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Irak: pourquoi le nouveau scénario US de démembrement échouera?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un panneau dans le centre de Bagdad indique: "Les États-Unis sont responsables de l'insécurité et de l'instabilité dans la région parce qu'ils soutiennent l'occupation sioniste et les groupes terroristes". Septembre 2019. ©AP

Les États-Unis et Israël ont fini par décider de jouer la carte sur table : alors que quelques centaines de sympathisants du groupuscule extrémiste "Sarkhi"  s’en prenaient dimanche soir au consulat de l’Iran à Karbala, le président américain Donald Trump s’en félicitait en retweetant des tweets envoyés par Al Arabiya et d’autres chaînes saoudo-israéliennes. S’il est vrai que l’attaque a raté sa cible, le bâtiment, les murs, l’enceinte étant restés intacts, les fauteurs de trouble cagoulés se contenant de jeter des pierres contre le consulat, d’allumer un petit feu, avant de se disperser, il n’en reste pas moins qu’elle a servi de fond de commerce à l’Américain pour laisser éclater en public sa joie.

Dans la foulée, le ministre israélien Katz a emboîté le pas à l’ami Trump et a envoyé un message tweeté de sympathie en direction des « manifestants irakiens » les appelant à renforcer leur lutte contre l’Iran. Pour un Israélien dont le pays est mis K.O. à la fois par le vide politique et une crise économique profonde c’est plutôt culotté. Mais Katz tenait à ce que le monde entier sache aussi que son régime est également dans le coup. 

Si on ajoute ces explosions de joie américano-israélienne à la vaste campagne contre l’Éant irakien de Riyad et et aux propos significatifs de ce mardi du dirigeant kurde Massoud Barzani comme quoi « les Kurdes aimeraient reprendre le contrôle du pétrolifère Kirkouk », on comprend alors que plutôt que d’être une illusion complotiste, l’affaire irakienne est un scénario savamment concocté pour parvenir à ce que ni l’invasion de 2003 des Étqts6Unis ni le projet Daech n’a pu concrétiser à savoir l’implosion du pays : Israël et les États-Unis cherchent le démembrement de l’Irak. 

Mais quelles sont les chances pour qu’une telle entreprise réussisse ? Pour le député Hanin Qado, de l’alliance al-Binaa du Parlement irakien, ces chances sont quasi nulles. Le député qui dévoile le plan dangereux des États-Unis pour le démembrement de l’Irak et la création d’une région sunnite, via le renversement du gouvernement du Premier ministre Adel Abdel-Mahdi, dénonce les complicités, mais ne croit pas que le projet puisse aboutir. 

« Les Kurdes soutiennent certains chefs sunnites qui veulent créer une région de population sunnite pour ainsi anticiper le projet de démembrement de l’Irak. Israël soutient l’idée de la séparation des Kurdes. Les États-Unis, eux, soutiennent manifestement le démembrement de l’Irak en trois ou cinq régions, selon ethnies et confessions. Ce qui conduira l’Irak droit vers l’abyme de guerre et d’instabilité », a averti le député irakien.

« Certains hommes politiques kurdes pensent toujours à la séparation, mais il y en a beaucoup d’autres qui s’y opposent, croyant qu’il ne faut pas exploiter la situation actuelle pour réaliser ce dessein. Il est vrai que toute séparation des Kurdes aurait des impacts destructeurs aussi bien pour ces derniers que pour l’Irak entier et engendrerait la violence. N’oublions pas que la Turquie vient de s’emparer du nord-est de la Syrie et qu’elle attend un Kurdistan irakien instable pour passer à l’offensive », a aussi prévu Hanin Qado.

Pour un autre analyste politique irakien, Abdul Amir al-Majar, « les États-Unis cherchent le démembrement de l’Irak, de la Syrie et du Yémen, mais cela ne se produira jamais, car ce plan n’est pas conforme aux réalités sur le terrain : excepté les Kurdes, les Irakiens sunnites et chiites ne sont pas prêts au démembrement. Il est vrai que certains Kurdes souhaitent se séparer de l’Irak, mais il n’y a rien qui puisse les aider à réaliser ce souhait ». L’ex-député kurde irakien, Jassem Mohamad Jafar a dénoncé les propos de Barzani y voyant surtout un effort destiné à pêcher en eaux troubles : « Barzani veut faire un retour sur la scène politique après son cuisant revers à l’occasion du référendum sur l’indépendance. Mais comme toujours il s’en fout des intérêts des Kurdes. Alors que la Turquie est aux aguets, est-il vraiment souhaitable de soutenir les troubles sécuritaires à Bagdad ou au sud de l’Irak. Sarkout Shamsedin, député du courant al-Mustaqbal de Kurdistan a rejeté les propos de Barzani qui ne reflète ni le point de vue d’Erbil ni celui des Kurdes ». Ce que les Kurdes veulent, « c’est le respect des droits et de la loi » alors que Barzani, lui ne cherche que les intérêts de son parti. 

Alors, les troubles en Irak, nouvel acte du scénario US/Israël pour provoquer le démembrement ? Après tout la Turquie poursuit ses frappes au nord de l’Irak, et attend patiemment son heure, mais un scénario à la syrienne en Irak est-il possible ? Les Américains et les Israéliens sont bien crédules s’ils croient pouvoir réussir par le biais de ce genre de manœuvres de déstabilisation, ce qu’ils n’ont pas pu réussir ni par Daech ni par l’invasion du territoire irakien. Ce mardi, une opération militaire d’envergure impliquant les forces des Hachd al-Chaabi et la garde nationale irakienne a été lancée sur une vaste zone étendue entre le point de passage de Qaem et celui d’al-Walid, soit la localité par où transitent dans les deux sens et depuis trois semaines les forces américaines. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV