement sous prétexte humanitaire de l'armada de l'OTAN dans le port et sa quasi occupation, des agissements de Daech ont commencé à Tripoli. Mais Daech que soutient et nourrit Israël n'est pas le seul : la Turquie dont les mercenaires ne cessent de se manifester de plus en plus bruyamment à Tripoli, cet autre port stratégique ayant depuis le 4 août rempaillé Beyrouth, sont aussi de la partie. Il y a dix jours des soldats de l'armée libanaise ont péri dans des violences et les agissements armés se poursuivent de façon sporadique. Le but de la manœuvre n’est pas seulement d’épuiser l’armée libanaise maltraitée et de détourner les forces vives ainsi que la Résistance de leur lutte contre les attaques américano-sionistes, mais plutôt de tenter l’ouverture d’un nouveau front sous les auspices de la Turquie d'Erdogan, afin d’achever ce que les Américains ont commencé, via l’explosion du port de Beyrouth, en élargissant les zones d’action de groupes terroristes ré-entraînés et chargés de nouvelles missions. Tout comme en Syrie, l'axe Turquie/Israël agit de concert.
Quel est l'objectif plus large?
Le but est le contrôle du port de Tripoli comme base d’appui et de départ vers toute la région ; notamment, vers la région de Homs et la côte ouest syrienne qu'on sait être le foyer de la résistance de l'armée syrienne et de ses alliés contre les Etats-Unis et leurs alliés otaniens et Israël. Il s'agirait d'un projet qui s'impose en pendant de l’action menée par la France depuis Beyrouth, via ladite « Initiative française » , au profit des États-Unis et d’Israël. En effet, en dépit de leurs propres ambitions et de leurs divergences, la France macroniste et les États-Unis se trouvent dans le même camp : à savoir, promouvoir les ports de Haïfa et d’Ashdod pour qu’ils remplacent tous les ports des Pays du Levant sur la mer Méditerranée et ce, au détriment de l'Est avec qui la Résistance souhaite un rapprochement. Vont dans ce même sens, des préparatifs méticuleux afin de relier la péninsule arabique, soit au port de Ashdod via le port saoudien de Yanbu, soit au port de Haïfa via la Jordanie ; le but ultime étant de réussir à contourner le canal de Suez et les détroits de Bab al-Mandeb et d'Hormuz.
Or la Russie semble être bien consciente de ce jeu, une Russie dont le secteur de l'énergie a été à l'initiative de la Résistance impliqué dans le projet de l'exploitation gazier au large de Tyr. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères s'est d'ailleurs entretenu vendredi au téléphone avec l'ancien Premier ministre libanais sur les évolutions récentes qui prévalent dans le pays ainsi que du processus de formation d'un nouveau gouvernement. On parie qu'à l'ordre de débat auraient figuré quelque part non seulement le bloc gazier de Tyr mais encore et peut-être les événements de Tripoli. " Car depuis le 4 août et les explosions de Beyrouth dont la Russie connait sans doute mieux que quiconque l'origine pour avoir dans le ciel de la Méditerranée des satellites et en mer une large flotte, Moscou travaille à côté de la Syrie à ce que le port de Tartous lui succède et il veut surtout pas que Tripoli connaisse le même sort que la capitale libanaise, d'autant plus qu'un Tripoli "occupé", cela veut dire une côte ouest syrienne en danger.
Les prochaines semaines verraient peut-être une plus grande implication de la Russie au Liban et ce, grâce au Hezbollah. Les négociations gazières, si elles commencent, elles auront déjà un pied dans le camp Est, auquel fait régulièrement référence le Hezbollah. La carte gazière est une larme à double tranchante que l'Amérique a tort de croire être facile à exploiter dans le sens des intérêts d'Israël. Surtout que la frontière maritime offre un front de combat de plus à la Résistance face à Israël", note un expert.