Depuis que la Russie a déployé fin septembre ses batteries de missiles aériennes aux côtés des drones et jets iraniens et ce, dans le cadre d'un exercice aérien surprise, non loin du point de passage Abou Kamal-Qaem, les tensions entre Moscou et Tel-Aviv ne cessent d'aller croissant. Au fait ces exercices militaires, une première du genre à avoir impliqué l'Iran et la Russie hors de leurs frontières, ont eu lieu dans un contexte aérien marqué par de multiples incidents israélo-russes : les sources d'information rapportant régulièrement des informations selon lesquelles l'aviation russe empêcherait des raids aériens contre des objectifs en Syrie. De toute évidence, il est loin le temps où le président Poutine accueillait Netanyahu au Kremlin lui remettant les restes d'un soldat israélien, en l’occurrence le dénommé Baumel, tués en Syrie et ce, dans l'objectif de lui booster ses chances électorales.
Le site web du quotidien israélien The Times of Israel a abordé dans un rapport un nouveau sujet de litige qui apparaît entre Moscou et Tel-Aviv à la suite du refus de Moscou de libérer Naama Issachar, une Israélienne détenue par les forces de sécurité russes.
Naama Issachar, 26 ans, a été condamnée vendredi 13 octobre à 7 ans et demi de prison pour trafic de drogue. Elle a été arrêtée il y a six mois après la découverte de 10 grammes de marijuana dans sa valise lors d'une escale à Moscou, alors qu'elle se rendait en Israël, selon la version israélienne. "Elle revenait d'un voyage en Inde. Des chiens de la police ont reniflé des drogues alors que le personnel de l'aéroport avait transféré sa valise sur son vol de correspondance à destination de Tel-Aviv", affirme le journal qui lie aussi cette affaire à une autre, impliquant un ressortissant russe : "Issachar semble être aux prises avec un différend diplomatique alors que la Russie tente de faire libérer Aleksey Burkov, un informaticien recherché aux États-Unis pour piratage".
Selon le journal, ce dernier a été arrêté à l'aéroport Ben Gourion en 2015 à la demande des autorités américaines et est toujours emprisonné en Israël. Burkov est officiellement accusé de fraude, de vol d’identité, de blanchiment d’argent et de piratage informatique de plus de 150 000 cartes de crédit devant le tribunal fédéral de Virginie.
Une prise d'otage anti-russe à la quelle riposte la Russie? les observateurs vont plus loin. En Israël, les autorités déconseillent désormais tout voyage en Russie bien que les russophones représentent une importante partie de la population et que leur poids électorale ne pourrait être ignoré par aucune partie. Les dirigeants israéliens ont multiplié leurs revendications au président russe Vladimir Poutine pour libérer Issachar, devenue un levier de pression pour libérer Burkov, qui sera bientôt extradé aux États-Unis.
« Tant que la Russie cherchera à procéder à un échange de prisonniers, les Israéliens devraient réfléchir à deux fois avant de se rendre dans ce pays », dit le journal citant toujours le responsable précité.
Selon ce journal israélien, "Tel-Aviv entretient des relations très précaires avec Moscou. La Russie est un acteur majeur dans la région, fortement impliquée dans la guerre en Syrie et jouant un rôle important dans le maintien du gouvernement de Bachar Assad. Ce litige diplomatique est malencontreux et survient alors qu’Israël œuvre pour contrer la présence militaire iranienne en Syrie. En Israël, l'opinion publique est d'avis que le procès de Naama Issachar est politique. Les responsables israéliens pensent que Moscou tente de stopper l'extradition du hacker russe aux États-Unis en détenant l'Israélienne et puis de neutraliser les efforts israéliens en Syrie". Selon les observateurs, Israël se venge de la Russie d'avoir opté pour la stratégie de l'axe de la Résistance et rejoint le corridor stratégique reliant l'Iran à la Méditerranée. Ce corridor permettra à la Russie de définir un continuum territorial vers l'Est. Fin septembre, Israël a dénoncé la participation russe aux manoeuvers aériennes conjointes avec l'Iran et la Syrie, y voyant un effort destiné à barricader le ciel syrien sur Israël ce qui est réellement le cas. "Très bizarrement, de très vastes incendies de forêts "spontanés" ont éclaté dans plusieurs régions de la Syrie et au Liban. Les régions où se trouvent les bases militaires russes et syriennes semblent les plus affectées par ces incendies. Un général syrien évoque l’usage de drones incendiaires par un adversaire (Israël) qui dispose d’une capacité en la matière", estiment les observateurs.
