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Corridor Irak-Méditerranée: les USA sauront-ils faire barrage à l'axe Irak-Iran-Chine-Russie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Irak: les Hachd protègent les frontières. ©IRNA

Ce qui se passe en Irak est pour les médias mainstream une "flèche tirée par le camp US/Israël/Monarchies arabe" contre l'axe de la Résistance. Qu'ils veuillent amputer l'axe de la Résistance de l'une de ses principales composantes, cela va de soi, mais qu'il y ait aussi des "effets collatéraux" à rechercher et à réaliser par les Américains et leurs alliés, les observateurs en conviennent aussi. Depuis que le PM démissionnaire, Adel Al Mahdi a donné son feu vert à des négociations destinées à doter l'Irak d'une défense aérienne autonome voire intégrée avec en toile de fond les S-400 russes, les troubles que vit aujourd'hui l'Irak étaient prévisibles surtout que Mahdi a eu le courage de tenter un choc frontal avec les USA, en se rendant à Pékin signer plus d'un milliard de dollars de contrats avec les Chinois. Au bout de deux mois d'agissements et de manipulations, les USA ont -ils gain cause? La chute de Mahdi risque d'ouvrir une période fort difficile pour les Américains. 

Au fait, après avoir tenté en bombardant tout au long de l'été 2019 de frapper les positions et les stocks d'armes et les bases de campement des Hachd à Bagdad, à Diyala, à Salaheddine, à Mossoul, ou encore sur les frontières syro-irakiennes, les États-Unis ont profité des troubles qu'ils pilotent depuis leur ambassade pour réactiver leurs réseaux daechistes. Ainsi à Diyala, à l'est de l'Irak, une offensive-éclair de Daech, ayant mobilisé des centaines de soldats takfiristes des USA, a été violemment repoussé lundi. Cette réactivation des cellules terroristes touche plus ou moins Saleheddine, Ninive et Falloujah, toutes des régions du centre et du nord. De toute évidence, les États-Unis cherchent à éloigner les Hachd des frontières syro-irakiennes dans le strict objectif de lancer une invasion daechiste sur le flanc ouest irakien depuis Deir ez-Zor, et ce, à l'effet de bloquer à nouveau le passage Qaem-Abou Kamal, par où passe le corridor stratégique Irak-Syrie-Méditerranée. En Syrie justement, les Américains cherchent à ériger deux nouvelles bases non loin d'Al Tanf, là encore pour mieux définir la ligne de front avec la Résistance. 

Une crise sécuritaire durable en Irak suffira-t-elle à provoquer un effondrement des positions de la Résistance? Les observateurs en doutent fort : le porte-parole du commandement des opérations communes irakien a annoncé lundi que les frontières communes Irak/Syrie sont complètement sous contrôle et les circulations, "sécurisées". Le général Tahsine al-Khafaji a confirmé le déploiement de tous les dispositifs nécessaires dans les zones frontalières pour observer et surveiller de près "les moindres agissements des terroristes, des daechistes". Le commandant a aussi souligne que "les opérations de protection des frontières" sont menées en parfaite coordination avec l'armée syrienne et que les "caméras nocturne" et les "drones" ys sont actifs. 

 Les forces des Hachd comptent des milliers de combattants aguerris qui, n'en déplaisent aux Américains, bénéficient d'un large ancrage populaire en dépit de tous les efforts américains. 

Mais il y a plus : alors que les États-Unis travaillent à installer le chaos en Irak, le ministère irakien du Pétrole a annoncé qu'un contrat d'ingénierie de 121 millions de dollars US avait été conclu entre l’Irak et la société chinoise « Petroleum Engineering & Construction Corp » (CPECC) afin de moderniser les installations utilisées pour l'extraction de gaz lors de la production de pétrole brut dans le champ pétrolier West Qurna-1 à 50 kilomètres au nord-ouest du principal centre pétrolier de Bassora.

Le projet, qui devrait être achevé dans 27 mois, vise à capturer le gaz actuellement brûlé sur le site. Le CPECC est une filiale du principal de « China National Petroleum Corp » (CNPC). Ce qui veut dire que la Chine s'installe durablement en Irak. Des experts des questions économiques et financières croient que le  projet de captage du gaz inclura également le développement des réserves de pétrole aux champs « West Qurna-1 », la Chine envisageant de prendre le gaz avec un rabais d'au moins 30% supplémentaires sur le prix moyen du marché, ce qui lui permettrait de s'impliquer davantage dans les questions du pétrole et du gaz irakien, au détriment des Américains et des Occidentaux. C'est une évolution particulièrement importante dans la mesure où elle marque l'entrée en scène irakienne d'un acteur jusqu'ici peu visible : la Chine avec qui Bagdad a signé des millions de dollars de contrats, quitte à affirmer sa présence dans le méga projet "route de la soie". 

Le ministre irakien des Affaires étrangères, Mohammed al-Hakim, avait salué dimanche la qualité des liens sino-irakiens, décrivant les relations bilatérales entre les deux pays comme "excellentes". Le ministre a souligné l'importance de "développer les perspectives de coopération bilatérale entre Bagdad et Pékin, afin de nouer des partenariats stratégiques et de mettre en place une coordination et des consultations efficaces aux niveaux régional et international, de manière à servir les intérêts des deux peuples", selon le communiqué. le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Irak a dépassé les 30 milliards de dollars américains en 2018, et la Chine espère travailler de concert avec l'Irak pour renforcer leurs relations bilatérales. La Chine est considérée comme le plus important partenaire commercial de l'Irak, tandis que l'Irak est le deuxième plus gros fournisseur de pétrole de la Chine.

La mesure prise par la Chine pour investir dans le champ pétrolifère West Qurna-1 est identique au projet qu’elle avait commencé il y a quelques mois à peine dans l’immense gisement pétrolifère de Majnoon, en Irak. Deux nouveaux contrats de forage ont été annoncés: l’un avec la compagnie chinoise Hilong Oil Service & Engineering pour le forage de 80 puits pour un coût de 54 millions de dollars US et l’autre avec l’Irak Drilling, Société à forer 43 puits pour un coût de 255 millions de dollars US. En réalité, ce sera la Chine qui se chargera des deux, ayant donné les fonds nécessaires à la société de forage irakienne à titre de « commission » pour sa propre participation, selon des sources bien informées irakienne. Également situé tout près de Bassora, à environ 60 kilomètres au nord-est de l’Irak, le gigantesque gisement pétrolifère de Majnoon est l’un des plus vastes au monde, avec une réserve de pétrole estimée à 38 milliards de barils de pétrole. 

"La route stratégique Irak-méditerranée est une entreprise bien eurasiatique qui ne saurait être contrée par des tentatives américaines, estime un expert qui souligne la tenue au mois de septembre des exercices aériens conjoint irano-russe pour en assurer la sécurité. " Le corridor Irak-Méditerranée devra se rallier à la route de la soie et la Russie a fait part de sa disponibilité d'y participer. Ce n'est pas avec des troubles en cours qui iraient reléguer en second place cet enjeu géostratégique, quelle que soit la composition du futur gouvernement, ajoute l'analyste qui fait remarquer que c'est là, l'une des raisons pour laquelle le port de Bassora est la cible des troubles. Le gouvernement irakien transite des produits dont il a besoin depuis la Méditerranée en direction du canal de Suez, la mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb, la mer d'Oman, le détroit d'Hormuz, le golfe Persique, pour arriver au port d'Umm Qasr. La Chine est bien présente à toutes ces étapes au grand bénéfice de l'Etat irakien". 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV