Les Européens pariaient que l’Iran n’oserait pas franchir le 4e pas dans le cadre de la réduction de ses engagements envers l’accord nucléaire, et pourtant nous constatons aujourd’hui que l’Iran annonce cette quatrième mesure. Dans un article signé Emad Abshenas, l’édition persane de l’agence Sputnik se penche sur le sujet.
« Vu les détails publiés sur ce quatrième pas, l’on pourrait dire qu’une fois réalisée cette mesure technique, l’accord conclu en 2015 à Vienne sur le nucléaire iranien, également connu sous le nom du Plan global d’action conjoint (PGAC) entrera dans un état de “mort clinique”. Le fait que l’Iran puisse désormais produire 5 kg d’uranium enrichi par jour détruit à lui seul l’axe principal du PGAC disposant que les Iraniens ne doivent jamais être à un an de la fabrication finale de la bombe atomique.
En effet, l’Iran a lancé sa première chaîne de centrifugeuses IR6. Du gaz d’uranium a été injecté dans les centrifugeuses. De même, des centrifugeuses encore plus sophistiquées passent actuellement les tests nécessaires et une fois qu’elles seront installées, l’on pourra dire que l’accord nucléaire aura été complètement annulé.
Par ailleurs, l’Iran vient d’accéder à la technologie nécessaire à la fabrication des centrifugeuses les plus avancées ; ce qui, selon les prévisions de l’accord nucléaire, devait se passer d’ici 6 années. Et l’on pourrait dire qu’il s’agit d’une étape irréversible, car il est impossible de retirer aux Iraniens une technologie qu’ils ont déjà réussi à développer.
Vacillant entre menaces et discours incitatifs, les Européens tentaient jusqu’ici d’empêcher l’Iran de passer à cette 4e étape. Face à leur malhonnêteté, l’Iran a pour sa part décidé de réduire étape par étape ses engagements pris dans le cadre du PGAC.
Maintenant que le PGAC est dans un état d’agonie comme le disent certains, la balle est donc dans le camp des parties occidentales.
Et aujourd’hui, les Européens appellent l’Iran à respecter le PGAC. Ironie de l’Histoire ! Sinon, ils pourraient quitter l’accord, se permettent-ils de lancer !
Mais la réalité est qu’ils n’ont fait jusqu’ici rien de sérieux pour appliquer le PGAC.
La situation ne serait pas telle qu’elle est, si les Européens avaient fourni un véritable parapluie de sauvetage à l’Iran, lorsque le président américain a décidé de retirer son pays de l’accord nucléaire.
Ce serait illusoire de croire qu’un recours, par les Européens, au mécanisme de sortie appelé « snap back » ferait peur aux Iraniens. Aujourd’hui, les sanctions imposées à l’Iran sont beaucoup plus dures que celles décidées par le Conseil de sécurité avant la signature du PGAC. Il n’y aurait donc rien de nouveau qui puisse faire peur aux Iraniens. Mais à une différence près : à l’heure actuelle, beaucoup de pays jugent les États-Unis responsables de la situation ambiante. Ils n’arrêteront donc, semble-t-il, pas leurs interactions avec l’Iran.
La balle est donc dans le camp des Européens qui devront décider s’ils veulent, ou pas, sauver le PGAC. Si les Européens ne changent pas d’approche, le PGAC ne sortira jamais de la “mort clinique” ; mais s’ils prennent des mesures aptes à satisfaire les revendications de l’Iran, l’on pourra espérer qu’un “choc électrique” sauve l’accord. Mais dans ce cas-là aussi, c’est sûr et certain que la façon dont l’Iran appliquera l’accord ne sera jamais comme avant. »
Et les premiers signaux venant de l’Europe ne semblent pas très prometteurs. Un extrait de point de presse publié par le site web officiel du ministère français des Affaires étrangères précise :
« Les annonces par l’Iran le 5 novembre pour augmenter ses capacités d’enrichissement vont à l’encontre de l’accord de Vienne, qui limite strictement les activités dans ce domaine. Nous attendons, avec nos partenaires, les prochains rapports de l’AIEA sur les annonces et actions iraniennes. Nous réitérons notre soutien au travail réalisé par l’Agence et rappelons notre confiance dans sa manière impartiale et indépendante de suivre et vérifier les engagements et obligations nucléaires de l’Iran. »