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Yémen: les marines US débarquent à Socotra tout près de la base chinoise à Djibouti

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des membres de l'armée populaire de libération chinoise lors de l'inauguration de sa nouvelle base à Djibouti, le 1er avril 2017./AFP

Il y a à peine un mois, l'un des hauts responsables d'Ansarallah reprochait à la Chine d'avoir cédé à l'appât de gain et vendu au régime criminel de Riyad des "méga-drones", et ce, en dépit des "promesses" faites par l'ambassadeur chinois à Sanaa aux forces yéménites de ne pas fournir à l'Arabie saoudite de quoi renforcer ses capacités militaires. Le haut responsable yéménite ne croyait pas si bien dire. 

Le 15 décembre l’Arabie saoudite a déployé des dizaines de ses militaires sur l'île yéménite de Zuqar, en mer Rouge pour construire un centre de commandement sur cette île yéménite qui est situé entre le Yémen et l'Érythrée, tout près du détroit de Bab-el-Mandeb.  Zuqar est l’île la plus grande de l’archipel Hanish à mi-chemin entre les côtes africaines et arabiques. Ceci veut dire en termes très clairs que les États-Unis, maîtres de Riyad, se sont "préventivement" accaparés de Zuqar, et ce, dans le strict objectif de harceler la Chine, implantée à Djibouti.

Mais ce n'est pas tout  : après avoir occupé par Emirats interposés une autre île stratégique yéménite, Socotra, les Américains y ont fait débarquer des centaines de marines. Selon les sources proches du gouvernement démissionnaire du Yémen, les marines y sont même stationnés, ce qui veut dire qu'ils prennent la place des Émiratis, et y érigent une nouvelle base militaire. Selon Al-Khabar al-Yamani, le déploiement des militaires américains intervient sur fond des pressions que fait Riyad sur le gouvernement démissionnaire d’Abd Rabbo Mansour Hadi pour inciter ce dernier à louer l’île de Socotra.

Mohammed ben Salmane, prince héritier de l’Arabie saoudite, aurait poussé  Mansour Hadi à reconsidérer la demande des Émirats arabes unis de louer l’île de Socotra pour une durée de 95 ans et à y donner son feu vert. Mais ce n'est peut-être pas là que réside le vrai enjeu. 

L’île stratégique de Socotra se trouve à 234 kilomètres au large du cap Guardafui qui constitue l'extrémité nord-est de la Somalie et à 352 kilomètres au sud-est des côtes du gouvernorat d'Al Mahrah, au Yémen. Elle est la plus grande île de l'archipel de Socotra composé d'Abd al Kuri, Darsah, Samhah et les îlots rocheux de Sabuniyah et Ka'l Firawn. Et elle mesure 133 kilomètres de longueur, une quarantaine de kilomètres de largeur pour une superficie de 3 579 km2, soit assez de surface pour que les Américains y construisent l'une de leurs plus grandes bases militaires en mer Rouge. 

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Les États-Unis ne cachent pas non plus leur souhait déjà de longue date de construire une telle base militaire surtout que la présence chinoise à Djibouti les gêne de plus en plus et que Djibouti ne fait vraiment plus partie de leur camp.  Al-Khabar al-Yamani affirme qu’une équipe militaire américaine  est en visite sur l’île depuis la semaine dernière. Les sources locales précisent que l’équipe s’y est rendue à bord d’un bateau et envisage de construire une base militaire sur la côte est de l’île.

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L’équipe américaine avait déjà rencontré l’ancien gouverneur de l’île qui est un partisan du gouvernement de Hadi, mais aussi le commandant des forces saoudiennes sur l’île de Socotra, a indiqué Al-Khabar al-Yamani.

Les militaires américains ont déclaré au gouverneur qu’elle prévoyait de se déployer sur l’île pour une période longue, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre de la formation "des forces de la garde côtière". Le gouverneur qui est contre le stationnement des forces émiraties sur l’île ne s’est pas opposé à celui des troupes américaines.

Et évidemment ce n'est pas à travers les agents de Riyad que la Chine avait dû chercher des alliés capables d'empêcher les Américains de s'implanter tout près de leurs bases en mer Rouge. Samedi, l'un des hauts membres du bureau politique d'Ansarallah a d'ailleurs mis en garde contre les objectifs US au Yémen, façon d'alerter les parties chinoise et russe.  Mohamed al-Bakhiti, a fait remarquer sur sa page twitter : " « Pourquoi la présence de Daech en Syrie s'est-elle limitée aux zones où sont déployées les forces américaines ? Pour empêcher l’entrée des forces de l’armée syrienne. Pourquoi al-Baghdadi était-il toujours vivant avant que les États-Unis ne le tuent, alors que les autres pays souhaitaient aussi sa mort ? Les États-Unis sont les seules parties qui invoquent la présence de Daech et d’autres organisations terroristes pour justifier leur présence dans la région ». 

Selon les observateurs, la remarque est fort à propos. Une fois installées à Socotra, les forces US ne tarderaient pas à y entraîner et former les terroristes et à les envoyer à l'assaut de la flotte marchande chinoise. Avec toutes les bonnes volontés du monde, la Chine ne saurait éviter un conflit. Ne valait-il pas mieux de ne pas faire passer les intérêts économiques conjoncturels avant les intérêts géostratégiques à long terme? 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV