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Dans la pétrolifère province de Diyala, Daech ne vise pas uniquement les Hachd mais aussi la Russie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat irakien veille à la sécurité du pipeline d'Erbil, 2014/Washington Post

Troisième attaque contre les cibles US en Irak et troisième secousse dans le camp atlantiste. Ce lundi 15 juin, la deuxième base aérienne des Etats-Unis au nord de Bagdad a été prise pour cible des missiles "alarmants". Il y a évidemment cette colère contenue de la population contre la tenace présence militaire US et surtout contre cette outrecuidance affichée par les "suprémacistes blancs" de Washington laquelle se traduit dans la rue américaine par le meurtre des noirs et en Irak par le refus de se soumettre aux lois du Parlement et donc à la souveraineté irakienne. Ceci étant, à suivre le rythme des opérations anti Daech des Hachd, essentiellement concentrée à l'ouest et à l'est du pays, "l’occupation américaine" ne se soucie pas uniquement de la Résistance. 

Ces dernières semaines, les forces armées irakiennes ont intensifié leurs attaques contre les résidus de Daech qui cherchent à déstabiliser Kirkouk et des parties du centre, du nord et de l'ouest de l'Irak et surtout Diyala, juste située sur les frontières avec l'Iran.

« Lors d'une opération spéciale et précise, les combattants des Hachd al-Chaabi ont réussi à identifier deux chefs de guerre de Daech dans la région de Wadi al-Shay à la périphérie de la ville de Daquq, dans le sud de Kirkouk, avant de les éliminer. Un beau travail de renseignement qui s'est combiné à la dextérité militaire.  », a-t-on appris d’une source bien informée déployée sur le terrain.

A Diyala, et surtout à la périphérie des montagnes Hamrin, les Hachd ont lancé une opération sur quatre axes pour démanteler les résidus de Daech qu'alimentent les Américains depuis la Syrie voisine. La chaîne de montagnes Hamrin qui couvre des régions du nord et du nord-ouest de la province de Diyala, est un refuge idéal où les terroristes reçoivent aide, assistance et recommandation des forces spéciales US. Ce sont des zones difficiles d’accès situées à la frontière de la région du Kurdistan et à l'est des zones abandonnées de la province de Salaheddine. Depuis l'axe sud, elles sont reliées aux zones d'al-Mouqdadiyah et de Baqouba.

Les forces irakiennes tentent donc de rétablir la sécurité dans les zones nord de la province de Diyala. Selon certaines informations, elles ont nettoyé les zones situées à la périphérie du barrage d'al-Azim et les villages de Taleh Al-Dahn 1, Taleh Al-Dahn 2, Wadi Zaghitun, Al-Arndans, Marj dans le nord-ouest de la province de Diyala et près de la frontière de la province de Salahuddine. Elles ont réussi à détruire 3 véhicules militaires, une voiture piégée et des explosifs appartenant aux terroristes. 

Mais pourquoi avoir infecté Diyala et Kirkouk, tend-t-on à se demander, rien qu'à la vue de la carte de distribution de Daech dans l'Est et le Nord irakien? Pour le pétrole évidemment. Mais puisque le secteur énergétique irakien est essentiellement l'otage de l'Amérique, qu'est-ce qui aurait pu avoir existé outre évidemment la Résistance, pour provoquer la panique des Américains dans ces deux régions pétrolifères? 

Oilprice, la revue énergétique US apporte ses précisions : "les USA sont inquiets de voir le facteur russe émerger dans le sud de Bagdad!  Rosneft ayant effectivement pris le contrôle du secteur pétrolier et gazier du Kurdistan irakien dans le nord à la faveur d'un accord conclu en novembre 2017 (sous Adel Mahdi, NDLR), rien n'empêche la Russie à chercher à tirer parti de cette présence dans une position tout aussi puissante et s'implanter dans le sud de l'Irak. Moscou avait cherché à conclure de nouveaux accords d'exploration et de développement de gisements de pétrole et de gaz avec Bagdad, miroitant même sa médiation dans le conflit éternel entre le Kurdistan et l'Etat irakien mais ces ambitions ont été suspendues dans la foulée de l'assassinat du général iranien Soleimani. La semaine dernière, cependant, la Russie a signalé par la voix de son ambassadeur que ses intentions dans le sud de l'Irak sont maintenues. Maxim Maksimov a déclaré : «Les entreprises russes sont disposées à mobiliser des fonds importants et présenté une offre d'investissement pour le champ de gaz d'al-Mansouriya à Diyala. "

La revue qui reflète la crainte US de voir la Russie débarquer au sud "chiite" de l'Irak poursuit :" Comme c'est toujours le cas pour la Russie, cette simple déclaration cache un nid de frelons : la Russie a l'intention d'accroître considérablement sa présence dans le sud de Bagdad, conformément à sa méthode au Kurdistan. Moscou veut élargir son influence dans le sud irakien tout comme la Chine qui s'y est implantée pour de bon. Avant la récente vague d'attaques contre des sites militaires américains dans le sud de l'Irak, la Russie avait déclaré qu'un certain nombre de ses sociétés allaient dépenser au moins 20 milliards de dollars américains pour des projets pétroliers et gaziers à court terme, y compris Zarubezhneft, Tatneft et Entités pétrolières et gazières liées à Rosneft." Et l'article de conclure :" En mars 2018, la société énergétique russe Zarubezhneft (et la société iranienne privée Dana Energy) ont signé un accord de 742 millions de dollars américains pour augmenter la production des gisements de pétrole d'Aban et de Paydar dans la province d'Ilam en Irak, près de la frontière avec l'Iran. À peu près au même moment, des accords préliminaires avaient été conclus en Iran pour Tatneft pour développer Dehloran, par Lukoil et ce, pour étendre ses opérations à Ab Teymour et Mansouri...  GazpromNeft en a fait autant à Changouleh et Cheshmeh-Khosh, deux autres gisements iraniens. .. C'est ce qu'aux Etats-Unis on appelle la liaison dangereuse : l'Irak, l'Iran et la Russie plus une Chine qui n'est pas trop loin. Des accords énergétiques, des investissements économiques n'iraient jamais sans avoir un pendant sécuritaire. " 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV