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La Russie saura éviter une seconde Syrie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La Turquie est soupçonnée d’envoyer des combattants de groupes armés syriens en Libye. ©opex360

Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a nié qu’il y ait eu des frictions entre Ankara et Moscou au sujet de la Libye alors que la Turquie a tenté d’envoyer des troupes à Tripoli.

« Non, la Turquie et la Russie ont de très bonnes voies de dialogue », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision turque NTV en réponse à la question de savoir s’il avait un désaccord entre les deux pays.

Il a déclaré que des pourparlers avaient eu lieu entre les chefs d’État et les responsables de la Défense. La Turquie a l’intention de résoudre toute divergence avec la Russie par le biais de négociations, a ajouté Akar.

Le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli a demandé à la Turquie une aide « aérienne, terrestre et navale » après que les forces rivales du général Khalifa Haftar basé à l’est ont redoublé d’efforts pour s’emparer de Tripoli.

 Le gouvernement turc a décidé de faire passer la motion devant le Parlement lors d’une séance extraordinaire le 31 décembre. Il a demandé de déployer des troupes en Libye pour protéger les intérêts nationaux turcs.

Fin novembre, la Turquie et le GNA ont signé des accords de coopération militaire et sur une nouvelle frontière maritime. Les deux parties ont déjà ratifié l’accord et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait déclaré le 26 décembre qu’Ankara était prêt à fournir une assistance militaire dans la lutte contre l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.

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La Libye est confrontée à un rude conflit armé depuis que son chef de longue date, Mouammar Kadhafi, a été renversé et tué en 2011. La partie orientale du pays est désormais gouvernée par les autorités de Tobrouk et l’ANL alliée, tandis que le GNA, reconnu par la communauté internationale, opère dans l’ouest du pays. La situation s’est aggravée au cours de ces dernières semaines, Haftar ayant ordonné à ses troupes d’avancer à Tripoli, capitale contrôlée par le GNA.

Les analystes sont d’avis que les affrontements risquent de s’intensifier sur le terrain et que l’Europe a renoncé de résoudre la crise en Libye.

« Le conflit armé en Libye a éclaté en 2011 après le renversement de Mouammar Kadhafi avant de s’intensifier en 2019 avec l’intervention turque », a écrit le quotidien al-Quds al-Arabi.

Le Parlement turc devra voter le 2 janvier 2020 un projet de loi sur l’envoi de troupes en Libye en soutien au Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli. Le GNA a menacé d’attaquer les forces de l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Haftar.

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Si le Parlement turc adopte ce texte, Ankara s’engagera officiellement dans la guerre en Libye bien qu’elle y est déjà impliquée en livrant des armes et des drones au GNA de Sarraj.

Ankara, envoyant des troupes en Libye, déclare en effet la guerre à la Russie, à l’Égypte et aux Émirats arabes unis, qui soutiennent les forces de Haftar.

Selon certains experts, après sa première défaite dans son attaque en avril 2019 contre Tripoli, où est basé le Gouvernement d’union nationale de Sarraj, le général Haftar peut actuellement réaliser des avancées grâce à des centaines de mercenaires russes.

La Russie a à maintes reprises affirmé qu’elle n’avait déployé aucune force en Libye, mais l’émissaire onusien pour la Libye, Ghassan Salamé, a de son côté fait part plusieurs fois de ses inquiétudes quant à une internationalisation de cette guerre en référence à la présence des forces russes.  « Une guerre similaire à celle de la Syrie pourrait éclater », a averti Ghassan Salamé lors d’une interview accordée à l’AFP.

« Les informations diffusées sur les réseaux sociaux montrent que des milices alliées à la Turquie sont entrées à Tripoli », affirment les analystes bien que le GNA le dénie.

 « Nous assistons à un spectacle compliqué et très contradictoire, similaire à ce qui s’est passé en Syrie, qui se joue entre la Turquie et la Russie, qui ne sont pas unis par des liens amicaux et qui ne sont pas non plus alliés l’un de l’autre, mais leurs intérêts peuvent se chevaucher » a déclaré Jalel Harchaoui, chercheur à Clingendael, un think tank indépendant basé aux Pays-Bas.

Il n’y a jamais eu de confrontation directe entre la Turquie et la Russie sur le sol syrien auparavant, il n’y aura donc pas de confrontation intentionnelle et intense entre elles sur le sol libyen. Avec la présence des acteurs étrangers opposés (Russie et Turquie) en Libye, il y aura peut-être des déchirements parmi les habitants, ce qui n’est pas du tout bon », a déploré al-Harchaoui.

 L’intervention de la Russie et de la Turquie qui sont dans des camps opposés entraînera l’échec des Européens, et en particulier de la France, dans une guerre qui conduira à l’émergence du terrorisme et à l’afflux d’immigrants.

« Il n’y aura pas de leadership occidental en Libye. La Russie et la Turquie signeront un nouvel accord de Yalta en Libye », a-t-il estimé.

Depuis l’élection de Macron en 2017, la France a tenté d’apporter sa médiation et a ouvert des canaux de négociations avec Haftar (un problème qui a mis en colère l’Italie). Ces derniers mois, la France est devenue réticente et beaucoup disent que Paris soutient en effet ce général libyen, mais les autorités françaises le nient.

L’Allemagne a pris cette initiative de la France pour amener en janvier 2020 les partisans internationaux et les acteurs de premier plan à la crise libyenne à la table de négociation dans le cadre d’une opération similaire aux négociations à l’ONU.

Emadeddin Badi, expert au Center for Middle East Studies à Washington, estime de son côté que la Turquie cherche une politique qui sauvera le Gouvernement d’union nationale et préservera ainsi les intérêts économiques d’Ankara en Libye.

À cet égard, le Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale de la Libye et la Turquie ont signé le 27 novembre dernier deux accords de sécurité et de coopération militaire pour défendre les droits des deux pays en vertu du droit international.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV