Riyad et son allié émirati affûtent leurs armes : après avoir fait croire qu'ils veulent la paix, et alors qu'Ansarallah a volontairement mis un bémol à ses frappes au drone et au missile, l'axe Riyad-Abou Dhabi cherche à refaire une santé et à réorganiser les "mercenaires du sud" par « l’accord de Riyad » interposé en vue de prendre d'assaut Sanaa. Cette tentative constitue en soi un aveu d'échec puisque la coalition n'a cessé depuis 2015 de tenter d'imposer Aden comme capitale, et ses efforts de ce début 2020 pour reprendre Sanaa prouvent qu'elle n'a pas eu gain cause. Surtout qu'Aden est un enfer et c'est là cette autre faille du plan B US/Riyad/Emirat.
L'offensive du vendredi contre Nehm, qui est la porte d'entrée de Sanaa est tombée à l'eau puisque les fidèles de l'ex-président Saleh, lesquels ont jusqu'ici payé de leur sang l'aventurisme "golfien", ne croient plus aux racontars saoudo-émiratis et qu'ils font défection par centaines ou alors ils se révoltent contre leur hiérarchie.
En octobre dernier, la Résistance yéménite avait promis qu’en cas de l’échec du processus politique, elle n'hésiterait pas à refaire vivre à Riyad " l'enfer de l'Aramco" et ce qui vient de se passer dans la nuit de samedi à dimanche à Maarib relève de ce pari désormais tenu : Après l'offensive du vendredi 17 janvier de ladite "coalition" contre Nehm, à proximité de Sanaa, soldée par des dizaines de morts dans les rangs de celle-ci; les forces de la Résistance ont pour la première fois depuis l'octobre 2019 pris pour cible de leur attaque "hybride" une caserne des mercenaires à Maarib. A en croire Sky News, l'attaque a laissé 90 morts et 130 blessés. Toujours selon la chaîne de télévision pro-saoudienne, l'offensive que Ansarallah n'a pas encore revendiquée conjuguait à la fois missiles et drones, un petit remake de ce qu'a vécu l'agresseur saoudien le 14 septembre 2019 à l'est saoudien.
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La base abritait de nouveaux recrus, ceux que Riyad et Abou Dhabi ont soudoyés dans l'espoir de pouvoir inverser la donne. Il s'agit de la base d’entraînement Al Nasr et c'est la 4e division de l'armée de Mansour Hadi, qui a été frappée au cœur. Cette nouvelle évolution intervient alors que les États-Unis et Israël mettent à profit l'accalmie décidée par Ansarallah pour se restructurer et s'emparer de plusieurs régions pour y faire des bases militaires.
On pense surtout à Socotra où les forces émiraties ont fait place nette pour céder aux marines américains , il y a de cela une vingtaine de jours ou encore de l'île Zuqar que convoitent les USA. A ceci ajoute la base militaire "Bérénice" que l'Égypte vient d'inaugurer dans la région de la mer Rouge. Au fait, l'accalmie qu'Ansarallah a respectée ces derniers mois visait surtout à ce que les parties comme la Chine et la Russie qui constituent la cible principale des efforts expansionnistes US en mer Rouge agissent, comme il faut , à savoir de façon à contrer les Américains.
Lors d’une réunion tenue, le mardi 1er octobre, avec Martin Griffiths, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, le haut responsable de la Résistance yéménite, Mahdi al-Machat, tout en faisant part de la volonté de paix des combattants d’Ansarallah avait mis en garde contre toute tentative hostile de la coalition qui conduirait à une rupture de la trêve. Et bien la frappe conjuguée du 18 janvier tire la sonnette d'alarme, car la coalition saoudienne a commencé à reprendre ses attaques contre les forces de l’armée yéménite et d’Ansarallah, en janvier 2020 et cela a conduit la Résistance à conclure que la paix n’existe plus et que de nouvelles frappes au drone et au missile sur les cibles vitales des ennemis émirato-saoudiens, les installations d’Aramco parmi d’autres, redeviennent d'actualité. Il est hors de question que la "coalition" impose sa loi. On se rappelle de ces banques de "cibles à abattre" qu'évoquait le porte-parole de l'armée yéménite le général Saree.
« Les forces armées yéménites ont réussi à imposer une nouvelle équation militaire à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite », a déclaré le porte-parole de l’armée yéménite.
Lors d’une conférence de presse à Sanaa, le général Yahya Saree, avait déclaré que les forces armées yéménites n’hésiteraient pas à attaquer tout pays qui représenterait un danger pour les civils, les combattants et les intérêts nationaux du Yémen. « Notre riposte militaire à l’ennemi sera proportionnelle à chaque attaque de la coalition saoudienne et notre réponse aux crimes commis contre nos civils sera désormais plus dure que jamais », a déclaré le porte-parole. Que Riyad et Abou Dhabi s'y attendent.