L'aviation russo-syrienne a bombardé les positions des terroristes pro-turcs à Nerab dans la province d'Idlib. Quels sont les facteurs dissuasifs qui détruisent les rêves d'Erdogan?
Dans la province d’Idlib en Syrie, une attaque de l’armée turque, par terroristes interposés, pour reprendre ses positions à l’armée syrienne, à Nerab, a échoué.
Citant l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, vitrine médiatique des insurgés syriens, l’agence de presse Fars News a annoncé que 10 effectifs de l’armée turque avaient été tués ou blessés, lors d’attaques des avions de combat russes et syriens, contre un poste d’observation de l’armée turque dans le village de Kansafra au sud d’Idlib.
Plusieurs véhicules blindés de l’armée turque ont été détruits lors de ces attaques qui ont eu lieu après que des forces turques et des terroristes soutenus par Ankara eurent attaqué les positions de l’armée syrienne dans le village de Nerab. Depuis le poste d’observation de Kansafra, l’artillerie turque avait tiré intensément sur les positions des forces syriennes à Nerab, ajoute la source.
Il s’agit de la 3ème tentative d’ailleurs échouée des terroristes pro-turcs d’occuper ce village de la province d’Idlib.
Des affrontements ont toujours lieu actuellement sur divers axes entre les terroristes soutenus par la Turquie et les forces syriennes qui ont réussi jusqu’à présent à libérer neuf localités à savoir Cheikh Dames, Hantoutin, Rakaya,Tal al-Nar, Kafar Sijnah, Cheikh Moustafa, al-Naqir, Soutouh al Deir et Arinba. L’aviation syro-russe a bombardé à plus de 120 reprises ce lundi matin les positions des terroristes.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a averti qu’une guerre en bonne et due forme éclaterait entre Ankara et Damas, au cas où les forces syriennes ne revenaient pas avant la fin de la semaine aux lignes précédentes.
À ce sujet, l’agence de presse Tasnim affirme n’avoir constaté aucun signe d’entente entre les deux parties, surtout que la Russie ne tolère pas, elle non plus, que les Turques puissent jouer à jamais leur carte d’Idlib.
Les jours à venir nous diront si Erdogan aura été à la hauteur des menaces qu’il ne cesse de brandir contre Assad. Ce qui est sûr est que les revendications d’Ankara ne sont absolument pas compatibles avec la réalité des circonstances sur le terrain.
Les Turcs, désenchantés à Idlib !
Les évolutions en cours montrent que la Turquie se trouve face à une situation imprévisible sur le terrain. L’équipe politico-sécuritaire d’Erdogan s’attendait à ce que la question de la présence des terroristes extrémistes à Idlib dans le Nord-Ouest syrien reste pour l’heure irrésolue. En effet, les Turcs ne croyaient pas que les parties impliquées dans le processus d’Astana veuillent avoir affaire aux terroristes à Idlib, avant que le Comité constitutionnel n’ait complètement terminé ses activités dans le sens du processus politique de la crise en Syrie. Or, il s’est avéré que la Russie, l’Iran et la Syrie ne partagent pas cet avis. Tout au contraire, ils sont persuadés que le processus de rédaction de la Constitution syrienne passe par la reconquête d’Idlib.
Le bluff d’Erdogan et le facteur russe
Il serait utile d’ajouter qu’en ce qui concerne les trois importantes opérations que l’armée turque a menées jusqu’à aujourd’hui sur le territoire syrien, nombreux étaient des analystes politiques à estimer que les menaces de guerre d’Erdogan n’étaient qu’un bluff politique. Mais en parlant des menaces de guerre anti-syriennes auxquelles s’est livré aujourd’hui président turc, il faudrait dire que la façon dont Moscou va se comporter envers les agissements militaires turcs en Syrie est un facteur hyper-important.
Rappelons que l’aviation turque n’a pas libre champ dans le ciel syrien. Pire encore, la Turquie devrait craindre de se faire frapper par les Russes de façon indirecte. Pour affaiblir la Turquie et empêcher les forces turques de frapper la Syrie, la Russie n’aura pas besoin de viser directement l’armée turque, quitte à sacrifier totalement ses liens avec Ankara.
Par contre, la Russie pourra jouer à la fois deux cartes gagnantes :
– mener de lourdes attaques aériennes contre les insurgés syriens et les groupes terroristes se trouvant à Idlib ;
– favoriser l’exode d’au moins deux millions d’habitants d’Idlib vers la Turquie.
Mais le facteur russe n’est pas le seul facteur dissuasif auquel est confrontée l’armée turque : c’est fort possible qu’une unité des forces du Hezbollah libanais, ayant déjà l’expérience de combat contre les terroristes sur le territoire syrien, soit transférée à Idlib, pour aider l’armée syrienne.
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