Dimanche le 17 mai, la Grande-Bretagne a passé une journée difficile ; non pas seulement à cause du coronavirus qui a mis une bonne partie des "sujets" de sa Majesté sur le dos du PM Johnson lequel a totalement perdu le contrôle de la situation mais surtout pour cause d'une malencontreuse aventure. Alors que Londres continue à soutenir l'agonisante coalition pro-Riyad, ne serait-ce que pour éviter la chute de la pétrolifère Maarib, un tanker britannique a connu de très mauvais moments dans le golfe d'Aden. Pour une Grande-Bretagne qui a envoyé pas plus tard qu'en décembre 2019, des centaines de militaires soutenir les GI's dans leurs nouvelles bases à Socotra, à Aden et ailleurs au Yémen, le coup ne peut que constituer un premier avertissement. Et vu la version qu'ont donné de cet incident "pétrolier" les sources maritimes britanniques, le message semble avoir bien passé. Londres a-t-il compris qu'il lui faut mettre du frein à ses ambitions impérialistes au sud du Yémen?
Dimanche, "des pirates de mer africains" ont attaqué le tanker Stolt Apal naviguant sous pavillon britannique au large des côtes yéménites, non loin du porte de Moukala, ce port yéménite sur l'Océan indien, à 480 km d'Aden et qu'occupent les forces pro émiraties.
La société Stolt Tankers, qui exploite des camions-citernes pour les produits chimiques et les colis poursuit : « Après que plusieurs coups de semonce ont été tirés par l'équipe de gardes armés à bord du Stolt Apal, les skiffs ont ouvert le feu sur le navire. L'équipe de gardes armés y a riposté, désactivant un skiff et mettant fin à la poursuite. Le navire a poursuivi son voyage après l'incident ". Sauf que les produits chimiques, s'ils étaient visés, auraient pu ne pas laisser que des "dégâts minimes".
Mis à part d'éventuels liens que cet incident pourrait avoir avec le bars de fer naval USA/Iran dans le golfe Persique dont les dimensions s'étendent désormais à l'océan Atlantique, le refus catégorique de Londres à évoquer l'hypothèse d'une attaque aux vedettes rapides d'Ansarallah contre son embarcation signifie une chose : la Grande-Bretagne n'est plus prêt à revivre le face-à-face qu'il a vécu en été 2019 quand sur l'ordre de Washington, il a commis l'imprudence de prendre en otage le pétrolier iranien Grace 1. Mais ce refus signifie autre chose : le projet US/GB au Yémen qui consiste par Emirats interposés à occuper tous les ports du sud et à y établir des bases de campement de troupes anglo-saxone, ne serait-ce que pour mieux piller les richesses naturelles de la région et surtout mieux contrer la Chine a un sérieux rival devant lieu qui s'appelle la Résistance.
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Largement impliqués dans la guerre contre le peuple yéménite, les Britanniques ont envoyé à la mi-avril des centaines d’effectifs de la Royal Navy à l'est du Yémen à al-Mahra. Seulement quelques jours après ce débarquement, Al-Mahra a été mis sens dessus dessous, Ansarallah ayant encouragé les tribus de cette province à se révolter contre l'occupant.
Il y a un moi, Aboud Hanoud Qamsit, un responsable yéménite d’Al-Mahra a d'ailleurs dénoncé cette présence des forces militaires britanniques qui s’y déploient pour assister les militaires saoudiens dans leurs opérations contre le Yémen, tout en exigeant auprès de l’ambassadeur britannique au Yémen, le retrait des troupes britanniques dans les plus brefs délais. Le responsable yéménite a invité le gouvernement britannique à se positionner par rapport à l’augmentation du nombre de militaires saoudiens dans la province d’Al-Mahra où l’Arabie saoudite a implanté une base militaire. Pour l'heure la Grande-Bretagne n'a pas répondu à cet appel mais l'incident de ce 17 mai devra le pousser à revoir sa copie.
Mais Londres n'est la seule partie à devoir tirer leçon de cet incident qu'Ansarallah n'a pas revendiqué mais qui tout raison garder pourrait être son oeuvre : la Chine. A l'heure où les Américains se livrent désormais à l’assassinat des diplomates chinois pour bloquer les investissements de l'empire du milieu même dans une entité qu'ils ont créée eux-même (Israël) est-il concevable de ne pas miser sur la Résistance? Les bases américains et britanniques en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandeb ne visent pas seulement à contrer la Résistance. Elles visent surtout à faire chanter la Chine qui tout compte fait ne peut que compter sur le petit Djibouti pour repousser autant de vautours. Ce serait un très mauvais choix que de s'en tenir aussi mauvais que de croire "Israël" un pays sûr.