De violents affrontements ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi 9 novembre entre l'armée syrienne et les terroristes au sud de Kabani, dans le nord-est de Lattaquié. Il s'agit des hauteurs stratégiques que contrôlent les terroristes souvent d'origine chinoise et centre-asiatique et qui se battent sous la bannière de la Turquie. C'est à partir de cette hauteur qu'ont souvent lieu les raids au missile et au drone contre les positions de l'armée syrienne mais aussi contre la base aérienne russe à Lattaquié.
L'importante campagne russo-syrienne à Lattaquié intervient alors que les trois pays membres de l'OTAN à savoir l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne s'apprêtent à rencontrer les 3 et 4 décembre le président turc en marge du sommet de l'OTAN à Londres. Vendredi, le président turc a affirmé que son pays ne quitterait pas la Syrie tant que les autres ne l'auront pas fait. La Turquie servira-t-elle de base-arrière à un redéploiement des troupes de l'OTAN au nord-est de la Syrie alors qu'elle-même continuera à occuper le nord-ouest? S'agit-il d'un plan visant à contrer non seulement la souveraineté de l'État syrien mais aussi la présence des Russes?
Moscou semble avoir très rapidement compris l'enjeu: l'armée syrienne, dirigée par la 4ème Division blindée, avance dans le nord des monts Zuwayqat, à Lattaquié malgré les tentatives des terroristes de les repousser. Les dernières collines des monts Zuwayqat sont très difficiles à prendre en raison du vaste terrain qui oblige les troupes de l'armée syrienne à pénétrer dans la région sans bénéficier d’aucune couverture.
Tant que les terroristes contrôleront cette région montagneuse, l’armée syrienne ne parviendra pas à y installer ses armes lourdes, ce qui explique de multiples attaques nocturnes de l'armée syrienne.
Du matériel militaire a été envoyé, vendredi 8 novembre, dans le nord-est de la Syrie, suite au déploiement de l'armée syrienne sur ses frontières avec la Turquie. Selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, « du matériel militaire avait été déployé dans le village de Bab al-Kheir, dans la région de Rasseine et d’Om Chaïfa, Fayçalya, Manakh et Mahmoudya dans la province de Hassaké. Cette décision de l’armée syrienne vise à consolider sa position pour défendre le peuple et territoire syriens contre une éventuelle agression turque à l'heure où les Américains disent très clairement vouloir s'emparer du pétrole du nord-est et de l'est de la Syrie.
Vendredi toujours, l'armée russe a commencé ses premières patrouilles aériennes au-dessus de la vaste frontière syro-turque. Des hélicoptères militaires russes survolaient plusieurs postes frontières du nord de la Syrie, notamment des villes comme Ras Al-Aïn, Al-Qamishli, Al-Debasiyeh, Al-Malkiya, Kobané et Tall Abyad, histoire de mettre en relief le retour de l'État syrien et la présence de la Russie dans le nord du pays.
Russian military helicopters patrol northern Syria. pic.twitter.com/lCQlJa5DWc
— Ali Özkök (@Ozkok_A) November 8, 2019
Un peu plus à l'est, l'armée de l'air russe a lancé toujours le vendredi 8 novembre, une attaque puissante contre le district de Jisr al-Choghour, dans l'ouest d'Idlib, visant plusieurs QG des terroristes. Les sources concordantes évoquent l'imminence d'une offensive d'envergure contre le nord-ouest syrien, vu les récents développements dans le nord syrien: une chose est sûre, ni la Russie ni la Syrie ne permettront une remise en question des acquis militaires alors que 80% du territoire syrien sont contrôlés par l'armée syrienne et ses alliés.
Vendredi la Turquie a annoncé ne pas vouloir le territoire syrien tout en faisant état d'une réunion avec les trois pays de l'OTAN dont les forces spéciales maintiennent une présence illégale en Syrie. La Turquie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni organiseront une réunion quadrilatérale pour examiner le dossier syrien, en marge du sommet de l’Otan prévu pour les 3 et 4 décembre, a ainsi annoncé le porte-parole du président turc.
« Notre président avait précédemment déclaré qu'une telle réunion devrait avoir lieu à Istanbul, Şanliurfa ou Gaziantep. C’est ce que nous pensons toujours car les évolutions de la Syrie se produisent à côté de la Turquie et les questions liées aux réfugiés concernent directement la Turquie. Nous pensons que la Turquie est là où une telle réunion devra avoir lieu », a déclaré Ibrahim Kalin toujours le vendredi 8 novembre.
Et d’ajouter : « Pour plusieurs raisons, il a été convenu que la réunion ne pourrait avoir lieu avant le sommet de l'OTAN. Ainsi, il a été convenu que la réunion se tiendrait en marge du sommet de l'Otan qui doit se dérouler à Londres les 3 et 4 décembre », a ajouté M. Kalin en précisant que ce sommet réunira le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson. Kalin n'a rien dit des objectifs de ce sommet mais il pourrait effectivement s'agir de l'implantation des bases des forces de l'OTAN dans le nord syrien.
.