« Le tir et la mise en orbite d’un satellite dans l’espace et les récentes attaques au missile de l’Iran montrent que ce pays n’a pas peur des États-Unis et de leurs alliés, et qu’il est capable de percer leurs systèmes de défense balistique », estime l’observatoire d’idées américain, The Soufan Center.
L’édition du mois de mai de The Soufan Center a consacré un long rapport au nouvel acquis de la force aérospatiale du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le tir avec réussite et la mise en orbite du satellite Nour, le 24 avril. « L’Iran aurait peut-être l’intention d’utiliser la capacité de tir spatial à des fins militaires », indique le rapport que résument les lignes suivantes :
« L’Iran a fait un énorme progrès ces dernières années dans le domaine de tir de missiles et de tir spatial, ce qui a fait de ce pays une puissance régionale grandissante. Les capacités balistiques renforcent considérablement le poids de l’Iran dans les démonstrations de force en Asie de l’Ouest. Or, les récentes attaques au missile iraniennes montrent que ce pays n’a aucune peur des États-Unis et de leurs alliés et qu’il est capable de percer leurs systèmes de défense balistiques.
L’Iran fait également preuve d’acquis inattendus dans le domaine de la production de missiles avancés indigènes et de la technologie de tir spatial ; ces progrès ont fait que le poids de l’Iran s’affirme de plus en plus en tant que puissance régionale.
Malheureusement, les capacités de l’Iran auraient atteint aujourd’hui un niveau si important qu’il sera désormais extrêmement difficile de réduire l’influence régionale iranienne, en recourant aux sanctions et aux méthodes censées conduire le pays vers l’isolement politique.
Les missiles à longue portée iraniens constituent un facteur important dans les planifications stratégiques du pays, permettant aux forces armées iraniennes de recourir aux opérations de représailles depuis le territoire national, sans aucun besoin de s’appuyer sur des forces interposées, équipées de systèmes de missiles à courte portée.
D’après les évaluations des États-Unis et de leurs alliés régionaux, dont Israël et des pays du golfe Persique, l’Iran, grâce à ses capacités de guidage à haute précision, est capable de saturer leurs systèmes de défense fonctionnant par missiles et roquettes, et de les rendre inefficaces.
(…) Le dernier cas de démonstration des capacités technologiques de l’Iran date du 24 avril, où le CGRI a annoncé avoir tiré et mis en orbite le satellite militaire Nour en utilisant un missile tri-étage à propergol solide nommé Qassed.
Bien que des responsables américains aient prétendu qu’il s’agissait d’une “webcam” suspendue, ne pouvant communiquer grand-chose aux Iraniens, la réalité est que le tir du satellite Nour a, une nouvelle fois, surpris les experts américains et les alliés des États-Unis, ces experts s’attelant toujours à scruter les capacités et les intentions de Téhéran. »
The Soufan Center constate aussi « une première », en ce sens que c’est la première fois que le CGRI, en non pas l’Agence spatiale iranienne, a procédé directement au tir spatial. Le rapport se focalise aussi sur le lanceur du satellite Nour, un missile à propergol solide. Comparés aux missiles à propergol fluide, ces missiles ont besoin d’un plus court processus de préparation avant le tir. « En plus, la contribution du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), dont la force aérospatiale gère le programme balistique iranien, a, très vite, éveillé cette probabilité que l’Iran allait concevoir et fabriquer un missile intercontinental avec une portée de 3400 km ou plus, en utilisant la technologie de tir spatial », ajoute le rapport.
Le Centre Soufan rappelle aussi que le tir du satellite Nour a eu lieu quelques mois seulement après que l’Iran a tiré depuis son territoire une vingtaine de missiles à moyenne portée en direction de la base américaine d’Aïn al-Asad dans l’Ouest irakien, en représailles à l’assassinat, le 3 janvier à Bagdad, du général Soleimani, commandant de la Force Qods du CGRI.
« Bien que les Américains aient annoncé au début que les missiles iraniens n’avaient causé aucun dégât, l’on sait que cette attaque a été effectuée avec une plus grande précision qu’attendu, vu la longue distance parcourue par les missiles. Plusieurs bâtiments ont été détruits sur le lieu de la base d’Aïn al-Asad et il s’est avéré plus tard que plus d’une centaine de personnels militaires américains souffraient de la commotion cérébrale grave à cause des explosions. »
L’article fait également allusion aux attaques « par missiles de croisière » menées le 14 septembre 2019 par l’allié « houthi » de l’Iran, contre les « infrastructures énergétiques sensibles » de l’Arabie saoudite, « sans que les systèmes de DCA que les Américains ont optimisés et installés dans des pays du golfe Persique puissent les intercepter et écarter ».
Et le Centre Soufan de conclure :
« Le penchant et la capacité iraniens à procéder aux attaques balistiques depuis son propre territoire montrent que ce pays a réussi un énorme progrès dans le domaine des missiles téléguidés, et les responsables du pays ont bien conscience de l’importance dissuasive de leurs missiles face à d’éventuelles attaques ennemies. Ces capacités montrent aussi que les systèmes de missiles et de roquettes “made in USA” ou “made in Israel” ne sont pas suffisamment forts pour neutraliser les missiles et roquettes tirés par l’Iran ou ses alliés régionaux. Et il est évident que la politique de pression maximale américaine s’est avérée inefficace et a échoué à empêcher l’Iran d’accumuler des progrès fulgurants, progrès qui affirment la place de l’Iran en tant que puissance régionale. »