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Aramco frappée: de nouvelles révélations d'Ansarallah

La fumée s'échappe d'une installation pétrolière d'Aramco à Buqayq, à l’est de l'Arabie saoudite, le 14 septembre 2019. ©AFP

L'Arabie saoudite accuse désormais l'Iran d'avoir attaqué les deux raffineries d'Ach-Charqiya. Interrogé par RFI qui ne passe pourtant pas pour un média "pro-iranien", le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française auprès de l'ONU et spécialiste des questions de défense dit ne pas croire à ce qu'Aramco puisse avoir été attaqué depuis le sol iranien : « Ce qui est plausible, c’est que la technologie vienne d’Iran. Que les missiles viennent eux-mêmes d’Iran est un autre sujet sur lequel il faut prendre des précautions. Avec la zone maritime entre l’Arabie saoudite et l’Iran, des vols en très basse altitude sont possibles, mais il y a aussi beaucoup de systèmes de détection américains en place. Donc technologie iranienne, probablement, mais lancée à partir de l’Iran... cela reste soumis à caution. » 

Les doutes formulés par le général français sont largement fondé quand l'observateur compare le point de presse du porte-parole de la "coalition anti-Yémen, Turki al-Maliki avec celui qu'a tendu avec quelques heures d'écart, le général Yahya Saree, porte parole des forces yéménites. Autant le Saoudien s'est montré hésitant, et vague sur l'origine des soi-disant missiles tirés, autant le Yéménite a mis en avant des arguments solides. Sauf qu'à reconnaître le bien fondé des propos du général Saree, l'Empire risque de s'avouer publiquement vaincu. Comme l'a affirmé le porte-parole des forces yéménites, Riyad et Washington ne veulent pas se rendre à l'évidence : Riyad est un géant au pied d'argile qui après le 14 septembre, revient brusquement sur terre. 

Lors d’une conférence de presse mercredi à Sanaa, le porte-parole des forces armées yéménites, le général de brigade Yahya Saree, s’est penché sur les attaques contre deux sites pétroliers stratégiques en Arabie saoudite en affirmant que « le Yémen n'hésitera pas à riposter aux agressions de la coalition dirigée par Riyad et qu' "il se réserve le droit de viser d'autres sites vitaux au cœur des territoires ennemis ».

« Grâce à Dieu tout puissant, nos forces armées ont atteint un haut niveau en matière de défense. L'incendie à Aramco a duré plusieurs heures et a été difficilement maîtrisé. Est-il donc raisonnable de dire que les dommages étaient restreints, comme le prétendent les États-Unis et l'Arabie saoudite? Les images diffusées par les États-Unis sont fausses car les dégâts sont bien plus importants que ceux que les États-Unis ont montrés. Les États-Unis ont tenté de diffuser de fausses images afin de minimiser les dommages infligées à Aramco », a-t-il dit. 

Dans une autre partie de ces propos, le général Saree a affirmé que « nos forces ont atteint un haut niveau d'efficacité particulièrement large. Elles peuvent fabriquer divers types de drones en un temps record. Cette opération contre l’installation pétrolière Buqayq, étant la phase 2 des nos opérations de dissuasion, est un parfait exemple des performances des forces armées yéménites en termes de planification et de mise en œuvre et surtout de travail de renseignement ».

« Nous assurons au monde que la nation yéménite, libre et déterminée, ne manquera pas de réagir à la coalition (dirigée par les Saoudiens). Elle se réserve le droit de se défendre car c'est son droit légitime », a-t-il ajouté. 

Nouvelles révélations sur l'attaque contre Aramco

En allusion aux différents types de drones de combat utilisés lors de la deuxième phase des opérations contre les raffineries saoudiennes, il a déclaré: « Les engins ont été pilotés à partir de trois emplacements différents en fonction de leur endurance de vol et de leurs cibles. Nos forces sont capables de fabriquer la plupart des drones qu’elles utilisent. L’opération du 14 septembre a succédé en effet à un vaste de travail de renseignement.  Plusieurs types de drone ont pris part à l’opération du 14 septembre. Je révèle aujourd’hui pour la première fois quelques-uns d’entre eux. Il s’agit de drones avec des moteurs à réaction mais aussi des drones à moteur ordinaire. Ils ont opéré à partir de trois bases différentes. Ce sont des engins capables d’attaquer une cible dans plusieurs directions et de transporter chacun, 4 missiles de haute précision. Les drones à moteur à réaction ont décollé à partir du 3e base tandis que les drones Samad-3 dont la portée varie entre 1500 à 1700 km sont partis en mission depuis la seconde base », a-t-il expliqué. 

Et de poursuivre: « Des leurres ont été utilisés dans l'opération du 14 septembre. En effet, nous avons envoyé des drones non-armés pour distraire la DCA de l’ennemi et celle-ci s’est effectivement trompée en les prenant pour des drones à abattre. Il est vrai que l’opération a demandé des préparatifs au plus haut niveau. »

Selon le porte-parole des forces armées yéménites, l’Arabie saoudite et les États-Unis ont tenté depuis d’amoindrir les capacités de combat des forces yéménites et de renier la réalité.

« L’ennemi cherche à minimiser cette opération spectaculaire et ses résultats, mais chaque jour qui passe, il est amené à avouer son ampleur et à reconnaître les préjudices causés à son économie et son image », a-t-il réitéré. Et de conclure: « Il existe des dizaines de centres aux Émirats arabes unis et nous sommes en mesures de les attaquer. Nous appelons les Émiratis à se retirer du Yémen pour se protéger. »

Au fait, le porte-parole du ministère saoudien de la Défense, le colonel Turki al-Maliki, a prétendu presque simultanément que les frappes de drones avaient été menées depuis le Nord du golfe Persique. « Les enquêtes se poursuivent et Riyad communiquera ses résultats à ses partenaires », a-t-il promis ajoutant que Riyad localiserait bientôt le lieu exact à partir duquel les missiles et les drones aurait été tirés. Or cette promesse n'a pas convaincu. Un ancien responsable du Pentagone et analyste militaire, a qualifié d’infondées les accusations formulées mercredi soir par l’Arabie saoudite. Michael Maloof a reconnu que les Saoudiens n'avaient encore fourni aucune preuve plausible, lui dont les travaux ont pourtant justifié l'invasion irakienne de 2003.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV