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Ankara fustige le voyage en Chypre hellénophone du chef de la diplomatie saoudienne

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président chypriote Nicos Anastasiades à droite, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, Ibrahim Ben Abdelaziz al-Assaf, discutent lors de leur entretien au palais présidentiel de la capitale chypriote Nicosie, le 11 septembre 2019. ©AP

Le vice-président turc du parti AKP, au pouvoir en Turquie, a affirmé que son pays voyait d’un mauvais œil le voyage du ministre saoudien des Affaires étrangères en Chypre du Sud, à majorité grecque.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Ibrahim Abdulaziz al-Assaf, a rendu visite à l’administration grecque du sud de Chypre et a rencontré son homologue Nikos Christodoulides.

« Ce n’est pas une visite qui peut être négligée en disant que l’Arabie saoudite est un pays indépendant et peut donc avoir des contacts avec tous les pays de son choix et établir toutes les relations de son choix. Les positions spécifiques des deux pays et les déclarations faites au cours de ce déplacement montrent clairement que cette visite vise directement la Turquie et a pour ambition d’envoyer un message à la Turquie », a déclaré Yasin Aktay, vice-président du parti en pouvoir en Turquie, avant d’ajouter :

« Les relations de la Turquie avec l’administration grecque du sud de Chypre sont de notoriété publique. La Turquie défend les droits de la partie turque en tant que pays garant. Pourtant, la partie grecque, avec un pouvoir illimité et le soutien de l’UE, agit comme elle le fait sur l’île et partage les ressources souterraines de l’est de la Méditerranée avec qui elle veut, principalement avec Israël, et ce selon son bon vouloir.

Ceux qui encouragent et favorisent ça, on les voit bien. La Turquie se bat pour les droits dans ce domaine après tout ; elle ne lorgne pas la terre ou les droits des autres. La zone économique exclusive de Chypre appartient à l’ensemble de l’île et l’administration grecque ne peut ignorer la République turque de Chypre-Nord et traite la région comme étant sa propriété exclusive.

L’Arabie saoudite se joint maintenant à ceux qui confèrent une légitimité à l’administration chypriote grecque avec cette visite et avec un comportement aussi audacieux ; ce qui est assez étrange, car cette question ne regarde en rien l’Arabie saoudite. Riyad ne peut causer aucun préjudice à la Turquie ni apporter un quelconque avantage à l’administration chypriote grecque. Cependant, il est évident que la préoccupation ici est de préciser dans quel camp se rangent les Saoudiens. Pourtant, ils ont plus à perdre qu’à gagner dans cette affaire. »

Le moment choisi pour la visite d’al-Assaf, le 1er ministre saoudien des Affaires étrangères à se rendre dans le sud de Chypre, est évidemment très révélateur en ce qui concerne ces relations. Dans le même temps, l’ambassadeur d’Arabie saoudite en Chypre du Sud, Khalid ben Mohammed al-Sharif, a présenté ses lettres de créance la semaine dernière au président Nikos Anastasiadis.

Lors de la rencontre avec le président chypriote, le ministre a déclaré : « Nous soutenons le sud de Chypre, l’un de nos principaux alliés, contre les opérations illégales menées par la Turquie en Méditerranée. Nous allons augmenter notre coopération militaire. » 

Yasin Aktay a vivement regretté la dérive saoudienne : « L’Arabie saoudite dirige actuellement l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ; elle succède à la Turquie. Bien sûr, cette présidence et le fait qu’elle soit la gardienne des deux villes saintes exigent qu’elle soit plus sensible aux problèmes du monde musulman. Malheureusement, l’administration saoudienne, qui n’a aucune idée des problèmes du monde musulman et ne fait aucun effort pour les résoudre, ne fait en réalité rien d’autre que de complexifier les choses dans le monde musulman. »

Commentant la nature des relations actuelles entre la Turquie et l’Arabie saoudite, Aktay a déclaré : « Ankara n’a pris aucune mesure à l’encontre de l’Arabie saoudite. La Turquie a toujours respecté la souveraineté de l’Arabie saoudite. Cependant, un problème s’est posé entre nous et Riyad à propos du cas de Djamal Khashoggi, journaliste et critique saoudien ; ce qui n’est chose secrète pour personne. Et il faut rappeler que la position turque n’est pas dirigée contre l’Arabie saoudite ; il s’agit simplement d’une défense de la justice et de la procédure judiciaire qui s’impose en de telles circonstances. Quoi qu’il en soit, le meurtre a eu lieu et le crime a été commis sur le sol turc. Ankara a le droit de demander justice et il ne s’agit ni d’une agression ni d’une hostilité à l’égard de l’Arabie saoudite ».

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Ibrahim al-Assaf, est donc allé à Chypre et il a fait des déclarations favorables à la partie chypriote lors de ce voyage.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV