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A quoi rime l'ultimatum lancé par Hariri à ses ministres ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des pneus brûlent lors de manifestations contre le pouvoir à Beyrouth, le 18 octobre 2019/Le Figaro

Au bout de 48 heures de manifestations anti-gouvernementales, le PM Hariri que certaines sources donnaient déjà pour "démissionnaire", est apparu sur les écrans pour lancer un ultimatum de 72 heures aux fractions qui composent son gouvernement. Il leur demande de soutenir ses réformes économiques. « Pendant des années, des efforts ont été déployés pour résoudre la crise au Liban, mais des problèmes imposés au pays de l'"extérieur" vont au-delà de ma volonté », a-t-il dit.

Pour les observateurs politiques qui suivent depuis 48 heures la colère de ces milliers de Libanais, doubles victimes de la détérioration de la situation économique et de la hausse des taxes, l'attitude et les propos du PM ont quelque chose d'étranger. D'habitude, un PM contesté, défend son bilan, mais aussi son équipe et ne lance l'ultimatum qu' à soi-même. Au Liban, Saad Harir accuse "l'Etranger " et met en garde ses propres ministres. On se rappelle en effet la sortie très haute en  couleur aux Émirats arabes unis du chef gouvernement libanais, quand ce dernier, en échange d'une substantielle promesse d'aide a lancé : " « Le Hezbollah doit être mis en cause en tant que composante d’un système régional, mais pas en tant que parti libanais. ». La décision d'augmenter les taxes et de faire payer aux Libanais, les retombées de la politique US/monarchie arabe, s'inscrit-elle dans le cadre d'un scénario visant à provoquer la chute du gouvernement et des élections anticipées?  

Un gouvernement qui rappelons-le, compte pour la première fois en son sein des ministres issus de la Résistance? Possible. Surtout que la semaine dernière, le MAE libanais a eu le courage de plaider la cause du rétablissement des liens avec la Syrie et est allé même jusqu'à qualifier la Syrie de "poumon du Liban". Pour les États-Unis et leurs alliés israélien et arabe qui ont mené sept ans de guerre sans merci pour que le Liban et la Syrie ne se rapprochent pas, ces propos méritent le pire châtiment. 

  Aux Émirats, le PM Hariri a tenu en effet  à souligner que son  gouvernement  avait pris la décision de "se distancier des conflits extérieurs" et de "ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des pays arabes". Et bien une normalisation syro-libanaise, et partant une consécration de plus de 7 ans de sacrifice militaire du Hezbollah en Syrie n'est pas la chose que tolérerait l'axe US/Israël, toujours inquiet de voir l'émergence d'un Liban maître de ses richesses pétro-gaziers, et doté d'une armée puissante et des frontières terrestres aériennes et maritimes que Tel-Aviv ne saurait  violer quand bon lui semble. C'est important dans le contexte où tout porte à croire qu'Israël a définitivement perdu son jeu en Syrie et que le Liban reste à ses yeux le seul "front aérien" au nord pour en découdre avec l'axe de la Résistance. 

Pour le reste, les événements de ces 48 dernières heures présentent de nette similitude avec ce qui s'est passés la première semaine d'octobre en Irak: sur fond d'appels suspects des courants politiques bien connus à al démission du gouvernement, des éléments armés ont surgi au milieux des manifestants et tiré en direction de la foule. 

À Tripoli, le convoi des gardes du corps d'un ex-députée  Mosbah Adhab ont tiré pour disperser un groupe de manifestants en colère: deux des manifestants auraient été tués et 7 autres blessés. La vidéo sur cet incident n'a pas tardé à faire le tour des réseaux sociaux, visiblement pour enflammer davantage les esprits. Puis dans la soirée du vendredi, des affrontements ont éclaté à Beyrouth. La police a tiré des gaz lacrymogènes alors que des "fauteurs de troubles" ont attaqué des banques. "Le matériel de chantier incendié, panneaux publicitaires brisés, poteaux arrachés et des colonnes de fumée noire s’élevaient presque sans discontinuer depuis quarante-huit heures dans le ciel de la capitale libanaise. 

Pour les analystes politiques, la dernière décision fiscale prise par Hariri n'aurait jamais dû être prise si ce n’était la pression exercée par les bailleurs de fond arabes et occidentaux. Au fait, C’est l’annonce, jeudi, par le gouvernement libanais de l’instauration d’une taxe sur les appels WhatsApp qui a mis le feu aux poudres, bien que le ministre libanais des Télécommunications, Mohamed Choucair, soit revenu, jeudi soir, sur la décision et annoncé la suppression de cette taxe sur les appels via les applications de messagerie Internet. La presse occidentale se plait d'attribuer au Liban le qualificatif " l'un des pays les plus endettés au monde" sans souligner que ce sont les réformes libérales imposées par les bailleurs de fond qui en sont la principale cause. Elle ne dit pas non plus  comment plus de 7 ans de guerre en Syrie et l'afflux des milliers de réfugiés syriens au Liban ont aussi impacté son économie ni à quel point la chute éventuelle du gouvernement risque d'empirer les choses. Pour l'heure, le scénario US/Israël n'en est qu'à son premier acte au Liban.   

 

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV