À en croire Donald Trump, le chef présumé de l’organisation terroriste la plus dangereuse au monde (Daech) vivait donc en plein cœur de la province d’Idlib quand il a été tué, "gémissant et pleurnichant". Or, cette province est sous la protection de l’OTAN et des pays occidentaux. Le gourou ne se trouvait donc ni en Syrie orientale, et encore moins dans les zones syriennes sous contrôle de l'État, mais il était bien à l'abri chez les Casques blancs qu’Hollywood et l’ensemble des médias mainstream ont encensé jusqu’à leur décerner le prix Nobel. De plus, "le terroriste le plus recherché d’Irak" vivait pratiquement sous le nez de l'armée turque, ce qui suffit à démonter la version triomphalisme qu'a avancée le président américain lors de son allocution.
Toujours dans ce même discours, Trump a évoqué une aide russe, notamment pour le survol de la région, alors que la zone visée par le raid US n’est pas couverte par l'ombrelle de défense aérospatiale russe en Syrie, mais est couverte par les systèmes de la défense anti-aérienne turque et donc celle de l’OTAN. Quant aux remerciements à l’Irak, le président US agace plutôt, puisqu'à l'heure qu'il est, Bagdad se soucie surtout de l'afflux des terroristes daechistes, favorisé par le Pentagone, vers l'Irak.
Pour le reste, ce n'est pas la première fois que les USA annoncent la mort du chef de Daech. Mais jamais la version avancée n'était aussi incongrue. Dans un commentaire publié le 27 octobre sur le site de Sputnik, l’analyste iranien, Emad Abchenasse procède à examiner ces incongruités :
« Alors que les forces irakiennes et leurs alliés avançaient vers les régions occupées par Daech et que les forces syriennes et leurs alliés tentaient d’exterminer les éléments du groupe terroriste, de l’autre côté de la frontière, de nombreux rapports témoignent du fait que les Américains déplaçaient par hélicoptère les terroristes de Daech, notamment leurs hauts commandants vers des zones sûres. »
« Certains pensaient que les terroristes avaient été transportés en Afghanistan, d'autres croyaient que les Américains les avaient déployés dans des bases américaines en Syrie comme à al-Tanf ou à Aïn al-Assad ou encore en Jordanie ou en Turquie », selon cet analyste qui ajoute : « Aujourd'hui, on peut dire que les deux hypothèses étaient vraies. »
Selon Sputnik, alors que tout le monde se battait pour empêcher les daechistes d'atteindre Bagdad, aujourd'hui, on remarque qu’ils sont bien entrés en Irak, et ce, avec l’aide des États-Unis.
L’auteur fait allusion à la présence d’Abou Bakr al-Baghdadi à Idlib et à des implications éventuelles des États-Unis, des Kurdes ou des Turcs dans son transfert vers cette région qui était auparavant sous le contrôle des Kurdes soutenus par Washington. Il écrit à ce propos :
« Si Abou Bakr al-Baghdadi était à Idlib, il a dû certainement traverser la Turquie ou alors il y a été transféré par hélicoptère, car il n’y avait pas d’autre moyen d’aller de Raqqa à Idlib. Les routes terrestres étaient contrôlées par l’armée syrienne. Donc, il n’est pas improbable que le chef de Daech ait été transféré du nord de la Syrie où sont basés les Kurdes ; cette région ayant été jusqu’à peu sous un protectorat américain. »
« On peut également dire que la ceinture de sécurité que la Turquie veut établir dans le nord de la Syrie peut relier les deux régions d'Idlib en Syrie à Mossoul et à al-Anbar en Irak, facilitant ainsi les déplacements des terroristes de Daech », conclut l’analyste.