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Coup vénézuélien ou comment l'Iran a accompli la guerre de pétrole russe contre USA-Arabie

Un employé de la PDVSA brandissant le drapeau de l'Iran. (Ruptly/capture d'écran)

Quelques heures avant que le premier des cinq pétroliers iraniens chargés d'essence, Fortune, n'atteigne la côte vénézuélienne, une lettre signée par d'anciens officiers de renseignement US est arrivée à la Maison Blanche qui disait en gros ceci :

« ... il n'existe aucune preuve sur le fait que les pétroliers iraniens transporteraient armes, missiles ou munitions sensibles à destination du Venezuela. Et d'ailleurs Téhéran a affirmé que son objectif consiste à aider exclusivement le Venezuela et à subvenir à ses besoins énergétiques. Certes les Iraniens pourraient ne pas hésiter à profiter de cette opportunité offerte pour irriter les États-Unis qui assimilent difficilement l'émergence de l'Iran dans leur pré-carré. Mais le jeu de la riposte anti-Iran n'en vaut pas la chandelle. N'importe quel agissement sera compris comme un "acte de guerre" et traité comme tel par les Iraniens qui n'hésiteraient pas à riposter partout y compris dans le golfe Persique...ce serait d'ailleurs faire le jeu de ceux au Venezuela qui aimeraient voir l'Atlantique se transformer en un champ de bataille contre les USA. »

Dans son édition du 27 mai, The National Interest revient sur cette lettre qu'il qualifie de "pathétique" avant de souligner que cette "riposte iranienne" que les "vétérans du renseignement de l'armée ont cherché à éviter en conseillant à Trump de ne rien faire, se trouve en germe dans la démarche iranienne, elle-même : « Le déchargement de l'essence iranienne dans les raffineries vénézuéliennes, pour la plupart construites par les sociétés US, est plus qu'un défi. La démarche iranienne ferait partie d'un échange pétrole contre or qui permet désormais à deux pays de se passer du dollar, et de contourner les sanctions américaines. Et dire que l'administration Trump a tout fait pour bloquer la vente "secrète" est même allé jusqu'à créer tout un réseau d'alliés à travers le monde. Force est de constater que sur ce coup iranien, même ces alliés ne l'ont pas suivi ».  

« La traversée du canal de Suez, placé sous l'autorité de l'Egypte a ainsi été effectuée sans aucun problème par les pétroliers qui appareillaient en toute latitude sous pavillon iranien et avec les GPS allumés. Ce point présage un changement stratégique important, l’Égypte n’ayant fait aucun obstacle à l'Iran et ce, au grand mépris des sanctions anti-iraniennes imposées par l’administration américaine. Idem à Gibraltar qui pas plus tard qu'en été, avait répondu oui à la demande US, en saisissant le pétrolier Grace 1. Il y a là les prémices d'une grave défaite à venir qui pourrait être exploitée par la Chine et la Russie, tous deux largement présent dans le secteur pétrolier vénézuélien.

Car on n'en a presque pas parlé mais les cinq pétroliers iraniens ne transportent pas seulement des dérivés pétroliers (essence et diesel), mais aussi des pièces détachées et des experts pour remettre en état les raffineries vénézuéliennes. C'est gros comme revers surtout au moment où tous les experts évoquent la fin du pétrole de schiste US et les tensions pétrolières qui pervertissent les liens de Washington avec son grand ami pétrolier qu'est Riyad. L'Iran et le Venezuela, soit deux des principaux fondateurs de l'OPEP, sont-ils en train de créer une OPEP bis, franchie du poids du dollar?

Remarquons que la Chine et ses satellites souffraient à eux seuls de soutenir le marché du pétrole dont a besoin cette nouvelle OPEP. Et puis il y a la Russie qui saurait parfaitement à même à poursuivre son travail de sape contre les alliés pétroliers de Washington au sein de l'OPEP traditionnelle! Alors autant dire que Trump s'est ridiculisé en envoyant des menaces à l'Iran, par l'intermédiaire des monarchies arabes du littoral du golfe Persique et se heurter de plein fouet aux contre-menaces iraniennes! L'Iran a fait là un coup parfaitement calculé et on ose dire, concerté avec la Chine et la Russie pour arracher l'OPEP des mains des USA ou mieux dire pour fonder une OPEP anti-dollar. Il s'agit d'un changement majeur dans les règles d'engagement entre l'Iran et les États-Unis et vu que l'Egypte, allié US a suivi plutôt l'Iran, cela ne présage rien de bon pour la suite de la politique dite "pression maximale"...

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV