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Manifs anti-US à al-Anbar: Irak veut ses propres batteries antimissiles russes ou iraniennes

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le système de défense antiaérien iranien Bavar 373. ©Reuters

En se servant d'Israël à titre de bouclier pour cacher ses frappes contre les bases appartenant aux forces armées irakiennes, les États-Unis visaient un double objectif: affaiblir la Résistance irakienne au plus fort des efforts de guerre US censés ranimer Daech d'une part et donner à Israël, entité géo politiquement condamnée, le poids et la puissance qu'il n'a pas.

Or, force est de constater que l'Amérique a bien raté son coup: depuis le jeudi 22 août, date à laquelle le numéro deux des Hachd al-Chaabi, le commandant Abou Mahdi Mohandes, a publié un communiqué où il affirme avoir sous l’œil le moindre agissement militaire US et annonce riposter sans aucune forme de procès à toute nouvelle tentative de frappe anti-Hachd, les revers des États-Unis se multiplient: un drone américain a été abattu vendredi.

Le chargé d'affaire US, convoqué, et des fractions entières au Parlement réclament la révision du pacte stratégique signé avec Washington et ceci, sans compter que les efforts de ces derniers mois des Américains entrepris par la Jordanie interposée pour une "normalisation irako-israélienne" sont désormais partis en fumée. L'Irak affirme qu'il est prêt à entrer en guerre contre Israël si les informations sur l'implication de Tel-Aviv dans les frappes anti-Résistance s'avéreraient vraies. 

Dernière déveine américaine en date: l’Irak dit avoir besoin des systèmes de défense antiaériens pour protéger son ciel, selon un diplomate irakien qui reprend une idée largement répandue ces 48 heures en réaction aux quatre frappes visant les bases militaires appartenant aux Hachd al-Chaabi.

Evidemment, ce n'est pas une bonne nouvelle quand on sait que le ciel irakien est placé depuis 2003 sous contrôle US, que ce soit via des radars largement déployés à travers tout le territoire irakien ou encore par l'entremise des satellites de surveillance qui scrutent continuellement le pays. Or, le glas de cette omnipotence semble avoir été sonné. 

Abbas al-Issawi, un haut responsable de l'Alliance de la sagesse nationale, a déclaré, vendredi 23 août, dans un communiqué, que l’Irak devrait protéger son espace aérien: « Que ce soit les Américains ou les Israéliens qui ont attaqué les dépôts d’armements des Hachd al-Chaabi, nous avons besoin d’un système de défense antiaérien pour protéger notre ciel face à toute agression. »

Même son de cloche coté Sadr, le mouvement étant surtout connu pour sa guerre anti-occupation US de 2003 à 2010: Fadel al-Fatlawi, un membre du bloc parlementaire du mouvement sadriste (Moqtada Sadr), a plaidé lui aussi pour que l’Irak acquière des systèmes de défense antiaériens, auprès de l’Iran ou de la Russie. 

« Les Américains n’ont fait que détruire l’Irak. C’est pourquoi les militaires américains devront quitter le sol irakien », a-t-il affirmé. Le diplomate irakien a ainsi appelé le gouvernement et le ministère de la Défense à s’entretenir avec l’Iran et la Russie pour acheter des systèmes de défense antiaériens qui pourraient protéger le ciel de l’Irak.

Chose inattendue, vendredi, le cœur du sunnisme irakien a été le théâtre de vastes manifestations pro-Hachd: À Ramadi, chef lieu d'al-Anbar, des centaines d'Irakiens ont condamné au cri mort à l'Amérique les frappes contre les bases des Hachd ces dernières semaines. « Les habitants d'al-Anbar condamnent les frappes anti-Hachd d'Israël et des États-Unis », lisait-on sur des banderoles brandies par les manifestants. Le président du conseil des tribus d'al-Anbar, Cheikh Rafeh al-Fahsaoui, occupait la tête du cortège: « Les tribus sunnites se battront au besoin aux côtes des Hachd contre les agresseurs », a -t-il lancé.

« C'est plutôt un échec à la fois pour l'Amérique et pour Israël qui ont tout misé sur les sunnites d'al-Anbar pour déclencher à coup de dollars et de concessions un processus de normalisation un peu à l'image du Kurdistan irakien. Ce genre de manifestation marque une réalité: l'émergence d'une option souverainiste en Irak qui balaiera sur son chemin les troupes US implantées en Irak », affirme un expert qui renvoie aux récents propos de l’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki lequel a souligné, vendredi 23 août, que l’Irak devrait réagir de manière foudroyante aux agressions israéliennes au cas où l’implication de Tel-Aviv serait prouvée.

« Ainsi un front irakien contre Israël vient de s'ouvrir officiellement et le régime sioniste ne peut désormais se plaindre d'une riposte des Hachd qui pourrait se manifester justement au Golan. Les Israéliens le savent, eux qui sont en état d'alerte maximal sur les frontières avec la Syrie. Cet état d'alerte est si élargi que le régime israélien a abattu son propre avion il y a quelques jours au Golan », ironise l'analyste. 

Sur le terrain, la bataille anti-USA des Hachd al-Chaabi prend donc une forme nouvelle. La Résistance irakienne vient de lancer une nouvelle offensive anti-terroriste à Ninive pour arrêter les éléments de Daech à al-Hadar. Ainsi sa bataille est menée désormais au sol contre les agents takfiristes des Américains, et au ciel, contre les avions et drones agresseurs.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV