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Embargo d'arme contre l'Iran expire: pourquoi les USA paniquent?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un pilote iranien à bord de Kowsar.(Archives)

C'est devenu un rituel : toutes les deux semaines, le secrétaire d'état US appelle à ce que l'embargo sur la vente d'arme à l'Iran soit maintenu avant de se heurter presque aussitôt à un "niet" retentissant russe. Le dernier tweet de Pompeo à ce sujet date de samedi 18 avril, tweet aussitôt répondu par le représentant permanent de la Russie auprès des instances internationales à Vienne. 

Le représentant permanent de la Russie auprès des instances internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov, a exclu la possibilité de reconduire un embargo des Nations unies sur la vente d'armes à l'Iran qui expirera en octobre, rappelant à Washington que le risque de course aux armements ne pouvait être réduit que par des efforts collectifs et non pas par l'unilatéralisme. En effet l'Amérique se tient à ce ridicule argument pour justifier son obsession anti-iranienne. Selon le diplomate russe, la course aux armements est due aux actions des grandes puissances.

« Habituellement, une course aux armements n’est pas unilatérale. Il s’agit d’une entreprise collective au niveau des grandes puissances ou dans le contexte régional et sous-régional. Un risque de course aux armements ne peut guère être éliminé par un embargo sur les armes contre un pays. Cette tâche nécessite des efforts collectifs par le biais de négociations », a tweeté Mikhaïl Oulianov.

Plutôt dans la journée, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exhorté, dans un tweet, le Conseil de sécurité des Nations unies à prolonger l’embargo international sur les armes imposé à l’Iran.

L'avion de combat iranien Saeqeh. ©IRNA

Ce n'est pas la première passe d'arme verbale entre Russie et USA autour du sujet. En 2019, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Riabkov, avait déclaré que les appels des responsables américains à la prolongation de l'embargo contre l'Iran étaient considérés comme une mesure de politique étrangère qui n'a aucun fondement ni principe, soulignant que la levée de l'embargo est basée sur le Plan global d’action conjoint (PGAC), signé par plusieurs parties, dont les États-Unis, et approuvée par la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies en 2015.

Le responsable russe avait aussi déclaré que Moscou ne se plierait pas aux exigences américaines chaque fois qu'ils le voudraient : « Ils pourraient trouver autre chose la prochaine fois. ». Dans le cadre de l'accord sur le nucléaire, dont les États-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018, une interdiction par l'ONU de vendre des armes à Téhéran prendra fin en octobre 2020. Mais pourquoi cette panique US? The National Interest a son point de vue :  " l'Iran est devenu depuis quelque temps un fabricant d'armes et aussi étonnant que cela puisse apparaître, ses armements ont des clients. Ses drones, ses missiles, ses munitions ont certes autant d'optimisations de la technologie russo-chinoise mais des optimisations parfois parfaites qu'elles prennent de court les constructeurs." 

Mais il y a plus : " la levée de l'embargo sur la vente d'armes à l'Iran pourrait renouveler l'unique secteur où l'Iran n'a pas encore son mot à dire à savoir la flotte de combat aérienne. L’aviation iranienne est l’une des plus grandes armées aériennes au monde. Son ordre de bataille comprend environ 350 chasseurs, soit plus du double de ce que possède la Royal Air Force. Il s'agit certes des modèles anciens que l'Iran n'a cessé de renouveler et d'optimiser mais l'Iran aimerait y injecter du sang neuf, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour Washington. Mais quel genre d'avions de combat souhaitent acquérir les Iraniens? , s'interroge le site qui répond : 

MiG-31 : En 1990, l’Iran a passé une commande auprès de Moscou pour acheter 24 avions intercepteurs MiG-31. Le MiG-31 bimoteur a succédé en effet au Mach-trois MiG-25 de l’époque soviétique. Les MiG-31 auraient pu considérablement améliorer la capacité de l'Iran à patrouiller son espace aérien et à contrer les menaces de ses voisins. A l'époque les Russes ont dit "non" à l'Iran, un "non" qui ne semble pas être renouvelable désormais. Le MiG-31 contribuera à renforcer la Défense aérienne iranienne, un point qui a poussé l'Iran à créer une gamme de missiles étonnante". Mais il y a d'autres avions que convoitent les Iraniens. 

Su-27/Su-30 : 

De nombreux rapports circulent sur les tentatives iraniennes d'acquérir auprès de la Russie des chasseurs Su-27 ou la version plus moderne Su-30 du même avion. En 2007, des rumeurs concernant un contrat pour un énorme 250 Su-30 ont contraint le chef de Rosoboronexport, l'agence russe d'exportation d'armes, à nier formellement qu'une telle vente était en cours. L'Iran aurait tenté à nouveau en 2016 d'acquérir le Su-30, mais cette fois-ci, les sanctions de l'ONU - partie de l'accord de 2015 limitant le programme nucléaire iranien - ont compliqué la situation. Mais les sanctions expireront en 2020 et les Russes affichent même une certaine impatience.

J-10 :

Et puis il y a la Chine dont les coopérations militaires s'amplifient rapidement avec l'Iran. Dans les années 90, l’Iran a réussi à acheter quelques J-7 à la Chine. Le J-7 est la copie chinoise du MiG-21 russe. Au cours de la dernière décennie, l'armée de l'air chinoise a commencé à remplacer bon nombre de ses propres J-7 par des J-10 plus récents. Le J-10 est un design beaucoup plus moderne. Ses performances correspondent à peu près à celles du F-16 américain. Ceci dit, les Iraniens ne sont pas restés les bras croisés pendant  : les spécialistes iraniens ont modernisé les anciens modèles et construit de nouveaux avions : Le Saeqeh (Tonnerre) est un avion de combat iranien conçu par les spécialistes de l’Université d’ingénierie aéronautique Shahid Sattari et la Iran Aircraft Manufacturing Industrial Company, sans l’assistance de spécialistes étrangers. En 2018 l’Iran a révélé un nouveau chasseur biplace qui s’appelle Kowsar. Il est de fabrication à 100% locale.  Le Kowsar est équipé de la quatrième génération de systèmes avioniques, et il peut transporter différents types de missiles et de bombes. Il est également doté d'un équipement radio-électronique de quatrième génération. Cet avion est destiné à accomplir de brèves missions de soutien aérien assurant à l'armée de l'air de la RII une indépendance importante dans le contexte de l'embargo sur les armes imposé au pays. Imaginez que la Russie et la Chine se mettent à vendre leurs chasseurs et avions de combats à l'Iran. Les risques seront bien grands pour les Etats-Unis". 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV