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Face à une Amérique faible, Riyad s’approche de plus en plus de Pékin

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Rapprochement Chine-Arabie saoudite: un feuilleton militaire et économique/Sputnik

Il y a quarante ans, la nation iranienne a chassé les Américains hors de l’Iran. Washington a perdu ainsi l’un des deux piliers de son hégémonie au Moyen-Orient (« Two pillars strategy » de Richard Nixon). Aujourd’hui, la Maison-Blanche craint la perte de l’autre pilier saoudien pour une autre raison tout à fait différente de celle d’il y a quatre décennies :

En premier lieu, les États-Unis devenant de plus en plus faibles, les Saoudiens sont frustrés et ne voient pas d’utilité dans la protection américaine. En second lieu, Washington ne veut plus accorder une protection absolue à Riyad pour garder les Saoudiens à l’abri des conséquences de leurs mauvais actes, et ne peut plus se servir comme avant des Saoudiens pour mener ses politiques contreproductives dans la région.

Une comparaison contre Obma et Trump est, à cet égard, révélatrice. Barack Omaba était le représentant d’une Amérique qui ne définissait plus sa politique régionale en fonction de la protection des intérêts saoudiens. L’accord sur le nucléaire iranien était un bon exemple d’une sorte de divorce entre Washington et Riyad.

De son côté, le président Donald Trump est le représentant d’une Amérique qui veut renouer avec les Saoudiens mais qui en est incapable. Les États-Unis de Donald Trump ont voulu mais n’ont pas pu étouffer l’affaire du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi ni le scandale de la catastrophe humanitaire au Yémen.

Trump a déjà dit à maintes reprises affirmé que si ses alliés saoudiens demandaient un service à la Maison-Blanche, ils en payeraient eux-mêmes leur prix.

Où va l’argent saoudien ?

La Chine est sans doute la candidate privilégiée d’une coopération économique et commerciale renforcée avec l’Arabie saoudite. Certains analystes vont même jusqu’à dire que la présence accrue des Russes et des Chinois dans la région a accéléré le processus du divorce saoudo-américain.

Selon eux, l’Arabie saoudite préfère développer de plus en plus sa coopération économique avec la Chine au lieu de continuer de s’engager comme avant dans une coopération géopolitique avec les États-Unis dont les Saoudiens doivent subir les conséquences.

En mars 2017, après une rencontre avec le roi et le prince héritier d’Arabie saoudite, le président chinois, Xi Jinping avait dit aux journalistes que les acquis chinois étaient « bien au-dessus des attentes ». Il a eu raison, car en février 2019, les deux pays ont signé un accord économique de 28 Mrd USD portant essentiellement sur la construction conjointe d’une raffinerie de pétrole en Chine.

L’Arabie saoudite envisage d’augmenter le volume de ses exportations pétrolières vers l’Empire du Milieu. Cela s’avère d’autant plus important que le volume du pétrole saoudien vendu aux États-Unis baisse régulièrement ; l’or noir étant pendant des décennies l’élément principal de l’alliance saoudo-américaine.

Conclusion :

Certes, ces dernières évolutions ne signifient pas que les États-Unis et le royaume des Saoud mettront bientôt fin à leur alliance géopolitique ou à leur partenariat économique pour se rapprocher de Pékin et ce alors que Riyad a dépendu de Washington des années durant. 

Mais il faut souligner que la Chine (aussi bien que la Russie et l’Inde) se présente comme une alternative économique, voire politique, par rapport aux États-Unis. De ce point de vue, les États-Unis se trouvent face à un dilemme : la tentation est grande pour Trump de demander à ses alliés régionaux de se rallier à lui dans sa guerre économique contre Pékin en limitant leurs échanges avec la Chine. Mais il craint que s’il insiste, ses alliés arabes, même les plus fidèles, finissent par préférer l’étoile montante de la Chine (ou d’autres partenaires) à une puissance américaine qui est visiblement sur son déclin.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV