Certains analystes qui ne cessent de peser et de re-peser les impacts géostratégiques du pacte de 25 ans que l'Iran vient de signer avec la Chine ne peuvent se garder de voir à travers la reproduction spectaculaire de la destruction de la base US à Guam par l'armée chinoise, un écho "trop moyen-oriental". Le 8 janvier dernier, le CGRI a tiré 13 missiles contre Aïn al-Asad, cette base à partir de quoi les USA croyaient avoir sous leur domination l'Iran et le sud du golfe Persique.
L'attaque au missile combinée à une vaste cyberattaque contre l'appareil d'espionnage US a laissé 150 commotionnés cérébraux dans les rangs US, terme utilisé par le CentCom pour désigner les pertes humaines. Le coup a fait éclater en mille morceaux l'aura de la superpuissance et a donné à Pékin l'idée d'en faire autant à Guam. Aïn al-Asad a surtout fait comprendre à la Chine que les colons innés que sont les Américains ne se retireraient d'aucune partie au monde à moins que soit utilisée à leur encontre de la force. Y a-t-il d'autres "coordinations" sino-iraniennes censées contrer la présence militaire US, dans des points stratégiques que sont l'Indo-pacifique et le golfe Persique?
Certains observateurs n'écartent pas le fait que le dévolu sino-iranien puisse tomber l'un de ces quatre sur le complexe US à "Diego Garcia", ce complexe où les Américains déploient régulièrement leurs B-52 avec l'intention annoncée de bombarder l'Iran et tout ceci sous protection des systèmes THAAD qu'ils croient "imperturbables". Surtout que les Iraniens travaillent à la consolidation de leur présence militaire dans l'océan Indien, ce que prouve parfaitement les deux derniers exercices militaires lancés par l'Iran depuis le mois de juillet Grand Prophète-14 et Zolfaqar 99, tous deux étendus depuis le golfe Persique à l'océan Indien.
L’armée de l’air chinoise a ainsi diffusé une vidéo officielle qui intéresse de près les Iraniens. La vidéo montre des bombardiers stratégiques H-6 participant à une simulation d'attaque nucléaire contre la base aérienne Andersen de l'US Air Force à Guam. Surnommé God of War au service chinois, le H-6K est un porte-missile stratégique.
La vidéo d'environ deux minutes montre le bombardement simulé d'une aérienne du désert - apparemment Lanzhou dans la province du Gansu au nord-ouest de la Chine. Le H-6K introduit aussi un nouvel armement sous la forme de missiles de croisière à longue portée KD-20 dont six peuvent être transportés à l'extérieur. Mais l'élément clé de la vidéo reste la scène montrant une vue aérienne de la «cible» identifiée comme étant Andersen AFB, un avant-poste militaire stratégique américain dans la région Asie-Pacifique.
L'importance stratégique d'Andersen AFB pour les États-Unis se reflète dans le fait qu'une présence continue de bombardiers américains a existé sur la base pendant 16 ans jusqu'en avril 2020, et que les bombardiers de l'US Air Force continuent d'utiliser l'installation pour des déploiements temporaires. Sa valeur militaire le placerait parmi les cibles de choix de la Chine tout comme cette autre base US en océan Indien qu'est Diego Garcia.
La sortie de la vidéo intervient à un moment de tensions accrues sino-américaines que de nombreux analystes mettent en parallèle avec la crise politique et de plus en plus militaire entre les USA et l'Iran. Un pacte stratégique "Lion-Dragon" serait la pire des choses pour les Américains rien qu'à voir les ressemblances entre la destruction reproduite de Guam et celle, réellement produite d'Aïn al-Asad. D'autant plus que la Chine et l'Iran s'apprêtent à prendre part et pour la seconde fois en l'espace d'un an à un exercice naval conjoint en présence de la Russie, Caucase 2020. Pour bon nombre d'analystes, la mer de Chine et le golfe Persique font désormais un en termes d'opérations propres à affaiblir la "puissance US" et à la renvoyer définitivement chez elle.