Dans un contexte d’instabilité politique majeure qui divise la Libye depuis l’intervention de l’OTAN en 2011, le maréchal Khalifa Haftar a annoncé ce lundi 27 avril son retrait de l’accord politique qui a conduit à la formation du gouvernement d’union nationale, proclamant en outre que le pouvoir passait à l’armée. Son message télévisé a été diffusé par le bureau des médias des forces armées libyennes.
Comme il l’avait déjà fait par le passé, le maréchal a par ailleurs annoncé une nouvelle fois « la fin de l’accord de Skhirat », signé fin 2015 au Maroc sous l’égide de l’ONU. Cet accord pour un « gouvernement d’entente nationale » (aussi connu sous l’acronyme anglophone GNA), dont est issu l’actuel gouvernement de Fayez al-Sarraj, avait été entériné par les gouvernements libyens rivaux de Tobrouk et de Tripoli dans un contexte d’instabilité politique majeure, héritage malheureux de l’intervention militaire de l’OTAN en 2011 qui a mené à la chute de Mouammar Kadhafi.
En s’adressant au peuple, il a souligné que ce dernier avait répondu à l’appel de sortir de l’accord politique qui a « détruit le pays » et à l’appel de mandater celui qu’il juge comme étant « le plus digne pour diriger le pays à cette étape ».
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Le maréchal Haftar prétend avoir reçu « le mandat du people » alors qu’il tente depuis avril 2019 de s’emparer de la capitale Tripoli avec le soutien de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et des États-Unis. Le conflit a fait des centaines de morts et plus de 200 000 déplacés.
Le 23 avril, M. Haftar avait demandé aux Libyens de choisir une institution pour lui confier la mission de gouverner le pays après la fin, selon lui, de l’accord de Skhirat. Il avait alors évoqué la mise en place d’une « déclaration constitutionnelle » censée régir le pays.
Dans l’intervalle, Moscou qui soutient Khalifa Haftar se dit « surprise » par la déclaration du maréchal Haftar. La Russie a qualifié de « surprenante » l’annonce par le maréchal Khalifa Haftar, rapporte Reuters citant une source du ministère russe des Affaires étrangères.
La Russie a estimé qu’il n’y avait pas d’autre solution pour résoudre le conflit que de maintenir une communication politique et diplomatique entre toutes les parties. « La Russie reste en contact avec tous les participants du dossier libyen », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dimitry Peskov, affirmant par ailleurs avoir été surpris de la position annoncée publiquement par le maréchal Haftar.
La Libye est divisée depuis 2014 en deux : à l’ouest, sur une bande territoriale au sein de laquelle se trouve Tripoli, s’étend le pouvoir du GNA.
En face, le maréchal Khalifa Haftar, qui dit tirer sa légitimité du Parlement de Tobrouk, contrôle la totalité de la Cyrénaïque (est du pays), ainsi qu’une large partie de la Tripolitaine (ouest) et du Fezzan (sud-ouest).
Les conflits entre les deux parties se sont intensifiés ces dernières semaines, avec des combats acharnés sur plusieurs fronts dans l’ouest du pays, malgré les appels urgents de l’ONU et des agences d’aide pour une trêve pour faire face à la crise du coronavirus.
Il est à noter que Haftar est soutenu par la Russie, les Émirats arabes unis et l’Égypte, tandis que le GNA est soutenu principalement par la Turquie.