Lors d’une interview accordée ce dimanche 22 septembre, au journal russe, Moskovski Komsomolets, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou a critiqué les positions interventionnistes des États-Unis dans les affaires intérieures d’autres pays. Il a rappelé à Washington les capacités de l’armée russe censées faire face aux porte-avions américains.
Le ministre russe de la Défense a insisté sur l’indépendance de Moscou de s’équiper des porte-avions. Il n’a pas manqué de lancer un sévère mis en garde contre les États-Unis quant à la capacité militaire russe.
« Les États-Unis ont peut-être un budget militaire qui dépasse de loin celui de la Russie, mais cela n’a aucune importance, car l’armée russe est là pour défendre le pays, pas pour attaquer d’autres nations, a déclaré le ministre russe de la Défense.
Le budget militaire de la Russie a augmenté il y a quelques années pour un programme de réarmement massif, mais a été réduit ces dernières années. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a estimé que la Russie était le sixième plus gros investisseur en matière de défense au monde en 2018, derrière les États-Unis, la Chine, l’Arabie saoudite, l’Inde et la France. Pendant ce temps, le Pentagone a été inondé d’argent sous l’administration Trump, minimisant ainsi le budget militaire d’autres nations.
Mais le responsable du ministère de la Défense russe a déclaré que ses compatriotes russes n’avaient aucune raison de s’inquiéter, car leurs roubles contribuables étaient bien dépensés.
«Les États-Unis dépensent des sommes énormes en sous-traitants militaires privés, en porte-avions. Eh bien, la Russie a-t-elle vraiment besoin de cinq à dix groupes de frappe de porte-avions, sachant que nous n'avons pas l'intention d'attaquer qui que ce soit? », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « Nous avons besoin de moyens que nous pourrions utiliser contre les groupes de frappe de porte-avions ennemis si notre pays fera l’objet d’une attaque. Ils sont beaucoup moins coûteux et plus efficaces ».
Il a également reproché à Washington de prendre l'habitude de justifier ses interventions militaires dans le monde par les intérêts des populations des pays qu'il cible.
« Dans quel pays où ils ont lancé une action militaire la démocratie s’est épanouie ? Était-ce l'Irak, l'Afghanistan ou la Syrie?, s’est-il interrogé. Et de réaffirmer : « Et on peut certainement y oublier la souveraineté et l'indépendance après l'intervention américaine. »
Il a ajouté que les États-Unis ne semblaient pas perdre leur appétit pour ruiner d’autres pays, que ce soit par le biais d’une intervention militaire ou par d’autres moyens.
«Nos collègues occidentaux aiment accuser la Russie de mener des « guerres hybrides » ou autres. Eh bien, je dis que c’est l’Occident qui mène une guerre hybride réelle. Les États-Unis sont sur le point de quitter l’Afghanistan à moitié détruits et, en même temps, ils travaillent dur pour faire bouger les choses au Venezuela - tous pour le "triomphe de la démocratie", bien sûr », a-t-il ironisé.
Les États-Unis ont tenté cette année de renverser le gouvernement vénézuélien en soutenant Juan Guaido, qui s'est déclaré président par intérim du pays d'Amérique latine. Sa prétention, cependant, n'a pas été aussi réussie. Ses deux tentatives pour déclencher un soulèvement public à grande échelle et renverser le président Nicolas Maduro ont fait long feu en dépit de la promesse de Washington de lever les sanctions économiques dures contre le Venezuela.