Depuis le samedi 14 septembre, Washington mène le royaume saoudien en bateau : jurant qu'il est un «fiable et puissant allié» prêt à venger l'attaque d'Ansarallah contre Aramco, son président miroite la menace de bombarder les raffineries et les pipelines de l'Iran qu'il accuse d'être à l'origine de l'attaque dans le même temps qu'il dit vouloir attendre les résultats de l'enquête qui devrait conclure au rôle des missiles iraniens dans ce qui est désormais qualifié de l'auteur côté de l'Atlantique de plus dure des attaques jamais enregistrées contre un site pétrolier.
Riyad pourrait-il y croire? Dans son discours du 20 septembre, le secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, a vivement conseillé à l'Arabie saoudite de sortir de ce humiliant rôle dans lequel l'Amérique de Trump l'a confiné à savoir «vache à traire» et à voir ne serait ce qu'une fois la réalité en face : la guerre au Yémen est un projet US/Israël destiné à provoquer l'effondrement du royaume saoudien, voire son démembrement.
Washington se joue de Riyad et s'en fiche totalement de ce qui pourrait lui arriver tant que l'argent saoudien continue à financer les folies de grandeurs US. C'est ainsi que la promesse d'aide et de soutien militaire face au «diable iranien» s'est ainsi transformée, après 5 jours de matraquage médiatique, à l'envoi des «soldats américains en Arabie saoudite». L'envoie de soldat mais aussi la vente de davantage de batteries de missiles Patriot dont la défaillance face aux attaques au drone, a poussé Riyad à aller frapper à la porte des Sud-coréens.
Dans la foulée, le secrétaire à la Défense américain a annoncé, lors d’un point de presse, vendredi 20 septembre au soir, que son pays apporterait «plus d’aides militaires» à l’Arabie saoudite, en soulignant que «Nous défendons nos intérêts dans la région et la Communauté mondiale doit soutenir l’économie mondiale.»
Pas un mot d'un éventuel conflit militaire à venir, ni de ce plan évoqué vendredi par Trump qui assurait Riyad des capacités des États-Unis à «frapper 15 sites pétroliers iraniens» en l'espace de quelques heures!
Pour plus de détails: Attaques contre Aramco : le plan militaire des USA
Prétendant que l’Iran fournirait des armes aux Yéménites, ce qui après tout n'est pas une anomalie alors que le Yémen s'écroule sous les bombes depuis cinq ans , Mark Esper a fait savoir que «Trump a accepté l’expédition de troupes américaines dans la zone, avec comme mission de défendre l’Arabie saoudite. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour aider l’Arabie saoudite à se défendre. Nous soutenons nos partenaires dans le Golfe [Persique, NDLR] et nous avons, si nécessaire, des options militaires.»
C'est ce «si nécessaire» qui devrait bien alerter Saoudiens et Émiratis, qui commettent sans cesse l'erreur de vouloir faire leur sécurité non pas avec les pays avec qui ils partagent, peu ou prou, un destin commun mais avec leurs «vrai faux amis». Quelques heures avant les déclarations du secrétaire à la Défense américain, le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, avait rappelé que Trump cherchait une nouvelle fois à traire l’Arabie saoudite.
« Nous sommes témoins d’une nouvelle façon de traire les Arabes. Donald Trump dit, sans cesse, que s’il décidait d’aider l’Arabie saoudite et les Arabes, ils devraient le payer avant. La seule solution qui mettrait fin à cette situation, c’est l’arrêt de la guerre injuste contre le Yémen et de négocier avec les Yéménites», a noté Nasrallah.
Et Nasrallah ne croit pas si bien dire : «Cela fait quelque temps que l'Armée de l'air américaine a perdu sa suprématie dans la région du Moyen-Orient où elle faisait avant la guerre contre la Syrie pluie et beau temps. La frappe spectaculaire du 14 mai, étonnamment ingénieuse, a mis sens dessous dessus le mythe de suprématie aérienne des Américains et surtout celui d'un système de défense antimissile US imbattable. Les États-Unis n'iraient pas s'impliquer dans une confrontation militaire face à l'Iran pour venger Aramco pas plus qu'ils ne l'ont pas fait pour venger leur RQ-4 ou le pétrolier britannique Stena Impero. Washington, qui accuse gratuitement l'Iran dans cette affaire, ne le fait que pour tirer davantage d'argent des caisses des pétromonarchies. Pour une fois, Riyad devra suivre le conseil de Nasrallah sinon..., constate l’éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan.