Cette nouvelle dérogation de 120 jours sur les sanctions visant les importations en gaz et en électricité iraniens que les États-Unis d'Amérique viennent d'accorder à l'Irak du nouveau Premier ministre Mustafa al-Kazemi, dont 15 des 20 ministres proposés ont obtenu dans la nuit de mercredi à jeudi 7 mai le vote de confiance du Parlement, est plus qu'une simple concession : dans son message de félicitation à al-Kazemi, Mike Pompeo dit que "c'est là, un signe de bonne volonté de la partie américaine à l'adresse du nouveau gouvernement irakien" à qui l'Amérique souhaite évidemment le plein succès. L'observateur averti aimerait bien prendre le secrétaire Pompeo à la lettre et croire ses vœux , sauf que les données sur le terrain poussent à toute autre lecture : Si les États-Unis ont lâché du leste, c'est parce que leur plus grande opération militaire minutieusement organisée, après l'échec du projet Daech, a lamentablement échoué.
À Diyala, à Salaheddine, à al-Anbar et à Kirkuk, des centaines de daechistes aguerris -3000 selon Le Monde et encore la source est un ami américain- que les USA avaient héliportés depuis la prison de Hassaké vers l'Irak, avaient un plan et un soutien logique vaste et ils croyaient pouvoir s'emparer de gros morceaux des ces quatre provinces entre autres pétrolifères tout comme ils l'ont fait en 2014 à Mossoul. Or ces bataillons takfiristes du Pentagone dont les effectifs se sont cachés à Ain al Asad et à Erbil ne s’attendaient pas que les forces militaires irakiennes les attendent au tournant : les Hachd les ont laissé avancer avant de refermer le piège sur eux et de liquider les terroristes. À Salaheddine, le Pentagone a compris que sa présence aérienne et le soutien que celle-ci procure à ses supplétifs ne jouent plus un rôle décisif et que ni ses systèmes radars, ni ses drones et ni ses Patriot ne sauraient lui rassurer le succès militaire.
Les voeux de Pompeo cachent aussi une autre inquiétude. Le Parlement qui vient d'accorder sa confiance à Kazemi lui propose d’ores et déjà de remplacer "les USA" par le duo Iran-Russie pour "tout soutien aérien aux opérations anti-terroristes". Un membre de la commission de la sécurité et de la défense du Parlement irakien a proposé de faire appel plutôt à la RII et à la Russie ou aux deux pour qu'ils impliquent leur force aérienne dans des "frappes contre les repaires des terroristes de Daech sur le sol irakien". Kata Najman al-Rikabi, estime qu’une coalition aérienne Irak-Iran- Russie plus Syrie, Bagdad retrouverait sa supériorité aérienne. Très bonne idée alors que les États-Unis ont cessé tout soutien à l'armée de l'air irakienne depuis le mois de janvier. Le député avance trois facteurs comme le préalable à cette coalition arienne à venir : « le niveau du danger que représentent les menaces proférées par les Takfiristes contre la sécurité de l’Irak », « l'accord initial du gouvernement irakien avec l'Iran et la Russie» et « la volonté de Téhéran-Moscou d'assister Bagdad en la matière ».
Pour appuyer la proposition de son collègue, un autre député irakien al-Rikabi rappelle qu’en dépit d’une couverture aérienne assurée par la coalition pro-US ( OTAN), 'les terroristes continuaient toujours leurs actes' : l’armée irakienne pourrait bénéficier des capacités aériennes Iran-Russie comme une alternative à la coalition internationale, dirigée par États-Unis, lors de ses opérations militaires contre les terroristes", a-t-il dit.
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