Dans un rapport sur l'importance de la libération de la province d'al-Jawf par l'armée et les Comités populaires yéménites, le journal Al-Araby Al-Jadeed l’a qualifiée de clé voûte de cinq provinces du Yémen. Al-Jawf a une longue frontière avec l'Arabie saoudite et offre à Ansarallah une arrière-cours pour prendre aisément pour cible de ses drones et missiles le Rub al Khali ou le « Quart Vide », qui est l'un des plus grands déserts pétrolifère et la plus grande étendue ininterrompue de sable au monde laquelle occupe environ 650 000 kilomètres carrés dans le tiers le plus méridional de la péninsule Arabique.
C'est là où se situe le site pétrolier stratégique d'al-Shaybah. Shaybah est l'un des multiples sites onshore et offshore saoudien, qui produit plus de 10 mbj et dont le sous-sol recèle les deuxièmes réserves mondiales de brut (261,1 milliards de barils) et des réserves de 294.000 milliards de pieds cubes de gaz naturel. Le forage de centaines de puits à Shaybah est contrôlé à distance par des opérateurs qui reçoivent des données par satellite à partir de sondes tentaculaires explorant les roches souterraines.
Le porte-parole des forces armées yéménites, le général de brigade Yehya Saree, a fait part ce mardi 17 mars des détails de l’opération militaire de grande envergure baptisée « On les a vaincus » dans la province d’al-Jawf (dans le nord).
Il a annoncé la libération de tous les districts d’al-Jawf à l’exception de certaines zones dans le district de Khob et Chaaf et le désert d’al-Hazm.
« Cette opération a entraîné la défaite de toutes les brigades militaires appartenant aux mercenaires de la coalition saoudienne. Des centaines des forces ennemies ont été tuées, blessées ou capturées », s’est-il félicité.
Il a ajouté que les unités des missiles et des drones kamikazes ont mené plus de 50 opérations, dont certaines ont visé les profondeurs du territoire saoudien en riposte aux bombardements des zones résidentielles.
Bien qu'il s'agisse d'un gouvernorat pauvre par rapport au reste des gouvernorats voisins, al-Jawf jouit d’un poids stratégique, qui permet à la partie qui y règne de contrôler le « rythme » de la bataille au Yémen depuis cinq ans. En d’autres termes, la partie qui se rend maître d’al-Jawf, domine les gouvernorats d'Amran de l'ouest et Sanaa du sud-ouest, Maarib du sud, Hadramout de l'est et Saada du nord.
Dans le nord-est, il existe des ressources de pétrole saoudien dans le désert du Rub al-Khali. Pour les combattants d’Ansarallah, al-Jawf s'impose comme le domaine le plus important sous leur emprise au cours des cinq dernières années de guerre. Contrairement à ses frontières avec le gouvernorat pétrolier d'Hadramaout, à l'extrême est du Yémen, les ressources de pétrole du gouvernorat de Maarib semblent être la cible la plus proche d’Ansarallah et pourraient faire l'objet d'une attaque dans les prochains jours, selon certaines sources d’information.
En effet, parallèlement à l'annonce officielle d’Ansarallah de renforcer leur contrôle sur al-Jawf, les combattants de ce mouvement ont lancé des attaques simultanées contre Maarib à partir de trois axes, l'objectif principal étant de faire tomber le camp de Kovel dans la direction de Sirwah, à Maarib.
Al-Jawf partage de longues frontières avec l'Arabie saoudite. Cette position géographique conduira finalement Riyad à entreprendre des « consultations de paix » avec Sanaa pour protéger « les gisements pétroliers de Shaybah au Rub al-Khali face aux frappes de missiles ou de drones de la Résistance yéménite ».